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Et Dieu donnera la victoire

Et Dieu donnera la victoire

Titel: Et Dieu donnera la victoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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la charpie, et vite ! Toi, Pierrelot, va chercher une botte de paille. Faudrait pas qu’il mette du sang partout...
    Le soldat ne reprit connaissance qu’une heure environ après le dîner. Il bougea lourdement sur sa paillasse, murmura quelques mots inaudibles à travers sa barbe rousse, puis tenta de se lever en s’appuyant sur ses coudes. Zabelle, aidée de Jeannette, l’aida à se remettre d’aplomb, le dos contre le mur, et lui présenta une grande écuelle de soupe au vin qu’il avala d’un trait.
    Écarquillant les yeux, il demanda avec un lourd accent teuton où il se trouvait.
    – Vous êtes de braves gens, dit-il en promenant son regard autour de lui. Sans vous... sans vous je serais mort.
    Josef Birkenwald était originaire d’un village situé en Alsace, en marge de la forêt de Saverne. Pour se distinguer des mercenaires qu’il avait rejoints deux ans auparavant, il avait adopté le nom de sa localité. Il avait décidé de quitter son pays natal après qu’une expédition de Bourguignons menés par un certain capitaine La Hire, de son vrai nom Étienne de Vignolles, avait incendié sa ferme et enlevé son épouse. Il était entré au service de Louis de Bar et, après quelques mois de campagne, avait obtenu le grade et la solde de sergent.
    – Et qu’est-ce qui nous vaut l’honneur de ta visite ? demanda Jacques.
    À la suite d’un engagement désastreux contre une compagnie conduite par un capitaine de Vergy dans les parages de Jubain-ville, à moins de deux lieues de Domrémy, il avait été laissé pour mort, soulagé de ses armes et de son argent, avec cette blessure à la cuisse, qui n’était pas belle. Ce n’est pas sans souffrir qu’il avait pu se traîner jusqu’à cette maison bénie des dieux .
    – Béni des dieux, dit Jacques, c’est toi qui l’es, sergent ! Tu aurais pu tomber plus mal. Si tu t’étais réfugié chez les brigands de Maxey, qui sont aux Bourguignons, tu serais en train de sourire aux anges.
    – Qu’est-ce qu’on va faire de lui ? répéta Zabelle.
    – Rassurez-vous, dit le sergent. Le temps de dormir un peu, je repartirai pour tâcher de retrouver ma compagnie.
    – Dans l’état où tu es, dit Jacques, tu n’irais pas loin. Tu resteras le temps de te remettre d’aplomb et après tu iras au diable si tu veux...
    À trois jours de là, Josef Birkenwald put faire ses premiers pas dans le courtil, aidé de Zabelle. Une semaine plus tard, il allait sans le moindre effort de la maison à l’église où il tenait à faire ses dévotions car il était très pieux. Jeannette lui prêta un chapelet.
    – Suis-moi, petite ! disait-il. J’aurais bien voulu avoir une fille comme toi, mais ces brigands de Bourguignons ne m’en ont pas laissé le temps.
    Il prenait Jeannette par la main, se plantait, le bonnet sur la poitrine, devant la statue de la Vierge et se mettait à prier à haute voix, en langue allemande. Les mots sortaient de sa gorge comme des sanglots.
    Un matin, il dit à Jacques :
    – Toi et moi, il faut que nous parlions. Je suis assez valide pour reprendre la route, mais j’ai peut-être mieux à faire qu’à rechercher ma compagnie et mon épouse que Dieu a sans doute rappelée à lui à l’heure qu’il est. En deux ans de campagnes, j’ai appris à faire la guerre. Je m’y prends assez bien puisque le duc de Bar a signé ma licence de sergent à pied, en attendant que je puisse me payer un cheval. Alors, je vous le dis : prenez garde ! Vous ne tarderez guère à recevoir de la visite. Les bandes à Vergy vous ont épargnés à cause de la proximité de Vaucouleurs et du capitaine de Baudricourt qui n’est pas tombé de la dernière pluie, comme on dit en France, mais il faut rester en alerte.
    – Si tu me proposes de prendre les armes pour aller me battre contre ces brigands, je te dis tout de suite que c’est non. Si tu tentes de débaucher mes deux aînés, tu auras affaire à moi. Nous sommes une honnête famille qui vit de son travail. Pour moi, pauvre laboureur que je suis, le monde se limite au manche de mon hoyau et aux cornes de mes vaches. Il n’est jamais entré dans ma maison une arme de guerre et il n’en entrera jamais !
    – Si tu chantais cette chanson au sire de Vergy, tu le ferais bien rigoler ! C’est pas ça que je te propose. C’est même le contraire. Ce village est une proie facile. Il a besoin d’être protégé. Alors, voilà...
    Il demanda à Jacques de lui procurer les fonds nécessaires pour

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