Excalibur
il
trébucha, suffoqua et tomba à genoux.
Je lâchai la
lance et reculai en tirant Hywelbane du fourreau. « Ici, c’est notre
terre, Wulfger de Sarnaed, dis-je assez fort pour que ses hommes m’entendent,
et elle le restera. » Je levai la lame et l’abattis si durement sur sa
nuque qu’elle pénétra comme un rasoir dans la masse emmêlée de ses cheveux et
lui trancha l’épine dorsale.
Il tomba raide
mort, tué en un clin d’œil.
J’empoignai la
hampe de ma lance, appuyai une botte sur le ventre de Wulfger et libérai la
lame qui résistait. Puis je me penchai et arrachai le crâne de loup de son
heaume. Je levai l’os jauni en direction de nos ennemis, puis le jetai sur le
sol et le piétinai pour le réduire en miettes. Je détachai le collier en or du
mort, puis m’emparai de son bouclier, de sa hache et de son couteau et brandis
ces trophées vers ses hommes qui me regardaient en silence. Les miens dansaient
et hurlaient de joie. Pour finir, je défis les boucles de ses jambarts de
bronze décorés d’images de mon dieu, Mithra.
Je me
redressai avec mon butin. « Remettez-moi les enfants ! criai-je aux
Saxons.
— Viens
les chercher ! » répondit un homme, puis d’un coup rapide, il trancha
la gorge de l’un d’eux. Les deux autres crièrent, mais furent également tués et
les Saxons crachèrent sur les petits corps. Je crus, un moment, que mes hommes
perdraient leur contrôle et chargeraient dans le col, mais Issa et Niall les
retinrent aux remparts. Je crachai sur le cadavre de Wulfger, souris d’un air
méprisant à l’ennemi perfide, puis remontai avec mes trophées sur la colline.
Je donnai le
bouclier de Wulfger à l’un des enrôlés, le couteau à Niall et la hache à Issa. « Ne
l’utilise pas dans la bataille, dis-je, mais tu peux couper du bois avec. »
Je portai le
collier en or à Ceinwyn, mais elle fit non de la tête. « Je n’aime pas l’or
des morts », dit-elle. Elle berçait nos filles dans ses bras et je vis qu’elle
avait pleuré. Ceinwyn n’était pas femme à révéler ses émotions. Tout enfant,
elle avait appris qu’elle ne pouvait garder l’affection de son effroyable père
qu’en affichant une humeur joyeuse, et cette habitude de gaieté s’était
profondément imprimée en elle, pourtant, aujourd’hui, elle ne pouvait
dissimuler sa détresse. « Tu aurais pu mourir ! » dit-elle. Je n’avais
rien à répondre, aussi je m’accroupis à côté d’elle, arrachai une poignée d’herbe
et essuyai le sang qui maculait Hywelbane. Ceinwyn me regarda en fronçant les
sourcils. « Ils ont tué les enfants ?
— Oui.
— Qui
était-ce ? »
Je haussai les
épaules. « Qui le sait ? Juste des enfants capturés lors d’une
incursion. »
Ceinwyn
soupira et caressa les beaux cheveux de Morwenna. « Étais-tu obligé de te
battre ?
— Tu
aurais préféré que j’envoie Issa ?
— Non,
avoua-t-elle.
— Alors,
oui, j’étais obligé de me battre. » En fait, j’avais pris plaisir à ce
duel. Seul un fou désire la guerre, mais une fois qu’elle a commencé, on ne
peut pas la faire sans enthousiasme. On ne peut même pas combattre à regret,
défaire l’ennemi doit procurer une joie sauvage, et c’est cela qui inspire à
nos bardes leurs plus grandes chansons d’amour et de guerre. Nous, guerriers,
nous nous équipons pour la bataille comme nous nous parons pour l’amour ;
nous nous vêtons somptueusement, nous portons nos bijoux en or, nous coiffons
de crêtes nos heaumes d’argent ciselé, nous nous pavanons, nous nous vantons
et, à l’approche des lames meurtrières, nous avons l’impression que le sang des
Dieux court dans nos veines. Un homme devrait aimer la paix, mais s’il ne peut
combattre de tout son cœur, il ne l’obtiendra pas.
« Qu’aurions-nous
fait si tu étais mort ? demanda Ceinwyn tandis que j’attachai les beaux
jambarts de Wulfger à mes bottes.
— Tu
aurais été obligée d’allumer mon bûcher funéraire, mon amour, et d’envoyer mon
âme rejoindre Dian. » Je l’embrassai, puis portai le collier d’or à
Guenièvre que ce cadeau ravit. Elle avait perdu ses bijoux avec sa liberté et
bien qu’elle n’eût aucun goût pour la lourde orfèvrerie saxonne, elle le mit
autour de son cou.
« Ce
combat m’a plu, dit-elle en tapotant les plaques d’or. Je veux que tu m’enseignes
un peu de saxon, Derfel.
— Entendu.
— Des
insultes. Je veux les blesser. » Elle
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