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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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détermination. De formes et de carnation. C’est pourtant à son époux que le pape s’adressa :
    — J’ai entendu votre requête en annulation de mariage, mon fils. Mais je comprends difficilement ses raisons, dix années après qu’il a été validé.
    — Il n’a pas été consommé, Votre Sainteté.
    — Vraiment ? s’étonna le pape.
    Il se tourna vers Elora.
    — J’ai du mal à concevoir, ma chère enfant, que vous ayez si longtemps refusé votre couche à votre époux. Votre devoir…
    Aymar de Grolée l’interrompit d’une voix coupable :
    — Mon impuissance en est seule responsable…
    Alexandre VI caressa son menton tombant d’une main fébrile. César lui avait rapporté une rumeur que le prince Djem semblait ne pas vouloir cacher : il était épris de cette femme rencontrée dans le Dauphiné. Si pour elle il acceptait d’abjurer sa foi, Charles VIII aurait le meilleur des arguments pour sa croisade. Or, ce n’était pas exactement ce que le pape voulait.
    Il jeta à Aymar de Grolée un regard de prédateur.
    — Ce manque de virilité vous était-il connu au moment de vos noces ?
    — J’espérais que mon épouse le guérirait. Hélas…
    — Vous vous en satisfaisiez pourtant jusque-là. Je suppose donc que c’est vous, ma chère enfant, qui avez poussé votre époux à vous rendre votre liberté.
    Elora hocha la tête.
    Le pape joignit ses mains et tapota des doigts.
    — Une annulation de mariage est un acte grave qui ne peut se concevoir sans un examen approfondi des consciences et des faits. Il me faudra donc vous entendre, séparément, pour véritablement juger de son équité.
    — Nous y sommes préparés, Votre Sainteté.
    Alexandre VI se leva, imposant sa carrure altière.
    — Mon camerligho vous signifiera l’heure et le jour de notre entretien. Jusque-là, je vous souhaite un agréable séjour à Rome. Allez dans la paix du Christ…
    L’entretien était terminé. Ils s’agenouillèrent au bas des marches et courbèrent le front pour recevoir sa bénédiction avant de retraverser la vaste salle que des cardinaux animaient de leur présence, Aymar, inquiet d’imaginer sa fille adoptive aux mains de ce monstre, Elora, impatiente déjà de s’y mesurer.
    *
    Le moment ne s’y prêtait pas.
    Mais l’un comme l’autre sentaient le besoin de crever l’abcès comme un sang noir dans leurs veines.
    Quelques minutes plus tôt, surmontant sa surprise, Hugues de Luirieux avait salué Enguerrand d’un mouvement de tête. Puis, sans se laisser envahir par les questions qui le submergeaient, il avait traversé la pièce d’un pas vif pour gagner son cabinet à l’autre bout.
    — Suivez-moi, les avait-il invités.
    Avant même que la porte ne se soit refermée sur son pire ennemi, il s’était retranché derrière son bureau, les mains crispées sur les accoudoirs de sa chaise, et avait écouté d’une oreille distraite le mensonge servi par Fanette. Son opinion sur elle était déjà faite. Les trois témoins qu’il avait convoqués sitôt reçu le courrier de dame Sidonie l’avaient regardée avec attention descendre de voiture depuis une des fenêtres. Sans hésitation et d’un même accord, ils avaient signé sa condamnation. C’était elle la rousse qui dirigeait les attaques. Si Hugues de Luirieux se prêtait à ce simulacre, c’était qu’il voulait la bande tout entière.
    Évitant de regarder Enguerrand qui le foudroyait d’éclairs vengeurs, il attendit qu’elle eût terminé pour la fixer sans complaisance.
    — Je n’ai rien entendu là qui me prouve ton innocence.
    Fanette blêmit.
    — Pourquoi vous mentirais-je ?
    — Je me le demande…
    Le silence retomba. Fanette se mit à trembler.
    — Je connais leur cachette. Je vous y mènerai.
    — Pour que mes hommes tombent dans une embuscade que les tiens auront préparée ? Me crois-tu aussi stupide ?
    Il forcit le ton, la bouche cruelle, l’œil narquois. Comme Fanette, Enguerrand se tendit sur sa chaise.
    — Tu voudrais me faire croire qu’avant ce jour et dix ans durant tu n’as jamais eu la moindre occasion de leur fausser compagnie ?
    — Je…
    — Tais-toi ! Tu pues le mensonge ! Ils ont fait de toi leur putain et tu aimais ça, voilà la vérité.
    Elle chercha le soutien de Dumas. Il détourna la tête. Celui d’Enguerrand. Blême, il ne la voyait pas. Un sanglot noua la gorge de Fanette. Si elle ne les convainquait pas, là, maintenant, elle était perdue.

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