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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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entrer en scène, mes yeux se portent vers une tribune réservée. Cette tribune, c’est bien celle que doit occuper Son Éminence. Comme je vous le disais, Majesté, monsieur de Mazarin ne souhaite pas se dissimuler.
    Une poignée de gardes à ses couleurs tient son poste devant la chaise restée vide.
    Or, un autre garde vient les rejoindre.
    Il donne un ordre. Cet ordre, je ne peux l’entendre, mais je peux en constater les conséquences. L’escorte se replie. Elle s’en va.
    Diable, qu’est-ce que tout cela signifie ? D’un geste, je m’adresse au gentilhomme Edmond de Villefranche, je lui fais comprendre que je dois encore m’absenter. Qu’il reste seul près de la jeune femme. Le devoir m’appelle.

Coup au coeur
    Je vais entreprendre l’un des gardes. Son Éminence vient de partir , me dit-il, nous avons reçu la consigne de vider la place et de regagner notre caserne.
    Voilà une information qui peut éveiller ma suspicion. Encore une fois, un parfum de complot me monte au nez. Je sens l’intrigue envahir les couloirs, le danger imminent.
    — Et le carrosse de Son Éminence, où se rend-t-il ? Est-il bien défendu ?
    — J’ai cru entendre qu’il se dirigeait vers la Bastille, un détachement de quatre cavaliers l’accompagne.
    La Bastille, cela est des plus étranges… quatre cavaliers , c’est peu.
    — Les raisons de ce départ ? Les connaissez-vous ?
    — Non, me répond l’homme en haussant les épaules.
    Je laisse le garde s’en aller, retrouver son cheval. Je reste seul. Pourquoi diable le cardinal dut-il précipitamment quitter le palais, abandonner sa fille, renoncer au plaisir d’assister à la pièce ? Si c’est la Bastille, ce ne peut être que pour Lanteaume. Vient-on de lui transmettre des informations susceptibles de changer ses plans ? Le brigand soumis à la question a-t-il craché le morceau ? Peut-être est-il résolu à le faire, à négocier la remise du document – cette moitié de parchemin complétant la liste des conjurés – contre sa libération… Cela pourtant me surprendrait de la part de ce Lanteaume, mais je ne vois pas d’autre explication, c’est à mon sens la seule qui puisse justifier ce départ à l’anglaise. Cependant, je m’étonne que le cardinal ne m’ait point fait prévenir. Après tout, ne suis-je pas chargé de poursuivre l’enquête ?
    Non, tout cela n’est pas franc.
    Après avoir fait les cent pas dans la cour, je suis pris d’un doute. Reprenons les choses là où nous les laissâmes, me dis-je, en me dirigeant vers l’escalier que nous empruntâmes quelques instants auparavant, afin de retrouver monsieur votre parrain, dans ce bureau que Desdémone mit à sa disposition.
    Là-bas, la salle écoute, les acteurs jouent, mais ici, le long de ces degrés de pierre, le silence s’est installé. Les valets, les laquais, la garde, tout le monde est affairé ailleurs. Avant de poser le pied sur la première marche, je m’arrête soudain. Je me penche. Des traces de sang mal effacées marquent le sol. Je les suis, l’épée hors du fourreau, tout en relevant régulièrement la tête pour faire face à un éventuel assassin qui pourrait être encore sur place, caché derrière une porte, blotti dans l’ombre. Les traces me mènent vers une lourde tenture. Je tire le rideau. Un homme est couché à terre. Consterné, je reconnais le compagnon de don Juan. Fortunio est mort. »

Le captif et sa doublure
    — Fortunio ! s’exclame le roi. Mais c’est affreux… qui l’a tué ? Pourquoi est-il mort ?
    — Pour le moment, je ne suis pas en mesure de vous apporter des réponses, dit d’Artagnan en croisant les mains. Il faut attendre,Majesté, avec patience et sagesse, vous apprendrez bientôt toute la vérité. Oui, je suis consterné, abattu. La mort de ce troubadour, si beau, si jeune, est une vilaine chose à voir.
     
    « Ne pouvant plus rien pour lui, je m’approche donc de la pièce où le cardinal se trouvait encore quand je la quittai. Il n’y a, bien sûr, plus de gardes devant la porte.
    Elle n’est pas fermée à clef, je rentre. Ce que je vois confirme mes doutes, tout en me rassurant, le pire n’est pas arrivé.
    Son Éminence est en bras de chemise, en bas de chausse et pieds nus, ligoté à sa chaise, bâillonné. Un filet de sang coule sur son front, il dut être assommé. Je m’empresse d’aller le délivrer.
    Que s’est-il passé ? Je vous laisse deviner, Sire. »
    — Lanteaume… dit le roi d’une petite

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