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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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l’empereur du Saint Empire romain germanique, Wenceslas l’ivrogne.
Philippe le Hardi fit remarquer que le gendre du nouveau duc de Milan
n’était pas le mieux placé pour défendre Gênes contre les attaques milanaises. Il
valait mieux céder la ville à Charles VI. La joute avait été rude au
Conseil entre Orléans et Bourgogne, finalement ce dernier l’emporta, et le
Conseil royal fit savoir aux Génois que le roi de France acceptait leur offre. Louis,
qui possédait déjà le comté d’Asti, et qui lorgnait sur les États d’Italie, en
eut grande colère. Et Valentine sortit pour la première fois de sa réserve, son
époux ne servait pas son père en laissant Gênes sous la protection du roi de
France. Elle retrouva à cette occasion le ton querelleur qui exaspérait tant
Orléans.
    Puis, le roi d’Angleterre, qui se trouvait veuf, demanda
au régent la main de la princesse Isabelle, fille aînée de Charles VI :
il avait trente ans, elle en avait sept. La reine fut horrifiée et s’y opposa. Orléans
et Berry la soutinrent, alléguant que la princesse n’était pas en âge de
défendre la politique française. Bourgogne, lui, voyait là le moyen de faire
une paix qui arrangerait tant ses États de Flandre et son commerce avec la
perfide Albion. Il confirma, dans la même foulée, la promesse de mariage entre Jeanne
de France et le fils du duc de Bretagne, qui avaient tous deux quatre
ans, promesse faite avant la campagne de Bretagne. Philippe le Hardi avait
le beau rôle, par ces alliances, il apaisait les conflits, et l’Angleterre
proposait vingt-huit ans de trêve. Charles eut une éclaircie, trancha, et
répondit favorablement aux deux mariages.
    Puis ce fut une ambassade hongroise qui vint
solliciter Orléans. Les Turcs progressaient et empiétaient sur leur pays, elle
suppliait le régent de France de les sauver. Louis d’Orléans interpella le Parlement,
mais ce fut à nouveau Philippe le Hardi qui accapara l’affaire. Il promit
dix mille hommes qui payeraient de leurs deniers leur équipement, et l’ost de
Bourgogne se rassemblerait sous la bannière de son fils, Jean de Nevers. Orléans
ne pouvait en proposer autant. La gloire lui échappait encore, et Nevers
triomphait.
    Louis était amer, car Bourgogne décidait, lui
démontrant avec morgue que son titre de régent était bon à jeter aux orties. Et,
pour comble, il fut contraint d’exiler dans ses états d’Orléans son épouse et
son fils sous la poussée du populaire. La rumeur sur la Couleuvre milanaise
devenait menaçante, la duchesse d’Orléans était grosse, il fallait la protéger.
Si le départ de sa rivale n’était pas pour déplaire à la reine, elle enragea de
cette grossesse. Elle venait d’emménager dans son hôtel Barbette, et goûtait à
l’ivresse de la liberté. Elle appelait cette maison de maître son « Petit
Séjour ». Deux vastes salles occupaient le rez-de-chaussée, s’ouvrant sur
d’admirables jardins plantés de nombreux arbres fruitiers, et des parterres de
fleurs. Isabelle n’avait pas manqué d’y faire bâtir une immense volière pour
ses oiseaux. À l’étage de la bâtisse, il y avait une salle, avec des chambres, un
grand et petit retrait. Le bâtiment principal était flanqué de deux ailes
comportant d’autres chambres, deux chapelles, des bains, des étuves, et une
haute tour à tourterelles. Tout avait été aménagé à grands frais et grand luxe.
La reine pouvait s’y ébattre à l’abri des yeux indiscrets, derrière les hauts
murs qui protégeaient son Petit Séjour : c’était bien le nid d’amour dont
elle avait rêvé. Mais pour qui ?
    Pas pour elle, car son frère Louis de Bavière
y convia bientôt sa nouvelle conquête, Anne de Bourbon, femme du fils du
Camus, le duc de Montpensier. Bientôt, ce fut la propre épouse du duc de Berry,
la jeune Jeanne de Boulogne, qui vint en compagnie du chaussier Jacques
Thibaut sous le prétexte de rendre ses hommages à la reine. Les deux femmes de
la maison de Berry étaient amies, tante et nièce par alliance. Elles
avaient quinze et dix-huit ans, et il se trouvait que c’était la cadette qui
était la tante. Elles étaient également ravissantes, aimables, pétillantes de
joie de vivre. Leur complicité en cette affaire de double adultère était grande.
Il faut dire que le duc de Berry était vieux, et que son fils, épais et
souffreteux, avait la face camarde et furonculeuse.
    Vieux, laid ou fou,

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