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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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en
branle.
    — Tu ne le tues pas toi-même, de tes propres mains ?
    — Certainement pas ! J’évite même d’être à Rome
cette nuit-là. Je me tiens là-bas, dans ma maison d’Ameria. A faire des
cauchemars, je suppose.
    — Tu engages des assassins pour commettre le meurtre à
ta place.
    — C’est évident.
    — Des gens de confiance, que tu connais bien ?
    — Comment connaîtrais-je de telles gens, moi, un
honnête laboureur ? Non, j’irais chercher un chef de bande, rencontré dans
une taverne de Subure. Un personnage sans nom, recommandé par un tiers,
lui-même une relation d’un ami quelconque…
    — C’est donc ainsi qu’on procède ? questionna
Cicéron, réellement curieux.
    Ce n’était plus au parricide hypothétique qu’il s’adressait,
mais à Gordien.
    — Il paraît que tu as de l’expérience dans ce domaine.
Si tu veux entrer en contact avec quelqu’un qui ne craint pas de se salir les mains,
commence par Gordien. C’est ce qu’on m’a dit.
    — On  ?
Qui veux-tu dire ? Qui t’a raconté que je mangeais à la même table que les
tueurs ?
    Cicéron se mordit la lèvre, peu désireux de livrer ses
sources. Je répondis pour lui.
    — Il s’agit d’Hortensius, n’est-ce pas ? Puisque c’est
lui qui m’a recommandé.
    Il fusilla du regard Tiron, qui se redressa.
    — Non, maître. Je ne lui ai rien dit. Il a deviné tout
seul.
    Pour la première fois de la journée, Tiron me faisait l’effet
d’être un esclave.
    — Deviné  ?
Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Déduit serait plus approprié. Tiron te dit la vérité. Je sais plus ou moins pourquoi
tu m’as fait venir. Une affaire de meurtre, entre un père et un fils, tous deux
du nom de Sextus Roscius.
    — Mais comment ? Je ne me suis décidé qu’hier à
prendre Roscius pour client.
    Je soupirai. Le rideau se souleva. La chaleur m’enveloppa
les mollets, comme une eau montante.
    — Tiron te l’expliquera plus tard. Je trouve qu’il fait
trop chaud pour recommencer. Tout ce que je sais, c’est qu’Hortensius était en
charge du dossier, et que maintenant c’est toi. Je présume que notre
conversation jusqu’ici avait à voir avec ce meurtre ?
    Cicéron avait l’air contrarié. Ainsi, j’étais au courant
depuis le début !
    — C’est vrai, dit-il, il fait chaud. Tiron, tu nous
apporteras des rafraîchissements. Un peu de vin coupé d’eau. Des fruits. Tu
aimes les fruits secs, Gordien ?
    Tiron se leva.
    — Je vais prévenir Athalena.
    — Non. Vas-y toi-même. Prends ton temps.
    L’ordre était destiné à humilier. Je le vis au regard blessé
de Tiron, à la paupière hautaine et lourde de Cicéron. Tiron n’avait
visiblement pas l’habitude des tâches subalternes. Et Cicéron ? C’était
chose courante qu’un maître se défoule de ses frustrations sur son entourage.
Si courante que le maître n’y pense même plus, que l’esclave encaisse sans
rechigner ni se vexer, comme s’il s’agissait d’un fléau naturel.
    Cicéron et Tiron n’en étaient pas là. Tandis que l’esclave
sortait en boudant, Cicéron rectifia, autant qu’il était possible sans perdre
la face.
    — Et n’oublie pas de t’en garder une portion !
    Un homme cruel aurait souri à ces mots ; un homme
médiocre aurait baissé les yeux. Cicéron ne fit ni l’un ni l’autre. Je
ressentis du respect pour lui.
    Tiron se retira. Cicéron tripota un moment sa bague, avant
de revenir au sujet.
    — Tu vas m’expliquer comment on se débrouille pour
préparer un meurtre dans cette ville. Pardonne l’outrecuidance de mon propos.
Je ne veux pas dire que toi-même aies offensé les dieux en participant à de
tels crimes. Mais on dit – Hortensius dit – que tu es un
spécialiste. Qui, comment, et combien… ?
    — Si l’on veut faire assassiner son prochain, ce n’est
pas compliqué. Je te répète : un mot à la personne qu’il faut, un peu d’or
qui passe de main en main, et tout est réglé.
    — Mais où trouve-t-on la personne qu’il faut ?
    J’avais oublié que Cicéron était jeune et inexpérimenté en
dépit de son éducation et de son esprit.
    — Il n’y a pas de problème. Depuis des années, des
bandes contrôlent Rome, de nuit comme de jour.
    — Mais ces bandes s’entretuent.
    — Ils ne tuent que ceux qui les dérangent.
    — Ce sont des crimes politiques. Ils sont alliés à
telle ou telle faction.
    — Ils n’ont pas de politique, sinon celle de

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