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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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tournés vers le sud pour que, jusqu’à la fin des
temps, tu erres solitaire et souffrant sans jamais trouver ton Autre Monde. »
    Il cracha. « Tu
couines comme un cochon boiteux. » Les insultes étaient un rite, tout
comme le combat singulier. Arthur désapprouvait l’un et l’autre, estimant que
les premières étaient une perte de souffle et le second une perte d’énergie,
mais moi je n’avais aucune objection contre ce duel. Il était loin d’être
gratuit, car si je tuais cet homme, mes troupes s’en réjouiraient énormément et
les Saxons verraient dans sa mort un terrible présage. Le seul risque, c’était
que je perde, mais j’avais confiance en moi à l’époque. Mon ennemi était d’une
bonne main plus grand que moi et bien plus large d’épaules, mais je doutais de
sa rapidité. Il avait l’air d’un homme qui comptait sur sa force pour gagner,
alors que je me vantais d’être aussi malin que fort. Il leva les yeux vers
notre rempart qui maintenant fourmillait d’hommes et de femmes. Je ne vis pas
si Ceinwyn s’y trouvait, mais Guenièvre, par sa haute taille et sa beauté
frappante, se détachait sur les hommes armés. « C’est ta putain ? me
demanda le Saxon en brandissant sa hache vers elle. Ce soir, elle sera à moi,
pauvre minable. » Il s’avança à douze pas de moi, puis lança de nouveau la
grande hache en l’air. Ses hommes l’acclamèrent depuis le versant nord, tandis
que les miens me criaient, des remparts, de bruyants encouragements.
    « Si tu
as peur, dis-je, je peux te laisser le temps de vider tes boyaux.
    — Je les
viderai sur ton cadavre », me cracha-t-il. Je me demandai si je devais le
tuer avec la lance ou avec Hywelbane, et décidai que la lance serait plus
rapide, à condition qu’il n’en détourne pas la lame. Il était évident qu’il
attaquerait bientôt car il avait commencé à exécuter, avec sa hache, des
courbes rapides et complexes, éblouissantes à regarder, et je le soupçonnai de
vouloir me charger avec cette lame presque floue, d’écarter ma lance d’un coup
de bouclier, puis de me trancher la tête. « Mon nom est Wulfger, chef de
la tribu Sarnaed, du peuple de Cerdic, et cette terre sera ma terre. »
    Je changeai
mon écu et ma lance de main. Je ne passai mon bras droit dans la guiche, mais
me contentai d’étreindre la poignée en bois. Wulfger de Sarnaed était gaucher,
ce qui signifiait qu’il m’attaquerait du côté où je n’aurais pas été protégé si
j’avais gardé mon bouclier à droite. Je n’étais pas aussi habile à la lance de
la main gauche, mais j’avais une idée qui permettrait d’en terminer vite. « Mon
nom est Derfel, fils d’Aelle, roi des Anglais. Et je suis l’homme qui a balafré
la joue de Liofa. »
    Ma vantardise
avait eu pour but de le déstabiliser, et peut-être réussit-elle, mais le Saxon
n’en montra aucun signe. Au contraire, il passa soudain à l’attaque en
rugissant et ses hommes poussèrent des acclamations assourdissantes. La hache
de Wulfger siffla dans l’air, son bouclier se tint prêt à écarter ma lance et
il chargea comme un taureau, mais je lui lançai le mien à la tête. Je le fis de
côté, afin qu’il tournoie vers mon adversaire comme un lourd disque de bois
cerclé de métal.
    La vue
soudaine de l’épais bouclier volant vers son visage l’obligea à lever le sien
pour arrêter ce dangereux tourbillon. J’entendis le choc, mais j’étais déjà
genou en terre, ma lance pointée vers le haut. Wulfger de Sarnaed avait paré
mon coup assez vite, mais ne put retenir sa pesante ruée, ni lâcher son
bouclier à temps, aussi s’enferra-t-il sur la longue et lourde lame au cruel
tranchant. J’avais visé son ventre, sous le plastron de fer, là où sa seule
protection était un épais justaucorps de cuir, et ma lance pénétra celui-ci
comme une aiguille se glisse dans le lin. Je me relevai tandis que la lame
traversait cuir, peau, muscle et chair pour s’enfoncer dans le bas-ventre de
Wulfger. Je fis tourner la hampe, rugissant mon propre défi en voyant la hache
vaciller. Je me fendis de nouveau, mon arme toujours enfoncée dans son ventre,
et vissai une seconde fois la lame en forme de feuille ; Wulfger de
Sarnaed ouvrit la bouche en me regardant fixement et je vis l’horreur envahir
ses yeux. Il tenta de lever son arme, mais il ne sentait plus qu’une horrible
douleur dans son ventre et une faiblesse qui liquéfiait ses jambes, alors

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