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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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tranché. Aux galeries, on attend de voir. Mais pourquoi pas… tout cela, au fond, est amusant. Les gentilshommes reprennent leurs places. Don Juan quitte la scène en reconduisant Hercule, mais avant de partir, il salue de la main. Ce salut n’est pour personne d’autre que Desdémone qui sourit dans sa loge, je le vois de ma place.
    Tout est revenu dans l’ordre. Les amuseurs vont pouvoir commencer leur spectacle, détendre l’atmosphère, encore chaude et étouffante, comme une journée d’été sous un ciel d’orage. Hercule gagne les coulisses, il va recevoir à la débottée quelques instructions élémentaires sur la mise en scène, évidemment bouleversée, le temps que les farceurs divertissent les auditeurs.
    Edmond de Villefranche ne sait s’il doit féliciter cet inconnu audacieux pour son intervention, ou s’en offusquer.
    — Espérons que la suite des événements vous donnera raison, dit-il au don Juan.
    — C’est un risque à prendre, répond-il.
    — Peut-être. Vous semblez joueur, je le suis moins.
    — Allons, monsieur, ne me jugez pas trop vite, si ce jeune homme passe l’épreuve du feu, tout le mérite lui reviendra. Il est à l’âge où il faut tout oser. Or, oser, c’est déjà triompher.
    D’Artagnan retrouve Bastoche à l’écart. L’Alouette s’est enfuie à travers bois
    Je ne peux entendre la suite de la conversation. Car je viens de voir Bastoche. Je lui fais discrètement signe de me retrouver à la buvette, où l’on peut encore acheter des macarons, des biscuits, boire une limonade. Nous engageons la conversation, j’engage le premier la parole.
    — Alors, qu’est devenue notre jolie frondeuse ?
    — Un gentilhomme vint la rejoindre, aussitôt après qu’elle eut passé l’enseigne de la taverne. Le propriétaire de cette épée que la belle emprunta pour affronter par les armes ce don Juan de Tolède, comme vous me dites qu’il se fait nommer…
    — Eh bien, que voulait-il ?
    — Lui déclarer sa flamme.
    — Vraiment ?
    — J’en étais gêné. On n’espionne pas ces choses-là.
    — Ces choses-là peuvent avoir leur importance quand elles concernent au premier chef des personnes qu’il faut tenir à l’œil.
    — Voilà pourquoi j’ai pris de jolis risques en me tenant si près de la conversation.
    — Et notre frondeuse, comment réagissait-elle ?
    — De haut. Mais j’ose croire que ce cavalier, tenant par la bride une si belle monture, ne pouvait la laisser de marbre.
    — Et l’homme, es-tu parvenu à le dévisager ?
    — Inconnu au bataillon.
    — Et comment tout cela s’est-il conclu ?
    — Voyant que la belle allait lui échapper en reprenant sa route, droit devant elle, le cavalier a demandé à la revoir, à lui parler encore.
    — Et ?
    — Et la belle a toisé son interlocuteur. Un homme tel que vous, a-t-elle dit , ne fait pas sa cour à une femme telle que moi. Vous vivez dans la dentelle, le luxe et la magnificence, en donnant des ordres, entouré de valets, payés du bout de la main pour lustrer vos bottes et marcher derrière vos chiens. Moi, je vis au fond des bois, je chasse mon gibier, je prends, je vole, je tue s’il le faut et je n’en dors pas plus mal. Ne me faites pas croire que je pourrais vous intéresser. Vous devez avoir les plus jolies femmes de France et d’ailleurs à vos pieds. — Justement , lui a répondu son interlocuteur avec un accent si poignant qu’on n’aurait pu mettre en doute la sincérité de ses paroles, je sens trop bien que ce monde, le mien, n’est qu’artifices et mensonges, vide parce que sans amour. Vous êtes si différente… Je serais prêt à tout quitter pour vous et à vivre votre vie. Une vie bien plus riche que la mienne. À moins que vous n’acceptiez de prendre ma main et de monter avec moi au dos de ce cheval. Là-bas, vous serez reine, tout ce que j’ai je vous l’offrirai, et vous mettrez la lumière là où l’or brille sans éclat .
    — Eh bien, quel beau discours !
    — Si beau que la frondeuse en a semblé comme éblouie un instant.
    — Ensuite ?
    — Ensuite, elle a dû se dire que tout cela n’était que promesses sur le sable. Adieu monsieur, a-t-elle conclu sèchement.
    — C’est tout ?
    — L’autre n’allait pas en rester là… sur cette défaite. Si je ne puis vous revoir, laissez-moi au moins vous écrire, a-t-il dit. Il a insisté et comme pour avoir la paix, mademoiselle a fini par accéder à sa requête… Le jeune galant lui a promis de déposer

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