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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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un secret de la plus haute importance. Désormais, entre nous, la confiance est le mot d’ordre. Personne d’autre ne doit savoir, pas même Hercule.
    — Très bien, répond Edmond de Villefranche avec conviction. Le cardinal peut compter sur ma loyauté et mon silence.
    — Parfait. Maintenant, dis-je, j’aimerais vous reparler d’un sujet épineux. Celui de votre jolie tante, Adélaïde de Gaillusac.

Le cercle de Popilius
    Edmond se raidit. Il pâlit.
    Je reprends.
    — Je sais que vous êtes un homme de parole. Et je ne vous demande pas – au nom des intérêts qui nous lient – de trahir vos engagements, mais de déguiser une affaire. Il ne s’agit plus de séduire par représailles, comme vous le conseilla monsieur, dis-je en désignant don Juan de Tolède, mais afin de duper l’ennemi. Je m’explique. Et je parle sans détour. Vous êtes en effet bel homme et votre oncle n’est plus si jeune. Il semblerait qu’un peu d’aventure puisse tenter Adélaïde de Gaillusac. Pour l’heure, vous n’êtes pas riche. Mais, demain, tout peut changer. Vous avez la faveur du cardinal et vous savez des choses, des choses qu’il vaudrait mieux ne pas savoir… Tout cela, faites-le comprendre à cette charmante enfant, qui, comme la nature, ne demande qu’à donner raison au plus fort. Loin de lui en vouloir pour cette tentative d’assassinat qu’elle mit sur pied dans votre dos, vous lui offrez au contraire, grand et magnanime, votre clémence, et pourquoi pas, en cas de décès subit… celui de son regretté mari… votre main… oui, monsieur, votre main.
    — Vous plaisantez… ?
    — Pas le moins du monde. Que la ruse l’emporte sur l’intrigue. Il ne s’agit que de vendre du vent.
    — Et de faire banqueroute à l’honneur ? demande Edmond, indigné.
    — Allons, monsieur, s’exclame don Juan de Tolède, avec force. À beau jeu, beau retour ! Cette femme n’a pas eu le moindre scrupule quand il lui vint l’idée de vous arracher la vie de ce coup d’estoc payé de sa personne !
    — Bien, je vous écoute, dit Edmond, d’une voix blanche.
    — Tout est clair, dis-je, si l’époux est accusé de trahison, qu’il tombe sur l’échafaud ou qu’il s’éteigne dans un cul de basse-fosse, Adélaïde de Gaillusac pourra dire adieu à toute sa fortune, qui vous reviendrait. Et le coche sera passé, la laissant seule sur la route, seule et désargentée comme un vieux calice. Bref, prenez-la par les sentiments, montrez-lui qu’elle peut encore tout avoir, avant de tout perdre : le bonheur et l’héritage. Pour ce, vous ne lui demandez qu’une chose : la liste des conjurés. Nous avons deux objectifs : empêcher l’attentat et obtenir des noms. Apportez cette liste au cardinal et celui-ci vous fera justice. Revenu triomphant, vous serez libre de faire votre demande en mariage à la femme que vous aimez.
    — Hélas, dit Edmond de Villefranche en baissant les yeux, le rouge au front, je n’en suis plus digne.
    Je l’interroge :
    — Comment cela ?
    L’esprit est prompt, mais la chair est faible
    — Je crois deviner… dit soudain don Juan de Tolède, en observant attentivement le gentilhomme, en voyant soudain ce beau visage s’obscurcir. L’ombre de la nuit le recouvre d’un masque. Pour Amadéor, ces ténèbres sont pleines de révélations, il y voit comme en plein jour, avec des yeux de chat, ce qui échapperait à tout autre.
    Edmond reste la tête basse. Aussi don Juan poursuit :
    — Vous pensez vite, d’Artagnan, vite et bien. Mais je crois que notre chère Adélaïde garde une longueur d’avance. Serait-elle venue, hier au soir, monsieur de Villefranche, frapper à votre porte ?
    Le silence retombe. Edmond doit le briser. Il en a trop dit pour se taire.
    — On ne peut rien vous cacher, répond ce dernier.
    — Et cette porte, vous l’avez ouverte…
    — Le pistolet dans une main, une dague dans l’autre, répond le gentilhomme en redressant la tête.
    — Eh oui, vous êtes sur vos gardes, vous n’avez pas que des amis, reprend Amadéor. Pardonnez-moi cette indiscrétion, mais je vois la scène comme si j’y étais. Il fait nuit noire, Hercule n’est pas rentré et vous, vous ne dormez pas. Qui vient ? À une heure pareille ? Vous êtes prêt à vendre chèrement votre peau, vous tirez le loquet et vous braquez le canon de votre bouche à feu sur le devant de la porte. Mais oh surprise, le visiteur est une visiteuse et cette visiteuse ne vous veut plus aucun mal. Elle

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