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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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commencement. Je veillerai, moi, à ce que personne ne l’empêche. Fanette encore moins. Car je le dis et je le répète, ce qu’elle a fait une fois, elle le refera.
    *
    La fatigue avait eu raison de Mathieu. L’avant-bras ruisselant du sang de ses écorchures, la tranche du poing et les phalanges noircies par la répétition des coups, il avait fini par se laisser tomber à genoux à la nuit tombante, cognant encore du front jusqu’à en avoir la tête lourde, jusqu’à ne plus pouvoir la relever, jusqu’à ce que la dureté du bois le vrille insupportablement et annihile sa volonté. Personne n’était venu. Pas même pour lui porter à dîner. Sa punition sans doute pour avoir ébouillanté le valet. Un sanglot de rage s’étouffa dans sa gorge. Il n’avait plus seulement la force de pleurer son fils condamné. Il trouva celle de se laisser glisser par le côté, recroquevillé sur son désespoir, et s’endormit, brisé.
    Il n’entendit pas le cheval s’immobiliser dans la cour de la maison forte de la Rochette au sous-sol de laquelle il était enfermé. Ni Enguerrand franchir le seuil de la bâtisse, heureux de revenir chez lui après avoir appris à Romans, où il avait escorté les prisonniers, la disparition de Fanette et le sort qu’elle avait fait à Luirieux, reclus pour se soigner.
    Encore moins l’éclat de sa voix quand il comprit les conditions de détention dans lesquelles on l’avait maintenu.
    Lorsque Enguerrand de Sassenage se précipita pour le tirer de sa prison, il eut beau le secouer, se confondre en excuses, il ne parvint pas à le sortir de sa torpeur. Le chef des mercenaires le chargea sur son épaule comme un vulgaire paquet et le mena dans une des chambres de la deuxième des tours carrées qui terminaient le corps de logis rectangulaire. Celle-là même qu’ils avaient réservée à Enguerrand et dans laquelle, anticipant son arrivée, un feu ardent brûlait.
    La tête ballante, sans réaction, Mathieu fut allongé dans le lit ouvert et offrit alors, à la faveur de la lumière qui inondait la pièce, la vision de son crâne aussi boursouflé et ensanglanté que son poing. Enguerrand sentit son cœur s’étrangler. Un filet de sang avait coulé du nez de Mathieu.
    C’est à cet instant qu’il douta de le voir un jour se réveiller.

20
     
    Le pape était ragaillardi. Ses ébats tumultueux avec Julie Farnèse avaient apaisé ses angoisses et dompté ses insomnies. Deux jours seulement qu’elle était revenue et tout lui souriait de nouveau.
    Le duc de Calabre lui avait affirmé au matin qu’il serait en mesure de repousser l’assaut du roi Charles contre la ville sainte, et son petit prisonnier, flagellé par ses soins dans un des cachots du château Saint-Ange, lui avait révélé des informations précieuses sur la fausse dame de Bressieux, tandis que la caravane des siens quittait la ville, solidement encadrée de soldats.
    Pour ajouter à sa belle humeur, il attendait en son cabinet les ambassadeurs français qui avaient grossi l’escorte de Julie, se frottant les mains à la pensée de la réponse qu’il comptait leur faire, le vit dénudé dans la bouche de cette dernière, invisible sous le bureau.
    Lorsqu’ils entrèrent, annoncés par son camerlingue, il plaqua son ventre contre la tranche de bois pour dissimuler tout à fait sa libidineuse activité et croisa les doigts pour contenir les vagues doucereuses du désir habilement contrôlé par sa jeune maîtresse.
    Ils étaient trois. Le général des finances, Denis de Bidault, le chambellan du roi, Louis de La Trémoille, et Jean de Ganay, président au parlement de Paris, qui faisaient antichambre depuis leur arrivée, l’avant-veille. Agacé par son enlèvement, Alexandre VI les avait à peine salués au moment où il avait rejoint Julie, n’ayant d’yeux et d’attention que pour elle et ses cousines. Il avait laissé à son fils César le soin de conduire ces ambassadeurs en leurs appartements, puis le soir venu au palais Santa Maria in Porticu, où Lucrèce avait été suffisamment enjouée et charmeuse pour enlever le titre de dame de beauté qui l’opposait à la fausse Hélène.
    Depuis, il les avait fait patienter avec une placide indifférence.
    Retenu délicieusement en position assise, il ne leur permit pas de baiser l’anneau papal et offrit un sourire carnassier en réponse à leurs visages désappointés.
    Voyant qu’ils n’obtiendraient rien de plus, Louis de La Trémoille se

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