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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de mon manoir et
laisserai les toiles d’araignées la recouvrir. Je regarderai la mer, je
planterai mes récoltes et je verrai mes petits-enfants grandir. Nous avons joué
notre rôle, Derfel, nous nous sommes acquittés de nos serments.
    — De
tous, sauf un. »
    Il me regarda
soudain avec intérêt. « Tu veux parler du serment de le secourir que j’avais
prêté à Ban ? »
    Je l’avais
oublié celui-là, le seul qu’Arthur n’avait pas tenu, et depuis, son échec n’avait
cessé de le poursuivre. Le royaume de Benoïc était tombé aux mains des Francs,
et bien qu’Arthur y ait envoyé des hommes, il ne s’était pas rendu en personne
au secours de Ban. Mais c’était de l’histoire ancienne et, quant à moi, je n’avais
fait aucun reproche à Arthur. Il aurait bien voulu y aller, mais les Saxons d’Aelle
nous harcelaient à l’époque, et il ne pouvait pas mener deux guerres à la fois.
« Non, Seigneur, je pensais au serment que j’ai prêté à Sansum.
    — Le
Seigneur des Souris t’oubliera, dit Arthur d’un ton méprisant.
    — Il n’oublie
jamais rien, Seigneur.
    — Alors,
nous serons obligés de le faire changer d’avis, car je ne veux pas vieillir
sans toi.
    — Ni moi
sans toi, Seigneur.
    — Alors
nous allons partir nous cacher, toi et moi, et les hommes demanderont : où
est Arthur ? Où est Derfel ? Où est Galahad ? Et Ceinwyn ?
Et personne ne le saura, car nous serons cachés sous les bouleaux, au bord de
la mer. » Il rit, mais ce rêve, il le voyait tout proche maintenant, et l’espoir
qu’il mettait en lui le soutint durant les dernières lieues de notre long
voyage.
    Cela nous prit
quatre jours et autant de nuits, mais nous atteignîmes enfin le rivage sud de
la Dumnonie. Nous avions longé l’immense lande et nous arrivâmes à l’océan par
le chemin de crête d’une haute colline. Nous nous sommes arrêtés là pendant que
la lumière du soir ruisselait sur nos épaules pour éclairer la large vallée de
la rivière qui se déversait dans la mer. Nous étions à Camlann.
    J’étais déjà
venu à cet endroit, au sud de l’Isca dumnonienne, où les gens se tatouaient le
visage de bleu. J’y avais servi le seigneur Owain et c’était sous ses ordres
que j’avais participé au massacre, sur les plateaux tourbeux. Des années après,
j’étais passé près de cette colline, quand avec Arthur je tentais de sauver la
vie de Tristan ; nous avions échoué, Tristan était mort, et maintenant je
revenais pour la troisième fois. C’était une aimable contrée, aussi belle que
tant d’autres en Bretagne, bien que pour moi elle abritât des souvenirs de
meurtre, aussi je me dis que je serais bien aise de la voir disparaître
derrière le bateau de Caddwg.
    Nous
contemplions le but de notre voyage. L’Exe coulait vers la mer, mais avant d’y
arriver, elle formait une vaste lagune séparée de l’océan par une étroite bande
de terre. C’était l’endroit que les hommes appelaient Camlann, et à son
extrémité, à peine visible de notre haut perchoir, les Romains avaient construit
une petite forteresse. À l’intérieur de ses murailles, ils avaient élevé un
grand cerceau de fer qui jadis, la nuit, abritait un feu avertissant les
galères de la présence du dangereux banc de sable.
    Nos regards se
portèrent sur la lagune, la langue de terre et le rivage verdoyant. Pas d’ennemis
en vue. Nulle lance ne réfléchissait le soleil du soir, nul cavalier ne
parcourait les sentiers de la côte, nul lancier n’assombrissait l’étroite
péninsule. Nous aurions pu être les seuls êtres vivants de tout l’univers.
    « Tu
connais Caddwg ? me demanda Arthur.
    — Je l’ai
rencontré une fois, Seigneur, il y a des années.
    — Alors,
trouve-le, Derfel, et dis-lui que nous l’attendons au fort. »
    Je regardai la
mer. Immense, vide, scintillante, c’était la voie qui nous emporterait loin de
la Bretagne. Puis je descendis la colline pour rendre le voyage possible.
     
    *
     
    Les derniers
rayons étincelants du soleil vespéral éclairèrent ma route jusqu’à la maison de
Caddwg. Je demandai mon chemin et les gens me guidèrent vers une petite cabane,
sur le rivage nord de Camlann, qui, comme le flux ne faisait que commencer,
donnait sur une étendue scintillante de vase. Le bateau de Caddwg n’était pas
dans l’eau, mais sur la terre ferme, la quille posée sur des rouleaux, la coque
soutenue par des perches. «  Prydwen , il

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