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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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ressemble un peu et, plus troublant, on finit par se demander si d’un certain côté, tout bien pesé, ce mauvais diable n’est pas meilleur que nous. Il est bien difficile de juger alors… et de condamner d’une main inflexible.
    — En effet, chevalier, dit Louis XIV étreint par l’émotion, je vois que vous montrez des choses à votre roi qu’il n’avait jamais aperçues jusqu’alors. J’en suis bouleversé, et à tout dire, je ne sais que penser.
    D’Artagnan se dit qu’il faut saisir à propos l’occasion de glisser au jeune monarque, en pleine formation, quelques conseils de sa façon :
    — Sire, si je puis me permettre…
    — Je vous écoute, monsieur…
    — Je crois qu’un bon maître, un maître différent des autres maîtres, se place au-dessus de ses semblables, non par l’autorité que sa naissance lui a conférée, mais par la suprématie de ses qualités. Ce maître qui détrônera tous les autres sera tout à la fois le plus grand des chefs et le meilleur des hommes. Il dirigera ses armées à la victoire en ménageant les populations, il fera trembler ses ennemis, mais il sera clément avec les vaincus.
    — Le pieux saint Louis est mon modèle… dit le jeune roi avec fierté, il est d’ailleurs mon saint patron et mon lointain parent.
    Un espion peut en cacher un autre
    — Votre Majesté, reprend le chevalier d’Artagnan avec vigueur, toute cette histoire, cette histoire dans l’histoire, qui fait passer soudain le cardinal de Mazarin et l’empoisonneuse Desdémone au premier plan, n’est pas encore terminée.
    — Encore des rebondissements ?
    — Oui. Reprenons le cours de notre récit. Replaçons les protagonistes à leur place.
     
    « L’Italienne est partie, me laissant seul, me laissant libre.
    Je peux enfin quitter mon recoin et me désengourdir les jambes.
    Je vais à la porte, je m’apprête à la franchir, puisque le silence m’y invite, mais soudain ma main se fixe. Je reste immobile. Car je viens d’entendre un bruit. Et bientôt, après ce premier bruit, celui d’une autre porte que l’on vient d’ouvrir, puis de fermer avec la plus grande discrétion, j’entends un autre bruit : des bruits de pas. Ces pas, fort heureusement, ne se rapprochent pas vers moi, ils s’éloignent. Je me résous enfin à mettre le bout de mon nez hors de la pièce. Stupeur. Je vois la silhouette d’un homme s’enfoncer au bout du couloir. Diable ! Si cet homme prend tant de précautions, en marchant ainsi à pas feutrés, bien que rapides, c’est qu’il doit jouer de son côté le même rôle que moi : celui de l’espion. »
    — Un autre espion ? s’exclame le roi qui n’en revient pas.
    — Eh oui, de toute évidence. Mais suivons-le.
    « Je dois garder ma distance sans perdre la piste. Tout cela en espérant que la propriétaire des lieux, notre Italienne plongée dans le clair-obscur, ne me remarque pas et ne puisse se douter que sa confession ait été éventée.
    Je gagne la sortie, en suivant le mystérieux fuyard, en empruntant un autre chemin que celui de l’allée. Je descends d’autres marches, longe de nouveaux couloirs, je passe par d’autres portes et franchis une issue dérobée.
    Une fois dehors, les choses se précipitent.
    L’homme qui me précède accélère le pas. Il suit quelque chose ou quelqu’un. Soudain, il s’arrête. Je fais de même, après m’être rangé à l’angle d’un mur. Cet homme sent-il qu’on le suit ? Va-t-il tourner la tête ? Non, il reprend sa marche en forçant l’allure…Il passe la main par-devant et sort de son pourpoint la lame d’un stylet. Il tend le bras, le couteau brille à l’extrémité. Je regarde plus loin, pour comprendre. La silhouette d’un autre homme apparaît. Nous sommes dans un petit passage resserré et peu fréquenté, la demeure de l’Italienne nous tourne le dos. Au fond de ce passage, une charrette est rangée. Celui qui est en tête va y monter, celui que je suis à la trace va le rejoindre pour lui porter un coup meurtrier. Je bondis en sortant l’épée du fourreau.
    J’interviens à temps, frappant le premier.
    La pointe de ma lame ne fait que blesser légèrement l’attaquant.
    C’est la confusion générale.
    Car Bastoche vient de surgir sur la place, en courant comme un lièvre.
    Je veux revenir à l’assaut, mais il est trop tard. Bastoche est fait prisonnier, celui que j’ai blessé a repris son stylet et il menace d’ouvrir la gorge de mon jeune informateur si

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