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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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ultimement de l'évêque pour les situations les plus délicates.
    —    Je suis certain que vous trouverez les mots pour le convaincre. Après tout, un mariage discret, même avec un parti aussi improbable que moi, portera moins scandale que l'entrée de la sœur du vicaire à la maison Béthanie.
    Le dîner en tête-à-tête dans le petit restaurant de la rue de la Couronne, en plus de leur donner l'occasion de se montrer à tous, pour renforcer la plausibilité de la paternité d'Alfred, avait donné lieu à quelques confidences. Le promis y avait gagné une rude antipathie pour son futur beau-frère, que leur première rencontre confirmait tout à fait.
    Emile Buteau devint violet, mais ne souffla mot.
    —    Afin de ne pas vous laisser sur une note négative, ajouta le chef de rayon en se levant de son siège, une bonne nouvelle: nous quitterons vraisemblablement la paroisse au retour de la belle saison.
    En sortant de la pièce, le visiteur s'arrêta de nouveau devant la statue placée dans le coin pour déclarer encore :
    —    Quand deux hommes sont toujours ensemble, comme dans le cas d'une amitié particulière, on dit « ils sont comme saint Roch et son chien ». Plutôt amusant, n'est-ce pas ?
    Sur ces mots, il sortit.
    Un peu après six heures, Alfred quitta le grand magasin de la rue Saint-Joseph en tenant Marie par le bras. Dans le commerce, cela attira quelques regards amusés. Les rumeurs commenceraient à circuler dès le lendemain. Quand ils furent dehors, l'homme demanda :
    —    Comment la journée s'est-elle déroulée ?
    —    En réalité, plutôt bien. Jamais il ne s'est montré plus convenable. En me dictant les lettres, il tournait résolument les yeux vers la surface du bureau. Puis le «Mademoiselle» fusait tous les deux mots.
    —    Il fait l'apprentissage du respect à l'égard de sa belle-sœur.
    —    Cesse de dire cela... commenta-t-elle.
    En mangeant, ils avaient convenu de se tutoyer. Cela paraîtrait plus naturel entre des personnes qui convoleraient en justes noces deux semaines plus tard.
    —    Je devrai le fréquenter, après?
    Une certaine inquiétude pointait dans la voix de la jeune femme. Son compagnon répondit en lui adressant son meilleur sourire :
    —    Quelques fois, chaque année. Mais ces rencontres pourront être rares et brèves, si tu préfères.
    —    Et de ton côté, demanda-t-elle un peu rassurée, tu as apprécié cette visite à ton futur beau-frère ?
    —Je ne pense pas qu'il en résultera une belle amitié durable. Avec lui aussi, les relations ont intérêt à demeurer distantes. Mais je pense être arrivé à lui faire comprendre l'importance de nous faciliter les choses.
    Elle serra son bras au souvenir de sa dernière rencontre avec le vicaire. Celui-ci n'avait jamais donné suite quant à son admission à la maison Béthanie. Au fond, ce projet de mariage était peut-être ' pour lui aussi une véritable bénédiction.
    —    Pour les bans ? questionna-t-elle.
    —    Une fois suffira.
    —    Parfois, il n'y en a aucun.
    En publiant les bans à trois reprises, c'est-à-dire en annonçant du haut de la chaire la promesse de mariage entre deux fiancés, le curé invitait en réalité les personnes opposées à l'union projetée à lui communiquer leurs motifs. Cette précaution visait à éviter que des individus déjà mariés, ou fiancés, ne s'engagent impunément dans une nouvelle relation. Une fois de temps en temps, un séducteur impénitent se retrouvait avec un procès pour rupture de promesse de mariage sur le dos, quand il laissait tomber une conquête pour une autre.
    Dans une paroisse comme Saint-Roch, où tout le monde se connaissait trop bien, la publication des bans trois fois ne faisait qu'alimenter les commérages et permettre aux paroissiennes enclines à assister à ce genre de cérémonie de planifier leur horaire.
    —    Je crois cette publication utile, pour mettre les gens au courant. Puis les formalités pour un mariage absolument
    discret seraient peut-être longues et complexes.
    Ils avaient atteint le seuil de la maison de chambres de la rue Grant. Au moment de souhaiter bonne nuit à sa promise, Alfred se pencha pour l'embrasser sur la joue. Au même instant, le rideau de la salle à manger bougea un peu. Il reconnut la silhouette de madame Giguère. Dorénavant, elle ne le laisserait plus visiter sa pensionnaire.
    La rencontre prévue pour le 10 janvier se déroula

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