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En ce sang versé

En ce sang versé

Titel: En ce sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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improvisation. Elle a surgi. On est passé à l’action avec les moyens du bord.
    — Un aumôneur ? Notre suiveur ?
    — Qui sait ?
    Soudain pressé, Arnaud de Tisans remonta en selle, lançant :
    — Allons, monsieur, poursuivons, je vous en conjure. Je veux savoir. Hardouin ? Le moment venu… laissez-le moi. N’intervenez pas.
    — À votre volonté et honneur de père.
    1 - Impôt frappant le blé et le vin, un douzième de la récolte.

    2 - Impôt perçu par l’église sur tout porc, brebis, animal de basse-cour abattu.

    3 - Braconniers. Ancien français qui signifia d’abord « chiens de chasse » et nous a laissé le nom de race « braque ».

    4 - 538-594.

    5 - Anonyme, XIII e siècle.

    6 - Balai fait de branches de houx, puis de branchages ou de plumes.

    7 - Prendre la fuite. Nous a laissé « prendre la poudre d’escampette ».

XXIII
    Alentours de Nogent-le-Rotrou, décembre 1305,
 au même moment
    L orsque Martine, la voix heurtée de sanglots, lui avait conté par le menu sa visite en Nogent, sa rencontre avec la jeune femme Adèle puis son entretien avec Eustache de Malegneux, sans oublier l’indécente tentative de corruption de celui-ci, la baronne Béatrice de Vigonrin était restée roide, figée, telle une statue de marbre ancien.
    Martine avait fini par laisser couler les larmes retenues durant le voyage de retour.
    Mme Béatrice s’était levée et lui avait enserré la taille de son bras, déclarant d’un ton trop calme :
    — Merci, ma bonne, tu m’as fidèlement servie, à ton habitude. Je t’en suis reconnaissante. De fait, lorsqu’on exige la vérité, il faut avoir la dignité de la supporter ensuite. Il me faut informer Agnès. Réfléchissons, veux-tu ?
    Martine avait senti que la baronne mère soliloquait, s’adressant en fait à elle-même.
    — Or donc, Eustache la cocufie avec une catin de borde qu’il a installée et ne tardera pas à engrosser. Il l’aime, cet affligeant abruti. Décidément, je l’ai toujours jugé méprisable et insupportable ! Quant à cette fillette commune, qu’elle l’aime ou pas, elle serait bien sotte de laisser filer la poule aux œufs d’or et je ne puis que la comprendre. Il a bien promis, Martine, qu’il pourvoirait à nos besoins, « le nécessaire et le superflu » ?
    — Si fait, madame. Il l’a répété.
    — Bon, finalement, une moindre perte, évalua Béatrice de Vigonrin et, de plus, nous sommes débarrassées de cette loche imbécile dont Agnès ne regrettera ni la présence, ni la couche. Certes, on jasera autour de nous. Cependant, avec un peu de finesse, nous parviendrons à retourner les langues vipérines à notre profit. Pauvre, chère, admirable Agnès, injustement abandonnée avec son fils par un échauffé des sens. Car voici la version que nous offrirons au monde. Eustache, en raison d’une piètre virilité, ne pouvait parvenir à la satisfaction de son besoin d’homme sans d’obscènes actes bordeleux que toute bonne chrétienne se refuserait à envisager. À moins que…
    — À moins que, madame ?
    — À moins d’un acte devant notaire, dans lequel Eustache octroiera à ma fille une très généreuse rente annuelle et prévoira la large part à revenir à son fils Étienne après son décès. J’en informerai moi-même mon fils d’alliance. Dans ce cas, et seulement dans ce cas, nous nous engagerons à garder une élégante réserve à son sujet.
    Martine avait approuvé d’un mouvement de tête. Tentant sans doute de se justifier à ses propres yeux, la baronne mère avait conclu :
    — Ma bonne, c’est Eustache qui a rompu un marché tacite, à la manière d’un déhonté. Que croyait-il ? Le petit monsieur, laid et gras, dépourvu d’esprit et de manières, dont les quartiers de noblesse furent raclés de fonds de tiroirs ! Il a épousé une magnifique créature, érudite, vive, de haut lignage. Que mettait-il dans la corbeille de mariage ? Son argent, rien d’autre. Nous le savions tous. Il n’y eut jamais tricherie ni vile manigance de la part des Vigonrin. Eh bien, sur mon âme, il respectera sa part du contrat ou lui et sa fille des rues s’en mordront les doigts !

    Ainsi que le prévoyait la baronne mère, Agnès avait accueilli la nouvelle avec sérénité, dès que la question financière avait été expédiée. Son unique commentaire fut :
    — Au fond, ma mère, réjouissons-nous de ce cadeau du ciel. L’argent d’Eustache, sans Eustache.

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