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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Fanette n’a rien dit à son sujet, mais elle, n’a pas non plus parlé de cette femme qui les dirige depuis dix ans. Une femme rousse, aux dires des petites gens qui braconnent parfois dans la forêt des Coulmes. Ayant aperçu ces malandrins en branle, ils se sont aussitôt cachés pour ne pas être tués. Quant aux hommes que le prévôt envoya pour infiltrer la bande, ils ne revinrent jamais. Voilà, mon fils. Je ne sais pas qui est Fanette aujourd’hui et ce qu’elle a à gagner à se jeter dans la gueule du loup. Mais j’ai appris beaucoup de choses ces dernières années, et une en particulier. Crois-moi, personne n’est véritablement celui qu’il paraît.
    Dans l’heure qui suivit, tout en laissant supposer à Fanette qu’elle était sauvée, Sidonie envoyait un émissaire à Romans pour prévenir le prévôt de leur arrivée.
     
    Enguerrand échangea un regard avec Dumas. Si le capitaine s’était laissé convaincre de prime abord, les confidences de ses hommes de faction le lendemain lui avaient révélé une autre facette de la fillette qu’il avait fait danser sur ses genoux. Comme Enguerrand, il s’était dès lors engagé à découvrir la vérité, par égard pour le Jeannot de Sassenage qui lui avait autrefois forgé son épée.
     
    Lorsque des voix se rapprochèrent dans le corridor, malgré l’épaisseur de la porte qui faisait face à Enguerrand, Fanette se durcit sur son siège. Son pouls s’accéléra, exagérant sur son visage le désespoir qu’elle y affichait depuis quatre jours et qui lui avait si joliment servi. Enguerrand se leva, satisfait de pouvoir déplier enfin ses membres engourdis.
    La porte s’ouvrit sur le soldat qui les avait introduits.
    — Ils sont ici, monsieur, dit-il en s’effaçant pour laisser entrer le prévôt.
    — Je suis navré de vous avoir fait attendre, Dumas.
     
    Enguerrand reconnut la voix en même temps que le visage pourtant vieilli. Tandis que le prévôt s’éberluait de son improbable présence, une soif inassouvie de vengeance se réappropria le cœur d’Enguerrand.
    Il venait de retrouver Hugues de Luirieux, l’homme qui l’avait laissé pour mort en Égypte.
    Le monstre qui lui avait pris Mounia.

11
     
    Il ne fallait que quelques secondes à Elora pour jauger les gens qui se trouvaient en face d’elle. Depuis trois jours qu’elle habitait le personnage de sa mère adoptive, elle n’avait rencontré personne qui soit de confiance. Servi par le regard tendre de Djem qui jouait à la perfection son rôle, César Borgia avait été confondu et rassuré ; Lucrèce, enragée. D’autant que c’était chez elle, en la villa Santa Maria in Porticu, que Elora-Hélène leur avait été présentée avec Aymar de Grolée et Jacques de Sassenage, à la faveur d’une soirée.
    « Vous êtes les invités du prince, pas les miens », avait-elle craché, perfide, sans rendre le salut qu’on lui offrait.
    César, lui, avait tempéré, un rire sur ses lèvres gourmandes.
    — N’écoutez pas ma sœur, messire de Sassenage. Elle ne connaît rien à la politique. Vous recevoir est un plaisir, d’autant plus grand que vous pourriez nous servir d’otages si votre roi nous malmenait.
    Sous le ton de la plaisanterie ne jaillissait rien de moins que la vérité. Lucrèce ne s’était pas radoucie pour autant et s’était démenée toute la soirée pour captiver les regards, à l’inverse d’Elora que sa beauté suffisait à imposer. Légèrement souffrant, le pape ne s’était pas montré.
    Elora connaissait la raison véritable de cette absence. Une de ses visions l’avait éclairée sur nombre de choses qu’il cachait. Et c’était un atout qu’elle ne manquerait pas d’utiliser.
    Pour l’heure, elle s’inclina avec déférence devant le Saint-Père, juché sur le siège papal dans la salle d’audience. Comme toutes celles qu’elle avait traversées, cette pièce regorgeait de dorures à la feuille d’or, de fresques et de bas-reliefs sculptés. Mais, à l’inverse d’Hélène qui, grimée en valet de Djem, s’était émerveillée des richesses du Vatican, Elora n’en avait que faire. La misère des petites gens lui avait davantage sauté aux yeux que la splendeur de son Église.
    Voilà pourquoi, à peine Alexandre VI eut-il consenti à ce qu’ils se redressent, planta-t-elle son regard dans le sien, l’adoucissant de son plus gracieux sourire.
     
    Elle lui plut dans l’instant. Mélange parfait d’innocence et de

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