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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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de Bavière
attendait.
    — Suivez-moi, mon prince, lui lança-t-il en
voltant.
    Les deux hommes partirent au galop et obliquèrent dans
une sente qui s’enfonçait dans les profondeurs végétales.
    Elle pouvait s’être blessée dans sa chute, ou pire
encore… Tout pouvait arriver en forêt, Isabelle risquait de se trouver sur la
route du sanglier forcé et de se faire charger, ou d’être attaquée car il y
avait toutes sortes de bêtes féroces dans les bois. Et les hommes des forêts
étaient les plus dangereux, ils tuaient pour une paire de bottes, capturaient
pour une rançon, violaient avec cruauté.
    Dans sa panique, Orléans avait pris la tête, il
cria en apercevant une nouvelle sente sur la droite :
    — Faut-il prendre à dextre ? Est-ce tout
droit ?
    Voyant qu’on ne lui répondait pas, il regarda
derrière lui, il n’y avait plus personne. Il était impossible que Louis le Barbu
l’ait perdu. Le duc restait perplexe, et son cheval ralentissait sa course sans
qu’il y prenne garde. Si le frère de la reine l’avait perdu, c’était pour le
laisser seul. Et soudain il comprit alors que son destrier s’arrêtait pour
souffler. Il hésita entre une grande colère et le rire, et éclata d’hilarité.
    — À ce jeu, lança-t-il avec force, sûr d’être
entendu, tu ne t’étais jamais risquée !
    Il la vit arriver, au détour de la sente.
    — Il me semble, beau-frère, que le danger
mortel que je cours t’amuse fort.
    — As-tu mis ton frère dans la confidence ?
    — Et qui fallait-il que j’y mette ? Le
roi ? Je n’ai nul secours à attendre de lui désormais. Et il me plaît de
savoir que je puis encore en attendre de toi, mon beau prince.
    — Tu m’as fait une belle peur. Tu voulais que
je vienne à toi, et tu as gagné. Tu mériterais un soufflet comme celui que tu m’as
donné naguère.
    Les chevaux, flanc contre flanc, étaient tête-bêche.
Elle lui sourit.
    — Je le supporterai volontiers, si après tu
me donnes un doux baiser d’amour.
    Il la regarda profondément.
    — Tu ne joues plus ?
    — Non, messire, j’ai trop le désir de vous. Je
me rends.
    — Tu ne crains plus de te damner ?
    — Il est trop tard ! T’aimer, c’est déjà
me damner.
    Ils ne pouvaient se quitter des yeux, elle le
trouvait magnifique dans sa cotte de chasse, les jambes bien prises dans ses
heuses où s’attachaient ses éperons d’or. Un cor d’ivoire, délicatement sculpté
et incrusté de joyaux, pendait sur sa poitrine. Il portait des gants en daim
épais, montant haut sur ses poignets. Son coutelas, dans son fourreau précieux,
pendait à sa large ceinture qui soulignait sa taille. Il la trouvait tout aussi
désirable, le visage rosi par le grand air et par son émotion, dans sa simple
gonelle qui lui rappelait leur unique et fol enlacement. Ce souvenir fouetta
son désir.
    Il ôta ses gants et attacha sa monture, qui se mit
à brouter. Puis, il saisit Isabelle par la taille et la tint un instant contre
lui ; ils étaient graves, bouleversés de sensations trop fortes pour
parler, ou même sourire. Enfin, il lui prit la bouche avec avidité. Ils
auraient continué ainsi, se goûtant l’un l’autre sans pouvoir en finir, si
Alezane, sur le ventre de laquelle ils s’appuyaient, n’avait regimbé. Louis l’attacha
à son tour et prit Isabelle dans ses bras. Elle noua ses mains derrière son cou,
la tête nichée contre son épaule, tandis qu’il l’emmenait derrière les fourrés,
comme un loup ravit sa proie.
     
    En juillet, la reine annonça qu’elle était grosse
à nouveau.
    Personne ne douta de la paternité, car elle rendait
de fréquentes visites à son époux, tout en s’en gardant. Même le duc d’Orléans
pensait avec déplaisir qu’elle faisait son devoir conjugal. Et Charles VI,
dans sa nuit, n’aurait pas su dire s’il l’avait prise.

19
Nicopolis
    Je vous parle d’un pèlerinage d’enfants vierges de plusieurs
pays, qui se fait spontanément et volontairement au Mont-Saint-Michel. Plus de
mille y sont allés avec bannières, où sont peints d’un côté l’ange saint Michel,
et d’autre les armes de France. Celui qui n’a pas vu la soudaineté de ce
mouvement ne pourrait le croire ; et ces innocents de huit à quinze ans
qui s’échappent de leurs père et mère pour aller à ce pèlerinage ! Et les
pères et mères qui n’ont pas voulu, ont vu mourir leurs enfants.
    Christine de Pisan
    L’ost de Jean de Nevers, gonflé en

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