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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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Ta’if ou étaient partis pour Ghassan avec leurs caravanes. Le moment était bien choisi.
    Tamîn, de nouveau, fut celui qui organisa la rencontre. Compte tenu du nombre, il pria les gens de Yatrib d’aller dresser leurs tentes à Aqaba. C’était une courte vallée sur la route de Mina, proche des pentes où se tenaient les Bédouins durant l’hiver. Un choix sage. Les habitants de Mekka n’y venaient que rarement, et il restait assez de jeunes Bédouins à al Bayâdiyya pour assurer la surveillance du campement.
    Abu Bakr et Muhammad laissèrent passer quelques jours afin d’être certains que leurs ennemis n’avaient pas remarqué la présence des émissaires de Yatrib et ne prévoyaient aucun mauvais coup. La troisième nuit, le croissant de la lune montante fut si faible qu’il éclairait à peine les murs, les roches et la route. Muhammad se décida :
    — C’est le moment !
    Comme la première fois, le Messager et ses compagnons quittèrent la cour d’Al Arqam par petits groupes. Quand ils arrivèrent dans la vallée, il était si tard qu’on ne les attendait plus. Beaucoup dormaient, qu’il fallut réveiller en hâte. Enfin, tout le monde s’assembla sous une grande tente de conseil qui avait été érigée dans ce seul but et qui était munie de lampes.
    Les six émissaires que Muhammad avait déjà rencontrés étaient là. Eux aussi procédèrent aux salutations, présentant les uns aux autres. Quand ils reconnurent Omar ibn al Khattâb sous son chèche rouge, ils firent un bond. Pour peu, ils se seraient enfuis de frayeur.
    Leur crainte et leur surprise déchaînèrent l’hilarité d’Omar. Il se tapa sur les cuisses. Son rire entraîna celui de Fatima. Depuis combien de temps ne l’avait-on pas entendue rire ? Muhammad caressa sa barbe d’un geste satisfait. Un geste qui, d’un coup, dénoua la tension.
    Muhammad saisit la puissante main d’Omar. Il la leva à hauteur de sa poitrine et déclara :
    — Omar ibn al Khattâb est avec nous, et il nous est précieux.
    Il s’ensuivit un silence où se mêlaient attentes et incertitudes. Omar s’avança d’un pas et s’inclina devant les visiteurs. Les traits de son visage ainsi que sa jeunesse apparurent plus nettement dans la lumière ocre des lampes.
    — Je sais à quoi vous pensez, commença-t-il d’une voix très posée. Je sais d’où vient votre peur. Vous m’avez vu me vautrer dans le blasphème et l’insulte, comme tous les négateurs de Mekka. Juste : j’étais l’un des leurs. Et même l’un des pires. Allah est Grand, mais jamais Sa Clémence ne pourra effacer de mes mains le sang des croyants qu’elles ont répandu.
    Omar brandit ses paumes devant tous, afin que chacun pût bien les voir. Il est vrai que, dans la lumière des quinquets d’huile noire, elles paraissaient sanglantes. Il les referma, enfoui les poings sous ses manches, et gronda :
    — Mais voilà, Dieu est Dieu, et il n’en est aucun autre. Quand Il l’a voulu, Il a posé Sa paume sur ma tête et m’a mis à genoux comme un agnelet. C’est Lui qui décide de mon sort. Le souffle qui s’échappe de ma bouche est le Sien. Il le donne et Il le reprend quand il Lui convient, et moi je n’ai de vie que pour qu’elle soit la Sienne.
    Ceux de Yatrib n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles. Les six, que la fureur d’Omar à la Ka’bâ avait terrifiés lors de leur précédent voyage, contèrent l’histoire à leurs compagnons. Cela brisa tous les doutes. Quel plus grand signe Allah pouvait-il leur donner de Sa Puissance, de Sa Clémence et de Sa Miséricorde ? Quand Il le décidait, Il pouvait retourner Ses pires ennemis aussi aisément que le tissu d’un chèche, et les mettre à Son service. Les païens réclamaient sans cesse exploits et miracles d’Allah et de Son Messager. Mais quelle idole aurait su montrer pareil pouvoir ?
    — Envoyé, dirent-ils dès qu’ils eurent tous pris place autour de Muhammad, formant un large cercle. Envoyé, donne-nous les règles qu’Allah réclame pour que tu viennes vivre parmi nous à Yatrib. Elles seront les nôtres dès qu’elles passeront tes lèvres.
    Muhammad tira d’un étui de cuir le rouleau des règlements et lois de la bonne vie commune des croyants que Zayd et Ali avaient rédigés sous sa dictée.
    Un homme trapu, au visage rusé de marchand, qui s’appelait Abu Ayyûb et que les autres semblaient considérer un peu comme leur meneur, eut une exclamation de surprise en

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