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Eugénie et l'enfant retrouvé

Eugénie et l'enfant retrouvé

Titel: Eugénie et l'enfant retrouvé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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femme de cet âge, la jolie silhouette cadrait mal avec le célibat. D’un autre côté, elle évoquait son logis en utilisant le singulier. Il accrocha son meilleur sourire à son visage pour dire :
    — Nous avons là-bas des tables plus petites, avec seulement quatre chaises. La taille du buffet est à l’avenant...
    — Je les ai vues. Cela ne convient pas.
    — Ce sont nos modèles les plus... modestes.
    — Vous voulez dire les moins coûteux, comme je l’ai remarqué au passage. Mon problème ne concerne pas le prix, mais la taille. J’ai vraiment peu de place.
    L’autre apprécia la précision. Elle portait des vêtements simples, mais le tissu paraissait d’une qualité irréprochable.
    — Si vous me disiez combien cet endroit est petit, je saurais mieux vous conseiller. Quelles sont les dimensions de la salle à manger ?
    — Il n’y en a pas.
    Comme son interlocuteur levait les sourcils, intrigué, elle précisa :

    — Je vais emménager au Château Saint-Louis à la fin du mois.
    L’homme émit un petit sifflement admiratif et rangea son sourire séducteur. Cette personne de la Haute-Ville risquait de terminer la conversation en disant « Mon brave garçon». Sa fierté ne résisterait pas à cette marque de condescendance.
    — En réalité, je peux mettre une petite table et deux chaises soit dans la cuisine, soit dans le salon. J’incline pour la première solution.
    — Aucun buffet ?
    Comme elle hochait la tête, il continua :
    — Où mettrez-vous la vaisselle ?
    — Pour le peu que je garderai avec moi, les armoires murales dans la cuisine suffiront.
    Elle évoquait un aménagement de l’espace lui étant peu familier. Le vendeur se souvenait de photographies publiées dans des revues américaines.
    — Coûteux ou pas, je n’ai pas grand-chose à vous offrir.
    Nous avons bien de petites tables rondes que les dames utilisent pour prendre le thé...
    — Deux couverts y logeraient à peine. Cela ne peut convenir.
    De la tête, il indiqua en venir lui aussi à la même conclusion.
    — Nous vendons aussi des chaises à l’unité.
    — Qui, nécessairement, ne seront pas harmonisées à la table que je devrai trouver ailleurs.
    De nouveau, l’homme hocha la tête. Non seulement ne lui ferait-il pas les yeux doux, mais il n’ajouterait pas une vente à son palmarès.
    — Maintenant, nous pourrions regarder les ensembles de salon, et ceux de chambre à coucher. Rappelez-vous toutefois que les pièces...
    — Sont toutes petites, compléta-t-il.
    Dans une province où dominaient les grandes familles, elle constata que les meubles les moins envahissants offraient une qualité médiocre. Puis, le vendeur passa par les appareils de cuisine. Les énormes poêles au charbon et au bois ne représentaient aucun intérêt pour elle. De toute façon, au Château Saint-Louis, on ne la laisserait certainement pas percer les murs pour installer une cheminée destinée à renvoyer la fumée à l’extérieur. L’homme s’arrêta devant un appareil posé là où passait le plus grand nombre de personnes.
    — Voilà un réfrigérateur électrique.
    Thalie se pencha pour voir le prix sur l’étiquette.
    — Vous pensez vraiment en vendre ?
    — Même pas un seul, sans doute. Mais les gens s’arrêtent pour le regarder. Qui sait, un jour nous en aurons peut-être tous un à la maison.
    La jeune femme hocha la tête, très sceptique. La modernité des idées
    la
    fascinait
    plus
    que
    celle
    des
    appareils
    ménagers.
    — Je vous remercie, monsieur. Je garde en mémoire tout ce que vous m’avez montré et je continue ma tournée.
    Peut-être viendrai-je dépenser mes économies ici samedi prochain... mais certainement pas pour un... Comment avez-vous dit, déjà ?
    — Un réfrigérateur.
    Elle hocha la tête, tout de même résolue à apprendre le nouveau mot, lui serra la main puis se dirigea vers la sortie.
    — Toi, ma belle, grommela le vendeur en appréciant encore la silhouette fine, la jupe serrée à la taille, tenue par une petite ceinture en cuir, tu ne reviendras jamais ici.
    Sa déception ne dura pas. Déjà, une grosse matrone de la Basse-Ville tournait autour d’un poêle Bélanger.

    *****
Thalie entendait régler ses achats d’une façon méthodique. A peine
    sortie
    de
    chez
    Légaré,
    elle
    entrait
    chez
    PICARD. Ne partageant pas les motifs de sa mère pour éviter cet endroit, elle monta dans l’ascenseur en même temps que d’autres clients et se laissa conduire par un

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