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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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sourire aux lèvres.

    *****
La convalescente sommeilla jusqu’un peu après l’heure du souper. Après avoir partagé le repas de la famille, l’infirmière Murphy
    monta
    un
    plateau,
    suivie
    d’une
    petite
    délégation. Elle entra dans la chambre en disant:
    — Madame Dupire, vous avez une belle visite.
    La femme sortit lentement de sa torpeur. Elle leva un peu la tête, pendant que Gladys posait le plateau sur la table.
    — Attendez, je vais redresser votre lit.
    Elle actionna la manivelle d’un bras vigoureux, jusqu’à mettre Eugénie en position assise. Les deux garçons se tinrent ensuite au pied de la couche.
    — Bienvenue à la maison, commença Antoine. Nous sommes heureux de te revoir.
    — Oui, maman, nous sommes heureux, renchérit Charles.
    La scène paraissait avoir été répétée. Il y eut un instant de silence inconfortable, puis elle leur répondit :
    — Il y a un bon moment que je vous ai vus. Comment cela se passe-t-il, à l’école ?
    Quelques jours après l’opération, Fernand les avait emmenés avec lui lors de ses visites à l’hôpital. Non seulement la voir rassurait un peu les enfants, mais leur présence évitait les trop longs silences embarrassés.
    — Le cours classique est moins difficile que tout le monde le dit, jugea l’aîné.

    — Cela veut dire que je pourrais y aller tout de suite, répéta le cadet pour la millième fois depuis septembre. Je n’endure plus les frères.
    — Voyons, tu es trop jeune. Patiente encore un peu.
    L’échange représentait déjà une longue conversation, entre eux. Après un nouveau silence, Charles demanda :
    — Ça te fait encore mal ?
    — Pas tellement, mon chéri. Seulement quand je ris, et comme tu le sais, cela n’arrive pas tellement souvent.
    La pointe d’humour s’avérait si rare, dans sa bouche, que même Fernand ne réprima pas un sourire. L’infirmière avait déniché une curieuse petite table, dont les pieds se plaçaient sur le lit de part et d’autre des jambes de la convalescente.
    Elle y déposa le plateau. Afin de rompre l’embarras réciproque, elle murmura :
    — Maintenant, les garçons, si vous voulez laisser votre mère manger...
    Cela agit comme un déclencheur. Avec un bel ensemble, ils prononcèrent un «Bonne nuit, maman» à voix basse, puis quittèrent la pièce pour aller jouer aux cartes avec leur grand-mère. Fernand regagna plutôt son bureau. Quand l’infirmière passa un peu plus tard devant sa porte, le plateau du repas dans les mains, il appela :
    — Mademoiselle Murphy ?
    Elle s’arrêta pour se tourner vers lui.
    — Quand vous aurez rangé cela, venez me voir, je vous prie.
    Elle acquiesça de la tête et disparut vers la cuisine. A son retour, il lui désigna la chaise devant son bureau.
    — Comment vous sentez-vous, après cette journée ?
    — Elle n’est pas terminée.
    — Mais encore ?

    — Cela ira. Ne craignez rien.
    Son sourire indiquait combien certaines situations drainaient bien plus son énergie.
    — Si cela vous convient, vous serez la bienvenue chez maman, avant d’aller au lit. Comme elle dort très peu, elle aime avoir de la compagnie.
    — Je ne sais pas...
    — C’est le seul endroit de la maison où vous entendrez des éclats de rire.
    — Je sais, j’en ai entendu tout à l’heure.
    Les deux garçons se faisaient un plaisir de visiter la vieille dame avant de se retirer pour la nuit.
    — Elle vous trouve adorable, elle me l’a dit. Elle aurait aimé avoir une fille, et comme Béatrice se trouve au couvent...
    — C’est une gentille dame...
    — Elle voudra jouer aux cartes. Je vous préviens, elle triche.
    La jeune femme rit de bon cœur. Elle aussi visiterait la pièce au fond de la maison, quand l’atmosphère deviendrait trop lourde.

    Chapitre 19

    Le vendredi, le magasin PICARD connaissait un plus grand achalandage, et le travail au service de livraison s’allongeait après la fermeture du commerce aux clients.
    Jacques Létourneau avait hésité longtemps avant de tenter cette démarche, tellement elle paraissait vouée à l’échec.
    Il se glissa à l’arrière du commerce, passa entre les quelques camions pour entrer par le quai de livraison. Un gros homme occupait encore un petit cagibi aux murs en verre. Quand Jacques plaça son visage devant une vitre, l’autre lui fit signe d’entrer en disant:
    — Létourneau, qu’est-ce que tu fais ici ?
    L’étudiant entra et prit place sur la chaise devant le bureau avant de confier

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