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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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son visage. Un peu de blanc
de céruse masquerait les inflammations qui marbraient ses joues, et le khôl
tromperait la rougeur de ses yeux.
    Orléans était là. Elle ne pouvait en douter, il
allait reprendre sa parole de faire du sire de Graville le chef de ses
croisés.
    Quand Catherine fut de retour, elle entreprit de
remettre de l’ordre dans les mèches folles qui s’échappaient de la coiffe d’Isabelle.
Elle connaissait sa peine, elle la partageait. Tout comme la reine, son amie d’enfance
espérait que le duc d’Orléans venait pour se dédire. Mais fallait-il l’espérer ?
Et cela suffirait-il à retenir Bois-Bourdon ? Elle avait le sentiment de
menaces diffuses qui s’accumulaient autour des amants adultères. Depuis le
retour du roi, le sénéchal du Berry avait tant redoublé de prudence qu’il en
fuyait la reine. La fuirait-il au point de prendre la croix en dépit d’Orléans ?
Il était chevalier, cela ne serait que naturel, et son départ pour Tunis ferait
tomber les suspicions.
    Catherine aida la reine à se vêtir d’une riche
houppelande de chambre, et à chausser ses patins de satin brodé.
    — Comment suis-je ? lui demanda Isabelle
avec anxiété.
    — Très belle, tu peux m’en croire. Mais
ressaisis-toi, Isabelette, ajouta-t-elle, inquiète de la voir si fébrile. Je
vais le quérir, reçois-le en reine, non en demanderesse.
    La jeune souveraine poussa un profond soupir
tandis que sa chambellane la quittait. Elle alla ouvrir la croisée qui donnait
sur ses écuries, et respira à grands coups l’air vif de mars. La nuit tombait, pourtant
les chevaux n’étaient pas encore rentrés. Elle distingua Alezane et Alcoboçanne,
mère et fille, toutes deux magnifiques, qui folâtraient. Elles aussi avaient
senti comme un goût de printemps dans ce jour finissant.
    Elle se retourna alors que son beau-frère entrait
dans sa chambre d’un pas de conquérant, il vint la saluer, et lui baisa la
paume des deux mains.
    — Fort belle dame, vous voir me ravit. Et que
veut dire la brillance de ces superbes yeux ?
    — Sans doute la curiosité, répondit-elle avec
une légèreté affectée, songeant que cette brillance trahissait l’eau tant
versée de sa douleur. Que me vaut le plaisir de ta visite, gentil frère ?
    — Le prix de mon gage, sœurette, laissa-t-il
tomber.
    Isabelle se détourna avec violence, déçue. Elle
avait oublié la gifle, et le gage qu’elle devait à Louis en réparation.
    — Est-ce tout ? demanda-t-elle, la gorge
nouée.
    — Ce sera beaucoup, l’offense est grande, dit-il
en la poursuivant à travers la chambre, tandis qu’elle se dérobait pour se
donner contenance.
    Elle imagina la première chose qui lui vint à l’esprit,
allumer les candélabres, car le jour déclinait. Elle se saisit de la veilleuse
à huile, et entreprit d’allumer les chandelles à sa flamme. Louis la suivait
dans ses déambulations.
    — C’est là tâche de varlets, ne peux-tu
attendre et m’écouter ? Ou as-tu peur du noir, seule en ma compagnie ?
lui lança-t-il, agacé de ses dérobades.
    — Voyons ce gage, monsieur, répondit-elle en
allumant une dernière chandelle, la voix aussi vacillante que les flammèches.
    Louis en perçut les tremblements. Isabelle lui
semblait bien nerveuse, d’une sensibilité à fleur de larmes, elle avait pleuré,
il ne pouvait en douter, et elle était sur le point de fondre de nouveau. Il
songea qu’il pourrait bien profiter de cette faiblesse. Isabelle suspendit la
veilleuse à son crochet mural, lui fit face, et sourit d’une gaieté agressive.
    — Eh bien, me diras-tu ce que tu désires ?
    — Un baiser ! dit-il en s’approchant d’elle.
    — Un baiser… est-ce là tout le prix de mon
gage ?
    — Certes non, sœurette, murmura-t-il en
emprisonnant sa taille. Il me faut bien m’assurer d’abord de ton amitié, que
ton soufflet me fait croire perdue.
    Malgré les apparences, il lui gardait rancune de
cette humiliation et comptait bien l’en châtier par sa hardiesse.
    — Non, pas perdue, gentil frère, expliqua-t-elle
en tentant d’esquiver, ce ne fut que l’humeur d’un instant.
    Elle recula contre le mur et s’y adossa, acculée. Louis
plaqua ses deux mains de chaque côté de son visage. Elle tourna vivement la
tête tandis qu’il tentait encore de l’embrasser. Alors, il lui saisit le menton
et lui prit la bouche d’autorité. Ce n’était pas un baiser fraternel, mais d’amour.
Surprise,

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