Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
Séduire l’un de ces juges ayant suffisamment de pouvoir et d’influence pour céder une grâce. Je l’obtins. Je fus autorisée à rendre visite à mon amant pour lui annoncer sa délivrance. Mais dans la cellule, Bartholomé s’était pendu.
De la vengeance à la liberté
Dans cette même cellule vivait un homme. Un autre condamné, pour d’autres crimes. Il était alchimiste, astrologue, chercheur. Cet esprit fort réfutait les dogmes et les vérités essentielles, gardiennes de l’ordre, par de savantes théories. Il comprit instantanément l’aubaine à saisir. Il avait sympathisé avec son compagnon de détention, Bartholomé, avant que mon amant ne se donnât la mort et celui-ci s’était confié.
J’avais avec moi, abattue, là, dans ce cachot humide, grouillant de rats et de vermine, où la lumière ne descendait qu’à regret au milieu des ombres et des puanteurs, j’avais avec moi, dans ma main, un blanc-seing qui n’attendait qu’un nom. Cet homme offrit de m’enseigner toute sa science, de me rendre, cette fois, tout à fait libre, si je le laissais sortir de cet enfer, en lui accordant cette miséricorde.
Je n’avais pas trop le choix. Je séchai mes larmes et lui tendis la grâce.
Cet homme ne m’a jamais quittée.
Là encore, je fus bien formée et là encore, j’appris vite.
Ma première victime mourut dans d’atroces souffrances, envenimée par un poison particulièrement agressif. Cette victime, c’était celle de ma vengeance. Ma Maîtresse fut punie de son crime. Je devins riche pour de bon.
Je donnais la mort, à prix d’or, sans état d’âme.
Après bien des épreuves et des traverses, j’avais enfin trouvé ma place ici-bas.” »
Aide-le et le Ciel l’aidera
Là encore, à cette nouvelle étape de la confession, d’Artagnan doit faire une césure.
Ce que le chevalier ne dit pas, mais ce qu’il entendit de toutes ses oreilles, ce sont les faits suivants :
Desdémone devint donc célèbre en sa partie. Et en même temps qu’elle gravit les échelons de la société, elle eut vent de l’heureuse fortune de son premier amour, Giulio Mazarini. C’était donc l’Église, c’était donc le pouvoir, la conquête. Oh, une conquête difficile, laborieuse. Quelques parties finement jouées vous hissentsoudain, du jour au lendemain, à la marche supérieure… mais une fois le degré franchi, il faut attendre la prochaine opportunité, celle qui se présentera d’elle-même, ou celle qu’il faudra provoquer quand les circonstances s’y prêteront.
Quoi qu’il en soit, Giulio commençait à faire parler de lui.
Desdémone l’observa de loin.
Pour que Mazarin puisse enfin accéder aux honneurs suprêmes, il ne lui manqua bientôt qu’une chose : un chapeau rouge, le titre de cardinal. Sans lui, il ne monterait pas davantage, pis, il retomberait au plus bas. Or, Mazarin n’était pas alors le seul candidat que la France présenta au Saint-Siège. Le père Joseph, l’éminence grise de Richelieu, convoitait cette place, de toute son âme, de toutes ses forces. À tout prendre, entre ces deux candidats, le Vatican aimait mieux, voire bien mieux, le père Joseph de la Tremblay, en odeur de sainteté, que l’ancien protégé des Colona.
Contre toute attente, Mazarin obtint son chapeau.
Une explication s’impose : le père Joseph venait de mourir au bon moment. Cette mort, on la jugea naturelle. Oui, la nature était intervenue, mais par la magie des plantes. Desdémone venait de rendre un service inestimable à son ancien amant, au père de sa fille. Mais ce n’est pas tout. Plus tard, alors que Giulio Mazarini venait de remplacer le père Joseph au côté du ministre Richelieu, le destin de la France fut sur le point de basculer… dans le vide. Une révolte des princes – encore une – venait de se former. À leur tête, le comte de Soissons, brillant homme de guerre, bénéficiait des appuis militaires et financiers de l’Espagne et de l’empereur de la Grande Maison d’Autriche rêvant toujours à sa chimère de monarchie universelle. Une rencontre décisive eut lieu le 6 juillet 1641, à la Marfe, près de Sedan. Les troupes royales y furent battues à plate couture. Les révoltés n’avaient plus qu’à marcher sur Paris, la capitale allait tomber dans leurs mains et toute la politique allait changer de bord. Richelieu pouvait compter ses dernières heures. S’il était évincé, son favori, son élève, son successeur, Mazarin,
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