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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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avec votre permission,
il faudrait que j’aille aider le frère Guy.
    — Quelle sinistre tâche pour une jeune fille ! »
    Elle haussa les épaules.
    « Ça fait partie de mes devoirs, et j’ai l’habitude des
cadavres. Ma mère préparait les morts de notre village.
    — Vous avez l’estomac moins délicat que moi, Alice.
    — Après la vie que j’ai menée il ne me reste plus
beaucoup de délicatesse, répondit-elle, soudain amère.
    — Ce n’est pas ce que je voulais dire. » Je fis un
geste de protestation. Mon bras frôla alors ma tasse, manquant de la renverser.
Mais la jeune femme, qui avait déjà atteint la table et se tenait en face de
moi, tendit vivement la main, rattrapa la tasse et la remit d’aplomb.
    « Merci. Dieu du ciel ! vous avez le poignet leste.
    — Le frère Guy passe son temps à faire tomber des objets
à l’infirmerie. Et maintenant, monsieur, avec votre permission, il faut que j’y
aille.
    — Bien sûr. Merci de m’avoir parlé de l’économe. Je sais
qu’un commissaire du roi peut sembler intimidant, ajoutai-je en souriant.
    — Non, monsieur. Vous, vous êtes différent. » Elle
fixa sur moi un regard grave, puis se détourna prestement et quitta la pièce.
    **
    Je bus lentement ma potion qui réchauffa peu à peu mes
organes vitaux. La pensée qu’Alice semblait me faire confiance me mettait aussi
du baume au cœur. Si je l’avais rencontrée en d’autres circonstances, si elle n’avait
pas été une simple servante…
    Je réfléchis à ses dernières paroles. En quoi étais-je « différent » ?
Je supposai que ce qu’elle avait vu de Singleton l’avait conduite à penser que
tous les commissaires se comportaient en brutes tyranniques, mais avais-je
perçu autre chose dans ses propos ? Je ne pouvais imaginer qu’elle était
attirée par moi, comme moi je l’étais par elle. Je lui avais révélé, me rendis-je
soudain compte, que Mark m’avait répété tout ce qu’elle lui avait dit. Cela
risquait de miner sa confiance en lui, pensée qui, constatai-je avec émoi, me
causait un frisson de plaisir. Je fis la grimace car l’envie est un péché
mortel. Je me concentrai sur ce qu’elle avait dit à propos du livre de comptes.
C’était là une piste prometteuse.
    Mark revint peu après. Lorsqu’il ouvrit la porte je fus
soulagé de noter que le bruit de scie avait cessé.
    « J’ai signé pour l’emprunt des livres de comptes, monsieur.
Dix-huit grands registres. Les employés de l’économe se sont plaints à l’envi
de la gêne que cela allait leur occasionner dans leur travail.
    — Au diable leur travail ! As-tu fermé à clef notre
chambre ?
    — Oui, monsieur.
    — As-tu remarqué si l’un d’eux avait une couverture
bleue ?
    — Ils sont tous marron.
    — Alors je crois savoir pourquoi le frère Edwig a mené
la vie dure au jeune Athelstan… Il nous avait caché quelque chose. On va s’entretenir
une nouvelle fois avec notre économe… Ça pourrait être important… » Je me
tus car le frère Guy entrait dans la pièce. Il avait le teint blême et les
traits crispés. Il portait sous le bras un tablier taché qu’il jeta dans un
panier dans un coin.
    « Monsieur le commissaire, pourrions-nous avoir un
entretien en privé ?
    — Bien sûr. »
    Je me levai et le suivis. Je craignais qu’il ne m’emmène
auprès du corps du malheureux Whelplay, mais à mon grand soulagement il me
conduisit dehors. Le soleil commençait à se coucher, teintant de rose la
blancheur du jardin d’herbes aromatiques. Le frère Guy avança avec précaution
parmi les plantes jusqu’à ce qu’on atteigne un gros arbuste couvert de neige.
    « Je sais maintenant de quoi est mort le pauvre Simon, et
ce n’est pas parce qu’il était possédé du diable. J’ai moi aussi remarqué qu’il
se tordait en avant et qu’il agitait les mains. Cela n’avait rien à voir avec
vous. Les spasmes sont caractéristiques, ainsi que le changement de voix et les
visions.
    — Caractéristiques de quoi ?
    — De l’empoisonnement par les baies de cet arbuste. »
Il secoua les branches auxquelles s’accrochaient encore quelques feuilles
mortes noircies. « La belladone, la « belle-dame vénéneuse », comme
on l’appelle dans ce pays.
    — Il a été empoisonné ?
    — La belladone possède un parfum léger mais très
particulier. Je le reconnais car cela fait des années que je me sers de cette
plante. Il y en avait dans les

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