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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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Sarrasins, et succomber.
    Ce fut un massacre, un désastre lamentable. Le
lendemain de la bataille, Bajazet fit trancher la tête de trois mille croisés, en
représailles de la lourdeur de ses propres pertes. Leurs chefs prisonniers
furent contraints de regarder l’horrible carnage : Jean de Nevers, Enguerrand
de Coucy et Henri de Bar son gendre, Boucicaut, Philippe d’Artois, comte
d’Eu, connétable de France, et d’autres encore.
    Bajazet n’épargna que trois cents soldats parmi les
plus jeunes, pour les mettre en esclavage, et ne garda parmi les nobles
prisonniers que les vingt-huit plus fortunés. Le duc de Bourgogne se vit
réclamer la somme colossale de dix mille florins pour la libération de son fils.
D’autres atteignirent deux cent mille ducats. Le connétable Philippe d’Artois
et Enguerrand de Coucy moururent en captivité.
    *
    Le royaume de France était en fête en octobre 1396.
    Le roi, de retour en santé, mena lui-même sa fille
Isabelle de Valois à Richard II Plantagenêt. La rencontre se fit en
pays neutre, en rase campagne, entre Calais et Ardres. Un camp fastueux y avait
été dressé, des pavillons tendus de draps d’or rivalisaient d’aménagements
luxueux. La fiancée fut conduite par une brillante escorte de barons et de
chevaliers, de chars et de litières. Les deux rois, dès qu’ils se virent, s’embrassèrent
et se saluèrent devant une grande assistance à genoux, qui pleurait d’émotion. Ils
banquetèrent ensemble, les ducs de Berry, Bourgogne, Lancastre et Gloucester
les servirent. Le deuxième jour fut versée la première annuité de la dot de
huit cent mille francs or. Puis fut signé un traité de paix et d’alliance pour
vingt-huit ans, et enfin, les deux grands rois se jurèrent bon amour et se
firent de luxueux cadeaux.
    Le troisième jour, Charles mena sa fille aînée de
sept ans au roi d’Angleterre. Les étoffes les plus précieuses, l’or, l’argent, les
perles et les pierreries avaient été employés avec profusion pour sa robe de
mariée.
    — Mon fils, c’est ma fille promise à vous. Je
vous la livre et délaisse en vous priant de la tenir comme épouse.
    — Je le promets, mon père, répondit Richard
avec grande solennité.
    L’enfant tourna un compliment à son époux avec
raideur :
    — Sire, s’il plaît à Dieu et à M gr  le
roi de France que je sois reine d’Angleterre, je le vois volontiers aussi, car
il est dit que je serai grande dame.
    Charles et ses oncles embrassèrent la petite
Isabelle et la laissèrent emmener par les dames anglaises. La nouvelle reine d’Angleterre
se mit à sangloter, et beaucoup se lamentèrent en la voyant ainsi partir.
    Une autre Isabelle pleurait des larmes amères en
son hôtel Barbette. La reine, enceinte, n’était pas du voyage, jugé trop
éprouvant pour elle. Elle n’avait pu s’opposer au mariage de son enfant avec un
homme de trente ans. Elle avait tenté de la garder par-devers elle jusqu’à ses
douze ans, mais Richard II s’y était opposé, il voulait son épouse près de
lui, élevée selon les us et coutumes de la cour d’Angleterre.
    La tutelle des enfants royaux n’était qu’un bout
de parchemin, elle n’avait aucun pouvoir sur leurs destins, hors ses devoirs de
mère. Elle n’avait jamais pu se consoler de son dénuement lors de son propre
mariage, aussi lui avait-elle fait constituer un fabuleux trousseau : joyaux
à profusion, couronnes d’or, vaisselle précieuse, livres enluminés et riches
étoffes. Une munificence qui remplit plusieurs coffres, dans lesquels Isabelle
n’avait pas manqué de faire déposer les poupées d’Isabelette et son jeu de
cubes qui avait si fort passionné l’enfant.
    Dans sa désolation, elle n’espérait nulle
consolation. Le duc d’Orléans quitta Calais pour ses États, où son épouse en
exil approchait de son terme. Isabelle apprit la naissance d’un deuxième garçon,
Philippe, comte de Vertus, un nouveau fils. La semence de Louis était bien
celle qu’il lui fallait.
     
    La nouvelle du désastre de Nicopolis arriva à
Paris durant les fêtes de l’Avent, en décembre. Le peuple préparait la venue du
Messie dans la liesse et le recueillement. Il remerciait le Ciel de la santé du
roi qui durait, de la paix avec l’Angleterre, priait pour les croisés chassant
les infidèles, et pour la fin du schisme. C’était le temps de l’attente du
renouveau. La venue du Christ mettrait fin à la noirceur du

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