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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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votre nouvel emploi, tant les choses me paraissent claires et sans équivoque.
    — Il n’y a pas de doute, à avoir, dis-je. L’alliance s’imposait.
    — Nous sommes donc d’accord.
    Le cardinal va me donner de nouvelles instructions, mais on frappe de nouveau à sa porte. On vient lui porter un billet. Le cardinal me laisse attendre… puis, soudain, après lecture, il se retourne et cache son émotion. Il semble pourtant fort troublé.
    — Revenez demain, chevalier, me dit-il, aujourd’hui vous avez quartier libre. Je dois vous laisser.
     
    Nous nous séparons sans plus d’explications.
    Le cardinal va de son côté, je vais du mien.
    Quartier libre … Je compte bien utiliser intelligemment cette liberté. C’est-à-dire me remettre au travail. Je n’en ai pas touché mot à Son Éminence, mais je vais suivre le plan que j’avais prévu. Et mon plan est le suivant : aller jeter un œil sur la propriété de l’empoisonneuse Desdémone.
    Une chose est certaine : je ne suis pas près d’oublier cette visite.
    Maison nette. Un visiteur de qualité
    Quelques instants plus tard, après avoir quitté le Louvre, traversé une enfilade de rues tout aussi ensoleillées que la veille, je retrouve Bastoche, à cent pas de l’hôtel où l’Italienne Desdémone tient résidence. Mon informateur m’attendait en faisant le guet.
    Il touche de ma main une nouvelle pistole qu’il fait miroiter entre ses doigts.
    — J’ai une information, pour vous, me dit-il. La demeure est vide. Enfin presque. À peine embauché, tout le personnel de la maison a reçu son jour de congé. Les cuisiniers, les marmitons, les valets, le cocher, les soubrettes, les gardes, je les ai tous vus passer devant mes yeux, il y a moins d’une heure.
    — Insolite. Et l’Italienne ?
    — Je crois qu’elle est encore dans la place, sans cet étrange personnage qui lui tient compagnie. C’est du moins ce que j’ai cru entendre en prêtant l’oreille aux conversations que tenaient entre eux ces laquais sortant de la cour.
    C’est l’occasion ou jamais, me dis-je.
    Si l’on est seul, c’est sans doute que l’on va faire des choses qui ne doivent pas être vues, ou que l’on va recevoir chez soi des gens qu’il vaudrait mieux ne pas reconnaître. Qui dit place vide dit place sans surveillance.
    Je vais donc tâcher de visiter ce bel hôtel, de le fouiller discrètement, en espérant peut-être surprendre quelque entretien d’importance.
    Le meilleur moyen de ne pas se faire remarquer, c’est encore d’y aller franchement. La cour est vide et je ne vois personne aux fenêtres. Je passe le porche sans baisser la tête et je vais droit devant moi. Je gagne ainsi une galerie extérieure. Me voici dans l’ombre. J’en profite pour admirer la façade. C’est un lieu ravissant. Un petit palais de deux étages au cœur de la ville. Je longe les murs et j’avise une porte latérale. Par chance, elle est ouverte. Je rentre. Pas un bruit. L’endroit est silencieux comme un caveau. Je traverse des couloirs déserts. Je parviens ainsi jusqu’à l’entrée. Celle-ci est encombrée de caisses et de malles. Les pierres sont à nu. On n’a pas eu le temps, encore, d’aménager ces pièces secondaires. Un grand escalier de marbre va me conduire aux étages. Je grimpe les marches quatre à quatre, sur la pointe des pieds. Arrivé au deuxième niveau, j’entends une porte se refermer. On vient. Il faut que je me cache quelque part. Le temps presse. J’ouvre et je rentre. L’appartement dans lequel je viens de m’introduire est meublé et va être décoré. Il y a toutes sortes d’œuvres d’art. Tout cela, ces tableaux aux cadres dorés, ces vases de porcelaine, ces statues de bronze, reposent pêle-mêle, en attendant d’être mis en valeur.
    On approche.
    Une grande toile de maître représentant une descente de croix est posée contre un guéridon. Je vais me blottir sous le meuble. Cette vaste peinture va me cacher des regards. Il était temps. La porte s’ouvre.
    L’Italienne vient de rentrer.
    Elle fait quelques pas et je crois l’entendre s’asseoir.
    Je ne puis bouger. Je dois attendre. Comme elle.
    Car quelques instants plus tard, j’entends quelqu’un approcher.
    L’Italienne se lève…
    La porte s’ouvre… »
     
    D’Artagnan marque un temps de silence, puis il questionne le roi.
     
    — Je suppose, Votre Majesté, que vous avez deviné qui vient d’entrer.
    Louis XIV garde le silence. Mais voyant que le

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