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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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la présence du plus célèbre des chefs sioux encore vivants, Dawes et ses collègues invitèrent tout d’abord Running Antelope, puis le jeune John Grass, fils d’Old Grass, le chef des Sioux Blackfoots, à témoigner.
    Enfin, Dawes se tourna vers l’interprète : « Demande à Sitting Bull s’il a quelque chose à dire au comité, lui ordonna-t-il.
    — Oui, je parlerai si vous le désirez, répliqua Sitting Bull. Je suppose que seuls ceux que vous désirez entendre ont le droit de s’exprimer.
    — Nous pensions que les Indiens choisiraient des porte-parole, répondit Dawes, mais si quiconque désire s’exprimer ou veut parler au nom des Indiens, nous serons ravis de l’entendre s’il a quelque chose à nous dire.
    — Sais-tu qui je suis, pour me parler de la sorte ?
    — Je sais que tu es Sitting Bull, et si tu as quelque chose à dire, je serai ravi de t’entendre.
    — Me reconnais-tu ? Sais-tu vraiment qui je suis ?
    — Je sais que tu es Sitting Bull.
    — Tu sais que je suis Sitting Bull, dis-tu, mais sais-tu quelle position j’occupe ?
    — Je ne vois aucune différence entre toi et les autres Indiens de cette agence.
    — Je suis ici par la volonté du Grand Esprit, et c’est par sa volonté que je suis chef. Mon cœur est rouge et doux et sucré, et je sais qu’il est doux et sucré car il attire tous ceux qui s’approchent de moi ; et pourtant, vous autres qui êtes venus parler avec nous, vous dites que vous ne savez pas qui je suis. Je tiens à ce que vous sachiez que si le Grand Esprit a choisi quelqu’un pour être le chef dans ce pays, ce quelqu’un, c’est moi !
    — Quelle que soit la qualité sous laquelle tu te présentes aujourd’hui, si tu veux nous dire quelque chose, nous t’écoute-rons ; sinon, nous congédierons ce conseil.
    — Soit, tu as raison, déclara Sitting Bull. Vous vous conduisez comme des hommes qui ont bu du whisky, alors que je venais vous donner quelques conseils. » Sur ce, il fit un grand geste de la main et tous les Indiens qui se trouvaient dans la pièce se levèrent et le suivirent dehors.
    Pour Dawes et ses collègues, l’idée que les Sioux puissent se rallier autour d’un grand chef comme Sitting Bull était insupportable. Il y avait là de quoi mettre en péril la politique indienne du gouvernement et son ambition de blanchir les tribus en éradiquant tout ce qu’il y avait d’indien en elles. Or, en moins de deux minutes, les membres de la commission avaient offert à Sitting Bull l’occasion de leur montrer qu’il avait le pouvoir de bloquer cette politique.
    Plus tard dans la journée, les autres chefs hunkpapas s’entretinrent avec Sitting Bull. Ils l’assurèrent de leur loyauté, tout en lui reprochant d’avoir choqué les envoyés du gouvernement. Ces hommes étaient différents des voleurs de terres venus l’année précédente ; c’était des représentants du Grand Père qui voulaient au contraire les aider à conserver leur territoire.
    En dépit de ses doutes sur la fiabilité des Blancs, Sitting Bull déclara que s’il avait commis une erreur, il était prêt à s’excuser. Il envoya un message à Dawes et ses collègues pour leur proposer une nouvelle rencontre.
    « Je suis ici pour m’excuser de ma mauvaise conduite, leur annonça-t-il alors, et pour reprendre ce que j’ai dit. Je suis prêt à le reprendre parce que j’estime que j’ai rendu vos cœurs mauvais. (…) Ce que je reprends, ce sont les paroles qui ont provoqué le départ de mes frères, et je tiens à m’excuser d’être moi-même parti. (…) À présent, je vais vous dire ce que je pense et je parlerai franchement. Je sais que tout là-haut le Grand Esprit me regarde et entend ce que je dis. Alors je vais m’efforcer d’être franc. Et j’espère que quelqu’un entendra les souhaits que j’exprime et m’aidera à les réaliser. »
    Puis il passa en revue l’histoire des Sioux depuis sa propre naissance, dressant la liste des promesses que le gouvernement avait rompues, tout en ajoutant qu’il s’était engagé à suivre la route de l’homme blanc et qu’il tiendrait parole. « Si un homme qui a perdu quelque chose revient en arrière et cherche vraiment, il le trouvera, et c’est précisément cela que les Indiens font maintenant en vous demandant de leur donner ce qui leur avait été promis, et je ne vois pas pourquoi ils devraient être traités comme des bêtes. C’est la raison pour laquelle j’ai

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