Eclose entre les lys
d’exercer son corps à l’art
militaire avec acharnement. Il se voulait champion et l’était devenu sous les
yeux éblouis de Catherine.
Lorsque Thadée Visconti avait marié celle-ci, pas
encore nubile, au seigneur de Fastatavin, elle en fut désespérée ; quant
au jeune Courtemay, il pensa que sa vie n’avait plus de sens, et parlait de la
donner pour délivrer le tombeau du Christ. Aussi avait-elle caché le moment de
ses menstrues, prolongeant son enfance pour se protéger du barbon. Fort
heureusement, il avait quitté ce monde brutalement, à table, le nez piqué dans
sa soupe, faisant de M me de Fastatavin une veuve, vierge, de
quatorze ans.
Orpheline, Catherine était aujourd’hui chambellane
de la reine de France. Page daubé d’un jeune prince bavarois, Adémard était
devenu un noble chevalier, promu garde du roi. L’avenir leur souriait.
— Mon amour, lui murmura Adémard, essoufflé, épouse-moi.
Laissons passer les fêtes du mariage royal, et épouse-moi.
— Rien ne me sera plus doux, mon ami.
Ils scellèrent leur promesse d’un baiser.
D’un dernier coup de reins, Adémard jouit, profondément
enfoncé en elle.
*
La Cour avait été refoulée de la chambre, le temps
de mettre pudiquement les jeunes mariés sous les draps, nus comme au jour de
leur naissance. Les courtisans se pressaient à nouveau autour du lit, débordant
dans le corridor, se tordant le cou pour les apercevoir et ne rien perdre de la
cérémonie du coucher. C’était le moment du Benedictio thalami, la bénédiction
du lit nuptial.
L’assemblée se mit à genoux. Pierre de Foissy
prononça les termes rituels en faisant le signe de croix de son goupillon, aspergeant
la couche d’eau bénite. Les époux se signèrent. Les courtisans firent de même. Le
confesseur entama une prière où il demandait à Dieu de donner abondance de
fertilité aux nouveaux mariés, mais comme le roi affichait tous les signes d’une
terrible impatience, il abrégea, et se retira respectueusement avec l’assemblée.
Philippe le Hardi resta le dernier et fit un bref signe de croix en
direction du lit.
— Que Dieu vous bénisse et bénisse les fruits
de votre union, mes très aimés neveux.
Avant de sortir, le duc tira les courtines. Ils
étaient seuls, enclos.
Isabelle, nue auprès de son beau cavalier blond, tremblait
un peu, ne pouvant se débarrasser de sa peur. Il se retourna contre elle et
posa une main sur son sein menu qu’il enserra doucement.
— Ma mie, nous voilà enfin seuls. Ne tremble
pas, j’ai tant le désir de toi.
— Mon très redouté seigneur, ne mettrez-vous
pas votre noble épée entre nous pour la nuit ?
Charles réussit à sourire. Il avait le souci de se
contrôler mais n’y arrivait qu’avec peine.
— La reine voudrait-elle faire attendre le
roi, alors que je n’y tiens déjà plus ?
D’un geste doux, il retira le drap. Sa nudité la
faisait encore plus menue, et belle à tenter un saint. Isabelle voulut se
recouvrir, mais il lui immobilisa tendrement les bras.
— Ma mie, ma mie, je t’aime trop.
Il tremblait à son tour. Il était à bout de
résistance, ce désir douloureux l’avait trop taraudé depuis le matin. D’un seul
mouvement, il s’allongea sur elle.
*
Bois-Bourdon freina brutalement sa monture en plein
galop dans la cour du palais épiscopal. L’animal dérapa des quatre fers et se
cabra de frayeur en hennissant. Un valet d’écurie se précipita pour attraper le
mors alors que le sire de Graville sautait de cheval.
— Où en sont le roi et la reine ?
— Couchés ensemble à ce qu’il paraît. Et
croyez-moi, ils ont du plaisir à prendre, répondit-il gaillardement.
Sans répondre, Louis se précipita vers la grande
entrée.
*
Isabelle avait repoussé sauvagement le roi et s’était
recroquevillée dans un coin des courtines. Avisant la longue chemise de linon
surbrodée de soie que Marguerite de Flandre avait déposée au bas du lit à
son intention, elle l’enfila fébrilement dans un réflexe de pudeur, terrorisée.
À genoux sur le lit, Charles la regardait faire avec stupeur, alors que son
sexe se dressait entre ses cuisses musclées, si congestionné qu’il en était
anormalement rouge et dilaté. Isabelle ne voyait que cela. Tout passait dans sa
tête à une vitesse foudroyante : les juments menées à l’étalon, les vaches
avec les taureaux, et toutes sortes d’accouplements de ferme qu’il lui avait
été donné de voir
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