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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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pourrais en avoir ?
    — C’est un symptôme.
    Elle se releva avec le spéculum à la main, les yeux interrogateurs.
    — Si vous cherchez la salle de bain, c’est la porte à côté, indiqua Eugénie.
    Thalie prit une bouteille d’alcool dans son sac, puis disparut le temps de nettoyer l’instrument et ses doigts.
    Quand elle revint, sa patiente avait remis son peignoir pour s’installer dans son fauteuil. Elle s’assit sur le siège voisin.
    — Je ne constate rien d’alarmant. De votre côté, vous me dites ne rien remarquer de singulier.
    — Aucune manifestation nouvelle.
    — Pour préciser mon diagnostic, seul un examen plus attentif...
    — Nous verrons cela plus tard.

    De nouveau, la visiteuse examina la pièce au décor masculin.
    — Vous avez ici des conditions idéales pour vous reposer, et bien récupérer.
    — C’était le refuge de mon mari. Le temps nous dira s’il se révélera propice ou non. Voulez-vous que je nous fasse monter du thé ?
    — Je vous remercie, mais je dois me rendre au Jeffrey Haie.
    Elle se leva sur ces mots, son hôtesse fit de même. Thalie lui serra la main.
    — Je vous souhaite bonne chance, madame Dupire.
    — Merci. Croisez-vous Elise tous les jours ?
    — Pas tous les jours, mais tout de même très souvent.
    — Pourriez-vous lui rappeler son engagement à venir me voir ?
    Le médecin hocha la tête, puis descendit au rez-de-chaussée.
    Gloria
    devait
    se
    tenir
    en
    vigie,
    aussi
    vint-elle
    l’aider à revêtir son manteau. Après ce tête-à-tête plutôt triste, l’air froid lui fit le plus grand bien.

    *****
    Élise ne se souvenait pas de s’être engagée formellement à rendre
    visite
    à
    sa
    vieille
    camarade
    de
    couvent.
    Elle se présenta tout de même à la porte de la grande maison de la rue
    Scott,
    après
    avoir
    annoncé
    sa
    venue
    par
    téléphone.
    Après un premier coup du heurtoir, la domestique vint lui ouvrir.
    — Je me nomme Elise Hamelin... commença-t-elle.
    — Bien sûr, madame vous attend.

    Pendant qu’elle l’aidait à enlever son manteau, Gloria dit encore :
    — Comme elle se sentait un peu fatiguée après dîner, elle vous recevra en haut.
    — ... Je peux revenir un autre jour.
    La visiteuse paraissait disposée à retarder cette rencontre.
    — Mais non, madame se fait une joie de vous recevoir.
    Résignée, elle se laissa guider dans l’escalier, se troubla fort de se voir conduire vers la pièce du fond, la retraite de Fernand. Elle y était venue quelques fois au cours des derniers étés, assez souvent pour en perdre le compte.
    La domestique frappa à la porte, Eugénie vint ouvrir elle-même.
    — Je suis si heureuse de te voir, s’exclama-t-elle en tendant les deux mains.
    — Moi aussi, rétorqua la visiteuse en mobilisant sa volonté pour se donner une contenance.
    — Gloria, dit l’hôtesse en détournant un peu le visage, apportez-nous du thé.
    — Tout de suite, madame.
    Pendant cet aparté, machinalement, les yeux d’Elise firent le tour de la grande pièce.
    — Tu examines mes quartiers, constata encore son amie en lui lâchant les mains.
    — ... Oui. Tu es très bien installée, ici. L’endroit semble bien différent du reste de la maison.
    — Mon mari a fait aménager cela il y a quelques années.
    Le croiras-tu, ce gros empoté souhaitait cacher ici ses amours coupables avec la bonne.
    Elise comprit alors le sens de cette invitation un peu surprenante, et surtout la portée du lieu choisi.

    — Tu crois ? Cela ressemble si peu au garçon que nous avons connu il y a plus de vingt ans. Il semblait le plus religieux de notre petit cercle.
    — C’est bien la preuve qu’il ne faut se fier à personne.
    Viens t’asseoir.
    Elles occupèrent les fauteuils. Surprenant de nouveau le regard de son amie sur les aménagements de la pièce, elle ajouta :
    — Pour assurer la discrétion de son aventure, il a même fait construire une salle de bain complète dans ce petit réduit.
    La visiteuse faillit murmurer «Oui, je sais». Elle se mordit la lèvre inférieure pour se rappeler de demeurer sur ses gardes. Dès ce moment, sa compagne fat certaine du bien-fondé de ses soupçons.
    — Et en entrant, tu as sans doute remarqué l’escalier en colimaçon. La garce pouvait descendre en toute discrétion.
    Il faut un esprit bien tortueux pour imaginer de pareils aménagements.
    Elle tentait de la troubler, de faire naître au moins un doute sur la moralité de son amant.
    — Bien sûr, je ne le

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