Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
d’Artagnan, de la ruse et du courage !
Capededious ! Il ne sera pas dit que ta tête qui a encore tant de choses à raconter se laisse planter en haut d’une pique ! »
Chapitre deux
Quand on cherche, on trouve
D’Artagnan repart en mission. Cette mission est bien évidemment une mission secrète. Nous aurions grand plaisir à le suivre, mais ne pouvons courir deux lièvres à la fois. La tâche qu’il doit accomplir pour le cardinal n’ayant point de lien direct avec notre histoire, mieux vaut abandonner le mousquetaire du roi le temps d’un entracte, nous aurons plus de plaisir encore à le retrouver bientôt auprès de Sa Majesté.
Ce même d’Artagnan, à l’heure de ces événements de 1643 – les situations se font écho par-delà le temps – va retrouver Paris, là encore, le plus anonymement possible. Don Juan de Tolède, lui, s’apprête à ramener l’Alouette à son nid. Toute une aventure l’attend là-bas, comme nous allons prochainement le découvrir. En l’immédiat, écartons-nous de ces héros de roman, et rattrapons un cavalier en fuite.
Philippe de La Veyre… persévère
Ce triomphe tourné en débâcle ! Philippe de La Veyre maudit son sort. Avoir un jeu pareil et tout gâcher à la chute !
Cette jeune Margaux allait lui apporter bonheur et succès… Paix à son âme. Avant de fuir à l’anglaise, Philippe de La Veyre l’a vue tomber, percée au flanc. Il en aurait pleuré de rage et de dépit. D’ailleurs, il avait fini par l’aimer.
Quand il avait levé son canon pour faire feu, ce n’était point pour tirer sur elle, mais sur eux, ses amis.
Oui. Tout cela avait commencé comme une partie de plaisir, une fine tromperie. Mais en singeant le Céladon en faisant appel à ses souvenirs, à son cœur, pour donner vie à son personnage, Philippe de La Veyre ressuscita celui qu’il fut autrefois, avant de glisser.
Il avait fini par la comprendre et l’admirer tout de bon, cette jeune Alouette , volant légère au-dessus des chemins tracés. Il n’avait pas toujours menti. Il se voyait en effet quitter sa vie de garçon, ses mœurs relâchées, ses habituelles débauches traînant leurs vieux habits de fête.
Il voulait gagner les honneurs, rafler la mise et partir avec éclat tenter cette belle aventure : l’Amour.
Mais tout avait basculé. L’inattendu s’en était mêlé.
Ce brigand débusqué… Et qui certainement devait me coucher sur le carreau… puis cet aventurier tombé du ciel, surgissant à point nommé, comme un diable de sa boîte !
Cependant, Philippe de La Veyre refuse de renoncer.
Il est joueur, jusqu’au fond de l’estomac. Il mettra sa bourse sur la table, puis sa chemise… il tentera jusqu’au bout de faire tourner la roue de la Fortune.
Plutôt que de courber l’échine, de s’avouer vaincu, Philippe de La Veyre veut encore y croire. Puissance de l’homme !
Oublions les rues pavées, c’est dans les bas-fonds que je peux espérer la trouver.
Elle doit être jeune, comédienne, aimer l’or plus que tout, ne pas tourner l’œil à la vue du sang, ne croire ni à Dieu ni à l’Autre, elle doit être forte comme un homme !
En pure perte
Ce n’est pourtant pas tous les jours qu’un tel pourvoyeur se hasarde en de si sombres et si périlleuses venelles. Mais les voleurs, tire-laine et coupe-la-bourse l’ont laissé passer au milieu d’eux comme l’un des leurs. Son air lugubre montrait assez bien à quel genre d’épine on allait se frotter. Un homme qui ne craint pas de perdre sa vie pourrait bien prendre la vôtre sans s’émouvoir.
Philippe de La Veyre a traversé les terribles couloirs de la cour des Miracles comme le maître Lucifer, menant grand équipage, visiterait ses appartements. Son regard, pour moitié éteint, pourl’autre brûlant, s’est posé un peu partout. Ce visiteur inquiétant a fait s’arrêter les jeunes gueuses croisant sa route, leur a relevé le menton, a jugé l’étoffe avant de mesurer le fond, fouillant le cœur en sondant les yeux, pour conclure à chaque reprise, d’une voix morne : Ça ne fera pas l’affaire .
C’est en vain qu’il ausculta l’une après l’autre les rues noires de la Mortellerie, des Tourelles, de l’Échelle, s’introduisant toujours plus bas dans ce puits sans fond, là où les lapins-ferrés se gardent bien de s’aventurer.
Il eut beau verser des écus aux malingreux, aux piètres, aux marfauds, aux mercandiers, aux capons, aux ragots et aux ducs
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