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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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aux épaules.
    — Dans quelques minutes, les soldats vont débouler par ce tunnel, fouiller chaque recoin. Il ne faut pas qu’ils nous prennent, tu comprends ?
    — On sera pendus, sinon ?
    — Et tu ne reverras jamais Petit Pierre, ajouta Bertille.
    — D’accord.
    Ils avaient repris leur route, aussi vite que la nuit environnante le leur permettait. Ils étaient au milieu de la galerie lorsque le chant éclata sous la voûte. Bertille s’immobilisa, se tourna vers sa mère qui venait de buter contre elle.
    — On ne peut pas aller là, Ma.
    — Pourquoi ? demanda Jean que le chant apaisait.
    — Il y a une créature dans le lac. Une créature maléfique, mi-femme mi-serpent.
    — Avancez, ordonna Celma. Je crains bien moins Mélusine que le prévôt.
    Bertille n’en demanda pas plus. La seule évocation de la démone dans la bouche de sa mère suffit à la convaincre. De plus, le halo d’une torche enflammée éclaircissait le fond de la galerie. Les soldats approchaient. Ils auraient tôt fait de les rejoindre s’ils voyaient où ils mettaient les pieds.
    — Vite, ajouta Celma, qui s’était, elle aussi, avisée de leur présence.
    Ils accélérèrent. Ils atteignaient l’étroit passage qui menait au lac, lorsqu’une pluie de flèches s’écrasa sur la roche autour d’eux. Ils avaient été repérés. Celma perçut la brûlure de l’acier dans son épaule gauche. Elle refusa la douleur et poussa les deux enfants dans le tunnel qui s’ouvrait devant eux, vers la lumière intense et bleutée que la voix illuminait de sa troublante présence.
    *
    Mathieu avait couru vers le campement provisoire où il avait abandonné son fils. Vivre ou mourir lui importait peu. Il voulait savoir. Sa voix creva le plafond obscur :
    — Petit Pierre !
    Il n’obtint pas de réponse, recommença. Il déboula dans la trouée de châtaigniers. Retrouva les besaces abandonnées là, près de la couverture de peau tannée sur laquelle son fils s’était étendu. Pas âme qui vive. Il pivota sur lui-même, plaça en porte-voix ses mains ensanglantées, appela encore et encore jusqu’à en avoir le souffle coupé. Jusqu’à prendre conscience du bruissement des branches autour de lui, du crissement de la neige. Il sortit son braquemart du fourreau. Petit Pierre avait certainement été saisi dans son sommeil. S’il l’était aussi, c’en serait fini d’eux. Libre, il pouvait encore le sauver, d’une manière ou d’une autre.
     
    Enguerrand de Sassenage écarta une branche cassée par le passage de Mathieu et le trouva devant lui, solidement campé sur ses jambes légèrement fléchies, prêt au combat.
    *
    Celui que troubla le moins la présence de ce buste émergeant du lac, ruisselant à la fois d’eau et d’une aura splendide, fut Jean, certain qu’il venait de découvrir le fabuleux secret de son frère et de Mathieu. Bertille quant à elle continuait de lui comprimer la main par saccades nerveuses, incapable d’avancer. La créature leur barrait le passage, à quelques pas seulement du bord. Ils étaient pris entre deux feux.
    Celma repoussa les enfants sur le côté afin qu’ils n’offrent pas une cible parfaite aux soldats. Déterminée, elle s’avança jusqu’à l’onde. Sitôt que le chant se tut, la lumière se mit à décroître autour de Mélusine.
    — Il ne faut pas avoir peur de moi, dit-elle en direction des enfants.
    — Je n’ai peur que de ces hommes derrière nous.
    La créature hocha la tête. Une réelle bonté émanait de son visage. Était-ce bien là cette démone dont Mathieu avait dépeint la perversité ? se demanda Celma en la voyant tendre un doigt vers un amoncellement de rochers.
    — Il y a un sentier, par là, qui contourne le lac et mène vers d’autres galeries. Pas moins de trois lieues à parcourir avant de revoir le jour. Je vous guiderai si vous me faites confiance.
    — Je n’ai pas le choix, décida la devineresse.
    La lumière des torches grandissait derrière elle. Les bottes des soldats martelaient le sol, résonnaient sous la voûte du tunnel. Bertille n’avait pas attendu le signal de sa mère, pressée de fuir l’endroit, elle rasait déjà les concrétions de calcaire pour trouver le passage. Celma les rejoignit en se tenant le coude. La douleur de la flèche lui irradiait tout le bras.
    — Cachez-vous, ordonna Mélusine.
    Ils obéirent, plongeant entre les blocs.
    *
    Fanette ne s’était pas endurcie des années durant pour subir

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