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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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L’organisation la plus simple consistait à avoir un lieu de rendez-vous différent pour chaque jour de la semaine. L’heure serait toujours la même : 21 heures.
    — Et nous nous retrouverons tous les soirs ? demandai-je.
    — Iouda a affirmé qu’au moins un d’entre eux tenterait d’être là chaque soir, répondit Vadim. Quant à nous, je crois que nous devrions tous les trois essayer de tenir le rendez-vous chaque fois que nous le pouvons. Le reste du temps, nous ne nous verrons pas.
    — Pourquoi ?
    — Nous devons tous rester à couvert, et rester séparés. C’est à vous de voir ce que vous allez faire. Vous pouvez être un officier français ou un condamné russe évadé : je n’ai pas besoin de le savoir. Nous devons être les yeux et les oreilles des Opritchniki. Nous devons identifier où vont les Français et ce qu’ils font. Puis nous devons indiquer aux Opritchniki où frapper.
    — Ou frapper nous-mêmes, glissai-je.
    — Non ! intervint Dimitri avec une soudaine véhémence. (Vadim et moi l’observâmes tous deux.) Ce n’est pas leur style, ajouta-t-il. Ils préféreraient que nous les laissions faire.
    Je l’aurais volontiers pressé de nous en dire plus, mais Vadim était d’accord avec sa conclusion, sinon avec son raisonnement.
    — Dimitri a raison, dit Vadim. Indépendamment de leur « style », le nôtre est de ne pas nous faire tuer. Pour dire les choses crûment, les Opritchniki sont bien moins indispensables que nous le sommes. Je suis désolé, Dimitri, je sais que ce sont tes amis, mais c’est la vérité.
    Dimitri eut un petit sourire douloureux en coin.
    — Oh, tu me connais, Vadim. N’importe qui est bien moins indispensable que moi.
    — Alors, commençons-nous nos réunions à partir de ce soir ? demandai-je.
    — Non, déclara Vadim. Enfin, pas nécessairement. Nous pouvons attendre jusqu’à ce que les Français arrivent effectivement. Je ne pense pas que ce sera ce soir. Prenez cela. (Il nous tendit à tous les deux une bourse. À l’intérieur se trouvait une petite fortune en pièces d’or.) Ce n’est pas votre argent, ni même mon argent : c’est l’argent du tsar. Nous aurons peut-être des dépenses à faire au cours des quelques semaines à venir. Si vous n’avez pas besoin de le dépenser, ne le dépensez pas. Je compte en récupérer l’essentiel une fois que nous aurons mis Bonaparte dehors.
    Nous plongeâmes dans le silence, réalisant que nous pouvions ne pas nous revoir avant longtemps et que, lorsque ce serait le cas, ce serait dans une ville sous occupation française.
    — J’ai écrit à la mère de Max, annonçai-je.
    — Merci, dit Vadim. J’imagine qu’il est mort en héros.
    J’acquiesçai.
    — Des nouvelles de Yelena Vadimovna ?
    — La dernière fois que j’en ai eu, elle allait bien, mais c’était il y a presque un mois déjà. Son accouchement est prévu pour dans quelques semaines.
    — Donc nous ne pouvons pas encore t’appeler « grand-père » ?
    — Pas encore, répondit Vadim d’un ton égal. Ni jamais.
    De nouveau, nous sombrâmes dans une contemplation silencieuse, assis sur le muret et fixant la rivière du regard, réticents à faire nos adieux. Nous étions comme trois hommes âgés qui se sont dit, au fil des ans, tout ce qu’il était possible de se dire, qui restent assis dehors toute la journée, observant le monde passer devant eux, craignant de partir de peur que l’un d’eux ne revienne jamais ; trois hommes qui se rappellent que, dans leur jeunesse lointaine, ils avaient été (et s’était toujours attendus à être) quatre. Dans un moment tel que celui-ci, nous ne pouvions même pas être assurés du luxe de vieillir.
    — À qui parlais-tu sur le pont ? demanda Vadim.
    — Quand ?
    — Lorsque nous t’avons trouvé ; le soldat blessé.
    — Tu ne l’as pas reconnu ?
    Vadim secoua la tête.
    — Je l’ai à peine vu.
    — C’était Pierre. (Vadim eut un regard vide.) Le Français. Tu te souviens, il nous avait parlé de la Tsarine Catherine et du cheval.
    — Il se faisait passer pour un Russe ? demanda Vadim, légèrement en colère. Pourquoi n’as-tu pas…
    Mais je crois qu’il comprit que je n’étais pas d’humeur à démasquer d’autres espions français pour le moment, et laissa sa question en suspens.
    — Vadim t’a-t-il parlé du camp ? demandai-je à Dimitri. Et de Iouda, Matfeï et Foma qui ont débarqué ? (Dimitri acquiesça.) Le point intéressant, naturellement,

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