Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
piégé les soldats de Sibley à Birch Coulee.
Les deux chefs santees avaient auparavant discrètement encerclé le camp des soldats pour les empêcher de s’enfuir. D’après Big Eagle : « [L]a bataille a commencé dès l’aube. Elle s’est poursuivie toute la journée et toute la nuit, et ne s’est terminée qu’en fin de matinée le lendemain. Les deux camps se sont bien battus. Les Blancs combattaient d’une telle façon qu’ils ont perdu beaucoup d’hommes, alors que très peu d’indiens sont tombés (…). Vers le milieu de l’après-midi, nos braves ont commencé à se lasser de la longueur de la bataille et de l’entêtement des Blancs. Ordre a été donné dans nos lignes de se préparer à l’assaut du camp (…).
« Nous nous apprêtions à charger quand nous avons appris qu’un groupe important de cavaliers venus de l’est se dirigeait vers Fort Ridgely. La nouvelle nous a mis dans un tel état d’excitation que nous en avons oublié de donner l’assaut. Mankato a réagi immédiatement : prenant quelques hommes avec lui, il est parti à la rencontre des ennemis (…). Il a déployé ses forces de telle manière, et les guerriers ont fait tellement de bruit, qu’enfin les Blancs ont commencé à rebrousser chemin. Trois kilomètres plus loin, ils se sont mis à creuser des tranchées. Mankato les a suivis puis, laissant quelques hommes sur place, a rejoint les autres à Birch Coulee. Ses compagnons et lui ont bien ri de la manière dont ils avaient dupé les Blancs, et nous nous sommes tous réjouis que nos ennemis n’aient pas avancé davantage et ne nous aient pas repoussés (…).
« Le lendemain matin, le général Sibley, arrivé à la tête d’une importante colonne de soldats, nous a contraints à nous replier, ce que nous avons fait, sans nous presser. Certains de nos guerriers disent être restés jusqu’à ce que Sibley se lève. Ils auraient tiré sur certains de ses hommes au moment où ils serraient la main des soldats du camp. Ceux d’entre nous qui se trouvaient dans la prairie ont repris la direction de l’ouest et descendu la vallée (…). Il n’y a eu aucune poursuite. Au moment où nous quittions la prairie, les Blancs nous ont tiré dessus avec leurs canons, mais ils ont fait aussi peu de dégât dans nos rangs que s’ils s’étaient contentés de frapper sur une grosse caisse, cela aurait eu le même effet – du bruit, voilà tout. Nous avons regagné notre campement dans le vieux village sur l’autre rive, avant de remonter la rivière jusqu’au confluent de la Yellow Medicine River et de la Chippewa. Là, nous avons été rejoints par Little Crow (…). Enfin, nous avons appris que Sibley et son armée avaient repris l’offensive (…). Sibley avait laissé une lettre destinée à Little Crow sur un bâton à l’extrémité fendue, que nos hommes ont trouvée sur le champ de bataille de Birch Coulee et nous ont apportée(…). »
Le message, bref, n’engageait à rien :
Si Little Crow a une proposition à faire, qu’il me le fasse savoir par l’intermédiaire d’un métis, et il pourra entrer dans notre camp et en sortir sans danger.
Colonel H. H. Sibley.
Little Crow avait de bonnes raisons de se méfier de cet homme suffisamment malin pour parvenir à empocher une bonne partie de l’argent promis aux Santees en vertu des traités. Il décida malgré tout d’envoyer une réponse. Il se disait peut-être que, ayant passé un certain temps à White Rock (St. Paul), Sibley ne savait pas pourquoi les Santees avaient pris le sentier de la guerre. Par ailleurs, Little Crow tenait aussi à ce que le gouverneur Ramsey connaisse les raisons du conflit. Parmi les Santees qui avaient conservé leur neutralité, beaucoup se souvenaient avec effroi de ce que Ramsey avait dit aux Blancs du Minnesota : « Les Sioux doivent être soit exterminés, soit repoussés au-delà des frontières de l’État. »
Le message envoyé par Little Crow au général Sibley le 7 septembre était ainsi rédigé :
Les raisons pour lesquelles nous avons commencé cette guerre, les voici. C’est à cause du chef d’escadron Galbraith. Nous avons conclu un traité avec le gouvernement, mais nous sommes obligés de mendier et n’obtenons quelque chose que lorsque nos enfants meurent de faim. Ce sont les négociants qui sont à l’origine de tout cela. Mr A J. Myrick a dit aux Indiens qu’ils n’avaient qu’à manger de l’herbe ou des excréments.
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