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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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seul coup. Il avait une blessure similaire sur le côté de son cou – un peu plus en avant, elle aurait été fatale.
    — Ce n’était pas moi, lui dis-je. Quand nous vous avons quittés, vous alliez bien. Tu venais d’insulter le tsar, poursuivis-je, l’encourageant à se remémorer.
    J’étais prêt à tout pour savoir comment travaillaient les Opritchniki.
    Il porta la main à ses blessures, comme s’il essayait de se souvenir. Son avant-bras portait une balafre identique. Visiblement, Pierre avait tenté de repousser son agresseur. Là encore, un morceau de peau et de chair avait été arraché sur une bande de la largeur de deux doigts. Cette blessure aurait pu avoir été infligée par des griffes ou des dents mais, sachant qui l’avait attaqué, je me rappelai instantanément la vision furtive que j’avais eue de l’étrange couteau à double lame de Iouda.
    Il me regarda attentivement.
    — Tu as raison, dit-il. Toi et l’autre, vous êtes partis, et puis d’autres sont venus. Mais tu étais forcément là ! (Il tenta d’élever la voix. Je secouai la tête et posai ma main sur son épaule pour le calmer.) Ou, du moins, vous leur avez ouvert la voie.
    Cela, je ne pouvais entièrement le nier.
    — Que s’est-il passé lorsqu’ils sont arrivés ? demandai-je, le pressant.
    Il me fixa du regard mais il voyait en réalité le campement près de Borodino, cinq jours auparavant. Sa description vacillait entre lucidité et incohérence.
    — Nous ne les avons pas vus. Des hommes ont commencé à disparaître : ç’a été l’affaire de minutes, pas d’heures. Nous étions en train de manger, et eux aussi. Tu te retournais pour prendre quelque chose, puis tu revenais, et ton voisin n’était plus là. Ensuite, Louis les a trouvés, enfin, leurs corps parmi les cadavres. Nous étions alors si peu nombreux. Ils nous ont encerclés. Traqués. N’étaient-ils pas satisfaits ? Ils se déplaçaient si rapidement. Et ils tuaient. Ils pouvaient voir dans l’obscurité. Je me suis battu contre l’un d’eux. Louis s’est battu.
    Il en a fallu deux d’entre eux pour en venir à bout. J’ai couru. Ils m’ont poursuivi, se sont déployés comme des loups. S’appelant les uns les autres comme des chasseurs. Mais j’étais rapide – si rapide – si effrayé. Ils ont abandonné. Louis a hurlé, mais j’étais rapide.
    Il semblait fier de sa vélocité. Il avait la constitution d’un coureur, et les Opritchniki me semblaient du genre à vite abandonner une poursuite si elle devenait trop intense.
    Les yeux de Pierre se fixèrent sur moi une fois encore. Il secoua la tête, de façon presque imperceptible.
    — Vous n’étiez pas là. Vous ne pouviez pas avoir fait cela. Mais vous saviez. Vous le devez. (La compréhension se fit jour dans ses yeux.) Vous les avez envoyés ! Ils n’étaient pas russes. Nous n’étions pas leurs ennemis. Ils n’avaient aucune raison de faire cela, pas après qu’ils ont été satisfaits.
    C’était la seconde fois qu’il avait employé ce mot.
    — Qu’entends-tu par « satisfaits » ? lui demandai-je, mais il s’était de nouveau effondré sur la charrette.
    Ses yeux étaient toujours ouverts mais sa respiration était faible et il ne montrait aucun signe de reconnaissance du monde qui l’entourait.
    — Pierre, insistai-je, qu’as-tu voulu dire ?
    Il n’y eut pas de réponse. Comment les Opritchniki pouvaient-ils être satisfaits ? Qu’avait-il voulu dire par cela ? Un soldat n’est satisfait que lorsque l’ennemi est vaincu ou se rend. Impliquait-il qu’ils n’avaient pas accepté de reddition lorsque celle-ci avait été proposée ? ou signifiait-il que les Opritchniki avaient été en quête d’une information quelconque – qu’ils avaient été satisfaits une fois qu’on leur avait dit ce qu’ils voulaient savoir ? Je tentai d’imaginer ce que les Opritchniki pouvaient bien souhaiter découvrir des occupants d’un camp français – et ce qu’ils feraient de cette information s’ils en disposaient.
    Il y eut une légère agitation dans la foule et je vis que la circulation commençait à reprendre devant nous. Il était clair que je n’obtiendrais rien de plus de Pierre. Je me penchai et murmurai à son oreille, ne sachant pas s’il pouvait m’entendre.
    — La prochaine fois que tu reprendras connaissance, rappelle-toi de parler russe.
    La charrette se mit en branle. Il ne m’avait même pas traversé l’esprit que c’était un

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