Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
vous et les Blancs, répondit le général Howard.
— Il n’y a personne qui désire plus la paix que moi, l’assura Cochise.
— Dans ce cas, dit Howard, nous pouvons nous entendre. »
Cochise répondit que les Chiricahuas n’avaient attaqué aucun Blanc depuis leur fuite de Cañada Alamosa. « Mes mustangs sont peu nombreux et en piteux état, ajouta-t-il. J’aurais pu en avoir d’autres en attaquant les voyageurs de la piste de Tucson, mais je m’y suis refusé. »
Howard laissa entendre que les Chiricahuas auraient de meilleures conditions de vie s’ils acceptaient de vivre sur une grande réserve au bord du Rio Grande.
« J’y suis allé, répondit Cochise, et j’aime l’endroit. Je suis prêt à y aller avec ceux des miens qui peuvent me suivre plutôt que de renoncer à la paix, mais cela entraînera la division de ma tribu. Pourquoi ne pas me donner Apache Pass ? Alors, je protégerai toutes les routes. Je veillerai à ce que les Indiens ne volent les biens de personne. »
Howard ne s’attendait pas à une telle proposition. « Oui, pourquoi pas », dit-il, avant de souligner les avantages de vivre sur la réserve près du Rio Grande.
Mais Cochise n’était plus intéressé. « Pourquoi m’enfermer sur une réserve ? demanda-t-il. Nous ferons la paix. Nous la respecterons scrupuleusement. Mais laisse-nous être libres de nos mouvements, comme les Américains. Laisse-nous circuler librement. »
Howard tenta de lui expliquer que le pays chiricahua n’appartenait pas aux Indiens et que les Américains s’y intéressaient. « Pour maintenir la paix, dit-il, nous devons fixer des limites. »
Cochise ne parvenait pas à comprendre pourquoi on ne pouvait pas établir des limites dans la région des Dragoon Mountains comme on le faisait près du Rio Grande. « Combien de temps resteras-tu ici, général ? demanda-t-il. Attendras-tu mes capitánes pour venir discuter ?
— Je suis venu de Washington rencontrer ton peuple et faire la paix. Je resterai aussi longtemps qu’il le faudra. »
Ainsi, le général Oliver Otis Howard, collet monté de Nou-velle-Angleterre, diplômé de West Point, héro de Gettysburg, amputé d’un bras après la bataille de Fair Oak (Virginie), resta au village apache onze jours. Il fut conquis par la courtoisie, les manières simples et directes de Cochise, et tomba sous le charme des femmes et des enfants chiricahuas.
« J’ai dû abandonner le projet Alamosa, écrivit-il par la suite, et leur donner, ainsi que Cochise l’avait suggéré, une réserve qui comprenait une partie des Chiricahua Mountains et de la vallée se trouvant sur leur flanc ouest, réserve qui incluait la Big Sulphur Spring, une source, et le ranch Rodgers. »
Il restait un problème à régler. Selon la loi, il fallait nommer un Blanc au poste d’agent de la nouvelle réserve. Pour Cochise, la solution était toute trouvée ; il n’y en avait qu’un seul auquel les Chiricahuas faisaient confiance – Taglito, l’homme à la barbe rouge, alias Tom Jeffords. Ce dernier commença par refuser. Il n’avait aucune expérience dans le domaine et en outre, le salaire était médiocre. Cochise insista tant et si bien que Barbe-Rouge finit par céder. Après tout, c’était aux Chiricahuas qu’il devait sa vie et sa prospérité.
Les Apaches Tontos de Delshay et les Aravaipas d’Eskiminzin eurent hélas moins de chance.
Delshay, qui avait proposé au grand capitán de Camp McDowell de conclure un traité à condition qu’une agence tonto soit établie à Sunflower Valley, n’avait reçu aucune réponse, ce qu’il interpréta comme un refus. « Dieu a fait l’homme blanc et Dieu a fait l’Apache, avait-il dit, et l’Apache a droit à cette terre tout autant que l’homme blanc. » Il n’avait signé aucun traité, n’avait reçu aucun papier lui donnant le droit de voyager dans le pays comme un Blanc ; par conséquent, c’était en Apaches que ses guerriers et lui parcouraient ces terres. Les Blancs n’aimaient pas cela. Fin 1872, Loup-Gris envoya des soldats sillonner le Tonto Basin à la recherche de Delshay et de ses partisans. C’est uniquement à la Lune-des-grandes-feuilles que ses troupes furent suffisamment nombreuses pour piéger les Apaches. Ceux-ci, encerclés et voyant que leurs femmes et leurs enfants se faisaient tirer dessus, n’eurent d’autre solution que de hisser le drapeau blanc.
Le chef d’escadron George M. Randall emmena
Weitere Kostenlose Bücher