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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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en
pouffant de rire.
    En souriant, Valentine prit une autre part :
    — Pour qui ?
    — Pour la Sainte Vierge, Melchior, Gaspard, Balthazar
et les pauvres ! dit d’une traite le petit bâtard d’Orléans, en pouffant à
nouveau.
    — Madame ma mère, Dunois triche, se plaignit
son plus jeune fils, alors que tous hurlaient de rire. Moi, je le faisais mieux
quand j’étais petit.
    Dunois passa la tête de dessous la nappe et hurla :
    — Je ne suis pas petit !
    — Laisse, dit Philippe à Jean, son frère
cadet, ça ira plus vite comme ça.
    Charles, l’aîné, ne semblait pas se soucier de la
querelle de ses frères, il grattait une viole en chantonnant : «  Avisez
le beau gâteau…  »
    La duchesse d’Orléans soupira en regardant sa chambellane
qui riait aussi.
    — Nous allons y passer la journée ! Dunois,
interpella-t-elle le bâtard en haussant la voix. Tu fais tout comme il faut, sinon
il n’y aura pas de roi cette année !
    Le son d’une trompe interrompit les cris de
protestation. Les enfants se précipitèrent dans un bel ensemble à la croisée. Des
exclamations fusèrent : « C’est des chevaliers !… non, c’est des
courriers !… il y a des courriers qui sont des chevaliers, d’abord !…
Madame ma mère, le porte-bannière est aux couleurs de Bavière ! »
    — Du courrier de la reine ? s’interrogea
Valentine.
    *
    — Depuis quand ? demanda Valentine alors
qu’elle retirait ses gants.
    Une chambrière la débarrassa de sa cape de
chevauchée. Dès l’aube, la duchesse avait galopé avec sa suite sans désemparer
de Blois jusqu’à Paris.
    — Depuis dix jours ce jour d’hui, répondit
Isabelle. Valentine, il nous faut renoncer !
    — Jamais, répliqua la duchesse d’Orléans dont
la colère était grande. Laisse-moi seule avec elle, cousine, je te la rendrai
consentante.
    La chambrière conduisit la duchesse à la chambre
de la fille aînée de la reine. Cette dernière savait que ce serait en vain, ni
les menaces, les larmes, les prières, et encore moins la force n’avaient pu
réduire la volonté d’Isabelette de ne plus se nourrir.
    Valentine entra dans la chambre comme la proue d’un
navire qui fend les flots. La pièce était sombre, elle se dirigea droit sur les
croisées et les ouvrit largement. Il faisait un beau soleil, sur son couchant
en ce mois de janvier, et un air frais balaya les miasmes de la pièce. La jeune
Isabelle rabattit un oreiller sur son visage.
    — Dehors, dit Valentine aux damoiselles de
compagnie de la princesse, et vous, dit-elle encore à la chambrière, faites-moi
monter des cuisines de quoi me restaurer.
    — Quoi, madame ?
    — Du blanc-manger, un clairet de volaille, des
dragées, du vin de Touraine… et ce que vous voulez !
    Et sans plus de façons, elle arracha l’oreiller
qui masquait le visage de sa nièce.
    — Eh bien, madame, on ne salue plus sa tante
d’Orléans ?
    — C’est à vous de me saluer, madame, je suis
reine, vous êtes duchesse !
    Valentine sourit en prenant place sur une
banquette au chevet de la jeune fille. « Aussi orgueilleuse que sa mère, songea-t-elle,
c’est bien une Wittelsbach. »
    — Ainsi, tu ne veux pas être duchesse ! Tu
préfères rester la veuve Plantagenêt.
    — Il y a plus de gloire, madame, à être veuve
de roi qu’à déchoir en épousant un enfant duc !
    — Et tu préfères mourir ?
    — J’en mourrai, dit-elle en se redressant sur
ses oreillers.
    Dans cet effort, Valentine vit alors combien elle
était faible et avait maigri. Elle avait les yeux cernés, enfoncés dans les
orbites, les joues creuses, le teint d’une pâleur de cendre. Elle comprit les
alarmes de la reine. Isabelette se laissait mourir avec un entêtement
irréductible.
    On toqua à la porte, trois valets entrèrent
portant des plateaux qu’ils posèrent sur un guéridon, avant de l’approcher de
la duchesse. Ils saluèrent et sortirent.
    — Pardonne-moi, ma nièce, mais j’ai grand
faim, j’ai tant galopé jusqu’à toi que je n’ai rien pris. Je suis affamée.
    — Ne comptez pas me tenter, ma tante, on a
déjà essayé.
    Tout en se jetant sur la nourriture, Valentine se
dit que la tâche allait être rude. Mais jamais elle n’accepterait que cette
péronnelle refuse son fils Charles, toute reine d’Angleterre qu’elle fût. Il
lui semblait que, avec cette fragile jeune fille, se jouait aussi son duel avec
la reine de France. C’était une partie qu’elle ne

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