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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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J'attendrai votre réponse, alors passez du côté de mon rayon avant de faire face à l'ogre du faubourg Saint-Roch.
    Sur ces mots, Alfred quitta le petit salon. Il n'avait pas fait trois pas que madame Giguère sortit de la cuisine comme un diable de sa boîte.
    —    Vous partez déjà, monsieur Picard ? J'espère que notre petite Marie n'a pas d'ennui.
    —    Notre petite Marie se porte assez bien pour revenir au travail dès jeudi. Je pense que mon frère a un peu forcé la note dans le cadre de ce nouvel emploi, l'automne dernier. Cela ne se reproduira pas.
    —    J'en suis heureuse. Au revoir, Monsieur.
    D'un pas rapide, le chef de rayon regagna son poste au magasin.
    Pâle, tremblante même, Marie Buteau emprunta l'escalier plutôt que l'ascenseur pour monter au troisième étage. Elle se dirigea d'abord vers le comptoir du rayon des vêtements féminins, arbora un sourire timide devant Alfred avant de lui confier dans un souffle :
    —    Si elle tient toujours, j'accepte votre offre.
    —    Non seulement elle tient, mais je vous assure que vous ne le regretterez pas.
    —Je dois y aller?
    Sa voix trahissait un certain espoir de se dérober. L'homme
    la déçut tout de suite :
    —    C'est d'autant plus important maintenant. A midi, nous irons dîner ensemble, et ce soir, je vous reconduirai à votre maison de chambres.
    —    Ah oui ! Cela fait partie du plan.
    —    Surtout, je pense que ce sera agréable pour nous deux.
    À distance, des vendeuses surveillaient leur petit aparté en arborant des sourires amusés. Alors que Marie se dirigeait vers les locaux de l'administration, la première occasion de mettre à profit les enseignements d'Alfred se présenta à elle. Des regards curieux, des cancans narquois commentaient son retour.
    Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Thomas Picard de marcher jusqu'au comptoir afin de s'entretenir avec son frère. Son récit à propos d'une chute sur les trottoirs glacés avait fait le tour de tous les employés du magasin, suscitant des hypothèses un peu désobligeantes. La plus innocente suggérait que l'alcool avait joué un rôle dans cet accident malencontreux.
    —    Elle a donné son accord à mon petit complot matrimonial, lui fit savoir le chef de rayon.
    —    Es-tu bien certain que c'est ce que tu veux ?
    Thomas avait une connaissance intime des mariages de convenances, et il mesurait combien l'expérience pouvait se révéler difficile.
    —    Crois-moi, ce sera le meilleur arrangement.
    L'autre acquiesça d'un signe de tête, puis se dirigea vers son bureau. En affichant plus d'assurance qu'il n'en ressentait, le commerçant s'approcha de sa secrétaire et déclara :
    —    Je suis heureux de vous voir de retour, mademoiselle Buteau. Nous avons pris un peu de retard dans la correspondance. Tout à l'heure, nous nous en occuperons.
    Alors que cette éventualité aurait dû la terroriser, la jeune femme eut du mal à conserver son sérieux à la vue de l'œil à demi fermé, arborant maintenant une combinaison de noirs et de violets peu élégants. Alfred prenait décidément très au sérieux son rôle de protecteur de la future épouse enceinte.
    Après avoir reconduit la jeune femme au magasin en sortant du restaurant, Alfred s'absenta de nouveau, au risque de voir le chiffre d'affaires de son rayon péricliter un peu. Sa destination étant toute proche, il se contenta de traverser la rue pour frapper à la porte du presbytère. A la religieuse qui vint ouvrir, il déclara :
    —Je dois absolument voir le vicaire Emile Buteau.
    —    Je ne sais pas s'il pourra...
    —    Dites-lui qu'il s'agit d'une affaire de famille qui réclame son attention immédiate. Il s'agit de sa propre famille, il devrait comprendre l'urgence de la situation.
    La religieuse fixa sur lui des yeux soupçonneux, puis disparut dans les couloirs poussiéreux de la grande bâtisse. Quelques minutes plus tard, le vicaire se présenta à la porte. Un peu surpris, il déclara :
    —    Nous n'avons jamais été présentés, mais vous êtes Alfred Picard, n'est-ce pas? Je ne vois vraiment pas quelle histoire de famille nous aurions en commun.
    —    Comme je n'ai nulle envie de vous faire des confidences dans ce vestibule, vous allez trouver une pièce un peu plus discrète, et je vous montrerai très vite que nous sommes plutôt près l'un de l'autre, par personne interposée.
    Intrigué, l'ecclésiastique le conduisit

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