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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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décision. Régente en titre depuis la mort de votre père, elle a maintenant pour but de poursuivre sa politique, pour devoir d’honorer sa mémoire. Il ne s’agit plus de paraître mais de régner. On va la juger à ses actes. Elle doit donner le ton, montrer qu’elle ne faiblira pas en tenant le bâton de la justice, qu’elle sera bonne gardienne des lois et sévère applicatrice des sentences en recevant dans sa main si vantée pour sa grâce et sa féminité, les clefs du royaume.
    L’attentat dirigé par Lanteaume, l’échec de sa manœuvre, sa capture, la mort si violente d’un homme public, arrivent à point nommé. L’image du brigand est désormais brisée. Il s’est rendu coupable d’un crime sanglant, ignoble… Les bruits vont bon train, et cette fois ils servent les représentants de l’ordre : Le fameux rebelle ne se contente plus de dévaliser sans excès de violence, il massacre… Parti sur une telle pente, s’il n’avait été vaincu à temps, jusqu’où serait-il allé ? Lassé de cette guerre menée en vain contre les puissants, n’était-il pas résolu à semer la terreur ?
    Sa vaillante défense contre un ennemi supérieur en nombre, ses hauts faits de la veille, la charité qu’il pratiqua dans les campagnes, ces rapines payant le pain aux affamés et non le vin pour ses hommes, tout cela disparaît sous le brouillard que fit naître, ce soir-là, le canon de ses mousquets. Il est allé trop loin.
    Sa mort, son exécution ne sont plus susceptibles d’entraîner la révolte. Tout au contraire, elles vont rassurer les populations inquiètes, remettre les pendules à l’heure.
    Du reste, pour un cercle restreint, celui des partisans de la Cabale, le coup porté a valeur d’exemple. Ces séditieux le savent mieux que quiconque : Lanteaume ne fut que l’arquebuse, d’autres ont chargé la poudre, placé la balle, embrasé la mèche, visé la tête, armé le chien, pressé la détente. Un message leur est envoyé : Avis aux amateurs. J’ai choisi mes amis et j’entends ne pas me laisser impressionner par les traîtres. Aujourd’hui, tombe un brigand d’honneur, demain ce pourrait être l’un d’entre vous .
    Enfin, soyons parfaitement honnêtes, une seconde raison se cache sous la première, un grief personnel s’exprime à travers la voix de la raison d’État, et cette fois, l’occasion aidant, c’est bien le brigand en propre, du moins sa lignée, qui doit être punie. Le père d’Hyppolite de Lanteaume, Geoffroy, s’était autrefois permis de critiquer ouvertement votre mère, de porter préjudice à sa réputation. Sa Majesté pouvait avoir gardé quelques justes rancunes…
     
    Triste héritage que l’enfant reçut à la mort du maître : des ruines, des cendres, de la rancœur, un sentiment d’injustice, l’opprobre, et disons-le, la vengeance d’une femme illustre qu’il n’avait pourtant point humiliée.
    Seul à seul
    Mais revenons au cardinal.
    La pièce va débuter. La jeune Margaux – ou Marie, comme il plaira – attend toujours. Il faut conclure. Rendons la parole à Son Éminence :
    — Je compte bien sur vous pour informer monsieur Mathieu, dit Belles-Manières, de l’offre que je lui fais. Encore une fois, c’est à prendre ou à laisser.
    Le cardinal va voir sa fille.
    — Mademoiselle, je ne puis hélas m’afficher près de vous. Croyez bien que je le regrette et si vous le voulez bien, si vous consentez à me laisser une chance, nous apprendrons peu à peu à nous connaître, à nous connaître et à nous aimer. Le temps fait bien des choses. Mais pour l’heure, du temps, nous en manquons.Je vous laisse aux mains de d’Artagnan et de monsieur Edmond de Villefranche. Le rideau tombé, la pièce applaudie, j’aurai grand plaisir à partager vos impressions.
    Le cardinal nous congédie en nous confiant sa fille, puis il se tourne vers l’aventurier :
    — Monsieur Amadéor, encore deux mots, seul à seul.
    — Je suis à vous, Votre Éminence, et j’allais d’ailleurs vous demander de bien vouloir m’entendre en confession, dit don Juan avec sa fausse désinvolture et sa véritable insolence.
     
    Nous descendons prendre place dans la salle, tandis que la porte se referme derrière nous.

Chapitre trois
    L’autre pièce

Sans retour
    « — Monsieur de Villefranche, dis-je au gentilhomme alors que nous arrivons dans la salle, je vous confie la garde de mademoiselle, veillez sur elle. Je viens vous rejoindre, mais je dois

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