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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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d’habitude.
    — Oui. Il y a pas mal d’or derrière ces bilans. Que peut
bien contenir le registre qu’avait saisi Singleton ? Peut-être tout est-il
trop en ordre. Peut-être ces chiffres sont-ils destinés au vérificateur tandis
que l’autre livre montre les vrais. Si l’économe trompe l’Échiquier, il s’agit
là d’un grave délit. » Je refermai mon registre d’un coup sec. « Bon,
allons-y ! Il est temps de rejoindre les saints frères. » Je le fixai
avec gravité. « Et il faudra faire bien attention à ne se servir que dans
le plat commun. »
    Nous traversâmes la cour du cloître pour gagner le réfectoire,
rencontrant des moines qui nous gratifiaient de profonds saluts. Ce faisant, l’un
d’eux perdit l’équilibre et tomba. Le sol ayant été maintenant beaucoup piétiné,
la neige était devenue dure et glissante. Le jet de la fontaine avait gelé en
coulant, une longue pointe de glace sortait du bec comme une stalactite.
    **
    Le dîner fut lugubre. Le frère Jérôme était absent, probablement
enfermé quelque part sur ordre du prieur. L’abbé Fabian monta au pupitre et
annonça solennellement que le novice Whelplay était mort de sa fièvre, déclaration
qui déclencha le long des tables des exclamations horrifiées et des appels à la
clémence de Dieu. Je notai quelques regards venimeux lancés au prieur, notamment
de la part des trois novices, assis ensemble tout au bout de la table. J’entendis
l’un des moines, un gros homme aux yeux tristes et chassieux, maugréer contre
ceux qui n’ont aucune charité, tout en fixant d’un air sombre le prieur
Mortimus, lequel, la mine sévère, dardait droit devant lui un regard dur.
    L’abbé psalmodia une longue prière en latin pour le frère
disparu. Les réponses furent ferventes. Ce soir-là, il resta dîner à la table
des obédienciers où l’on servit un grand cimier de bœuf accompagné de petits
pois. Il y eut quelques faibles tentatives pour entamer une conversation, l’abbé
déclarant qu’il n’avait jamais vu autant de neige en novembre. Le frère Jude, le
pitancier, et le frère Hugh, le petit intendant au visage orné d’un kyste que j’avais
rencontré au chapitre, qui semblaient toujours s’asseoir à côté l’un de l’autre
et discuter ferme, s’opposaient, mais plutôt mollement, sur la question de
savoir si, selon les statuts, la ville était obligée de dégager la neige de la
route menant au monastère. Seul le frère Edwig parlait avec animation des
tuyaux gelant dans les cabinets d’aisances et du coût des réparations lorsqu’ils
éclateraient, dès que le temps se réchaufferait. Bientôt, pensai-je, je vais te
fournir un plus grave sujet d’inquiétude. Surpris par la virulence de mes
sentiments, je me morigénai, car c’est mal de permettre à l’inimitié d’altérer
le jugement qu’on porte sur un suspect.
    Ce soir-là, quelqu’un d’autre était aux prises avec des
émotions encore plus fortes. Le frère Gabriel toucha à peine à son repas. Paraissant
complètement bouleversé par la nouvelle de la mort de Simon, il demeura perdu
dans ses pensées. Je fus donc d’autant plus surpris que, levant soudain la tête,
il jetât sur Mark un regard empli d’un si intense désir, d’une si brûlante
passion que j’en frissonnai. Heureusement, Mark, les yeux sur son assiette, ne
le remarqua pas.
    À mon grand soulagement, on dit enfin les grâces et l’on
sortit tous de la salle l’un derrière l’autre. Le vent avait fraîchi, soulevant
des tourbillons de neige qui nous cinglaient le visage. D’un signe, j’intimai à
Mark l’ordre de rester dans l’embrasure de la porte tandis que les moines
relevaient leur capuchon et s’éloignaient dans la nuit d’un pas vif. « Occupons-nous
de l’économe ! Tu as bien ton épée ? » Il hocha la tête.
    « Bien. Garde ta main sur la poignée pendant que je lui
parle pour lui rappeler notre pouvoir. Bon, où est-il passé ? » Nous
attendîmes quelques instants encore mais le frère Edwig ne sortait pas. Nous
rentrâmes dans la salle à manger. J’entendis le bégaiement de l’économe et nous
le découvrîmes penché au-dessus de la table des moines où était assis le frère
Athelstan, l’air renfrogné. L’économe donnait des coups de doigt dans un
feuillet.
    « Ce solde n’est p-pas c-correct, insistait-il. Vous
avez modifié la facture du houblon. » Il agita un reçu avec colère, puis, nous
ayant aperçu,

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