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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Edouard, à la bonne humeur habituellement indéfectible, y alla de reniflements appuyés.
    La famille de Thomas Picard, accompagnée par une Elisabeth Trudel devenue indispensable, monta dans le fiacre conduit par Napoléon Grosjean. Alfred, quant à lui, avait réservé les services d'un cocher et d'une voiture pour la journée. Il y monta en compagnie de Gertrude, la domestique fidèle. Les paroissiens les plus nantis formèrent un long cortège de véhicules disparates, du coupé à la berline en passant par la calèche, pour accompagner Madame veuve Théodule Picard au lieu de son dernier repos. Comme le cimetière Saint-Charles se trouvait assez loin à l'ouest, sur le cours de la rivière dont il tirait son nom, tous les autres rentrèrent chez eux. Les employés du magasin auraient tout juste le temps d'avaler un repas hâtif avant de se rendre au travail.
    A midi juste, Thomas Picard entra dans son commerce, utilisant l'ascenseur pour regagner son bureau du troisième étage.
    — Mademoiselle Buteau, hier nous avons négligé un peu la correspondance, déclara-t-il en accrochant son melon sur la patère. Nous allons nous reprendre aujourd'hui. Si vous
    voulez venir avec votre bloc...
    Un moment plus tard, la secrétaire prenait des notes, certaine que cette façon de vivre un deuil en valait bien d'autres.
    Moins motivé peut-être, Alfred préféra rentrer à la maison au retour du cimetière Saint-Charles. Malgré sa claudication, Gertrude commença à remettre les chaises dispersées dans le salon à leur place habituelle. Le chef de rayon jugea préférable de lui donner un coup de main. Alors qu'il plaçait la dernière dans la cuisine, la domestique commença à agiter des chaudrons avant de déclarer, au bord des larmes :
    —    Monsieur, que va-t-il arriver maintenant?
    —    ... Vous voulez dire pour vous? Rien. Enfin, si vous souhaitez demeurer à mon service, les choses continueront comme avant.
    Le soulagement amena une crise de larmes. L'homme comprit qu'il aurait eu intérêt à apporter cette précision plus tôt. Il se retira dans le salon afin de contempler la grande croix de bois. Finalement, il décida de la monter au grenier.
    Une heure plus tard, les meubles du salon avaient retrouvé leur place. Gertrude lui annonça qu'un dîner léger était servi. Au moment de s'asseoir devant l'unique couvert, dans la salle à manger, il expliqua plus avant ses intentions :
    —    Cette maison me paraît maintenant bien grande, et plutôt morose. Je la vendrai sans doute le printemps prochain afin de trouver un logis plus pimpant. Cependant, si vous le désirez, vous resterez à mon service aussi longtemps que vous le souhaiterez.
    Ce genre de fidélité à la domesticité allait de soi chez les gens respectables - cela aussi faisait partie des convenances surtout, une femme d'âge moyen, infirme de surcroît, aurait du mal à trouver un nouvel emploi. Pourtant, celle-ci jugea opportun de remarquer :
    —    Une femme dans la maison d'un homme seul... cela peut faire jaser.
    Alfred esquissa un sourire, puis adopta un ton empreint de tendresse pour répondre :
    —    Honnêtement, je crois que votre réputation demeurera intacte. Quant à la mienne, elle est déjà faite, pour le meilleur et pour le pire.
    Après une pause, l'homme enchaîna :
    —    Je vais descendre mon lit dans la chambre de maman, et utiliser celle-ci désormais. Je vais donc vider sa garde-robe et sa commode et tout ranger en haut. Vous trierez ses vêtements et ses livres au fil des prochains jours. Vous garderez ce qui peut vous servir et vous vendrez le reste.
    Bien sûr, le transfert d'un étage à l'autre de tous les biens personnels de la défunte lui permit de faire le tri et de mettre de côté tous les papiers personnels et certains souvenirs de la vieille dame. Il dénicha quelques photographies, dont les plus anciennes se trouvaient sur des plaques de verre, ou encore de zinc. Son chapelet de jais, tout comme son missel, seraient pour la domestique.
    Dans quelques jours, le notaire ferait connaître les dernières volontés de la disparue. En réalité, la chose ne faisait pas mystère. Thomas possédait déjà la part du lion du commerce de la rue Saint-Joseph, tout au plus devait-il verser une modeste rente à sa mère. Cette obligation disparaissait avec le décès. Quant à Alfred, le «bâton de vieillesse», la maison et les quelques biens personnels de la défunte lui reviendraient.
    Au

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