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En ce sang versé

En ce sang versé

Titel: En ce sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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elles-mêmes.
    Allons, il devait maintenant se consacrer à affaire bien plus urgente, et qui l’agaçait puisqu’il ne savait par quel bout la prendre. Nogaret était parvenu à retourner la fidélité d’Arnaud de Tisans en sa faveur. Sans rien débourser qui plus était, hormis une promesse de grand bailliage d’épée en remplacement du félon, coquin, Adelin d’Estrevers. Au fond, la déception de Tisans envers monseigneur de Valois avait été la raison principale justifiant son allégeance à messire de Nogaret. Déception subtilement et très largement inspirée par les phrases à double entente et les demi-mensonges du conseiller lorsqu’il avait reçu le sous-bailli de Mortagne. Et quoi, la vérité ! La vérité n’était qu’une protestation de bonne foi, dulcifiant les plus amers breuvages, à peu de frais. Seuls le mensonge et la duperie permettaient de gouverner, pourvu qu’on leur gardât l’apparence de la sincérité, et messire de Nogaret excellait en cet art exigeant. Quelle importance ? En la matière, seul comptait le fait qu’Arnaud de Tisans lui soit acquis et le croie, telles paroles d’Évangile. Une fois Tisans en place, et contrairement à ce que penserait alors le gros Valois dont l’intelligence politique n’était certes pas la plus grande vertu, le comté du Perche serait dirigé par Nogaret de derrière la tenture. Ne restait au conseiller que Nogent-le-Rotrou, enclave bretonne en Perche, à mettre en laisse.
    Nogent-le-Rotrou, Guy de Trais… comment se défaire de celui-ci afin d’avancer un autre de ses pions ?
    Avait-il manqué de finesse ou de rouerie en n’utilisant pas davantage les meurtres des petits miséreux ? Tisser de toutes pièces une complicité, même passive, de Guy de Trais ? Bah, trop tard ! Il trouverait autre motif pour écarter l’amène bailli un peu fat, s’il en jugeait par la description que lui en avait brossée Tisans.
    1 - Isabelle de Castille, 1283-1328. Elle épousa en effet Jean III en 1310.

    2 - Instrument à cordes à sonorité très douce, très prisé des dames.

    3 - Instrument à cordes pincées, très utilisé pour accompagner le chant et vraisemblablement dérivé de la cithare.

XXI
    Nogent-le-Rotrou, décembre 1305
    A rnaud de Tisans, épuisé, défait, rejoignit Hardouin cadet-Venelle au soir échu, à l’auberge de la Hase Guindée. Leur souper à peine terminé, il déclara d’un ton presque hargneux :
    — Un sombre pressentiment m’habite, que je ne parviens à chasser, Venelle. Est-il sage de poursuivre cette quête de vérité ?
    — Qu’ouïs-je ? s’exclama le Maître de Haute Justice. Il s’agit du vil meurtrier de votre fille. Il doit payer pour son inqualifiable forfait.
    — Oh… je divague… la fatigue de la longue course, sans doute. Je n’ai plus vingt ans !
    — Nous partirons à l’aube, seigneur bailli. J’ai ensuite affaire de la plus extrême urgence à régler céans… Affaire pour laquelle il me faut requérir votre aide. Je dois rencontrer une dame, injustement accusée d’enherbement, j’en jurerais, notamment grâce aux précisions savantes qu’a bien voulu m’offrir le mire Méchaud.
    — Mon aide vous est acquise, si je puis.
    — Je le pense. Requérir permission de visite pour moi auprès du seigneur Guy de Trais que vous connaissez un peu.
    — Je lui ferai porter au demain une missive dans ce sens.
    — Votre obligé, messire.
    — Pas tant que moi, commenta le sous-bailli, avant d’ajouter, de bien fâcheuse manière : Une dette de moins à mon ardoise ?
    L’indéchiffrable regard gris le fixa, puis :
    — À votre souhait. Je ne tiens pas comptabilité de reconnaissance, monsieur.
    Un fard de confusion monta aux joues d’Arnaud de Tisans, le soufflet étant sèchement envoyé. Il marmonna en se levant :
    — Fichtre, j’ajoute la grossièreté au manque de perspicacité. Votre pardon pour ma muflerie. Je ferais mieux d’aller sitôt me coucher. Je vous souhaite la belle nuit.

    Dès qu’il eut disparu en haut des marches, maîtresse Hase s’approcha, s’enquérant :
    — J’ai cru ouïr d’un départ aux aurores.
    — Si fait.
    — Allons, il faut me prévenir, messire, afin que je vous prépare un bon repas qui leste les corps, et une bougette pour la route, se plaignit-elle. Songez à ma réputation si je laissais sortir de chez moi des ventres creux ! Et si je puis, où vous mèneront cette fois vos affaires ? En Bellême, à

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