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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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main poisseuse sur les draps un peu en désordre de la couchette, puis la posa dans les cheveux de son compagnon pour les caresser.
    —Je n'ai pas pu m'en empêcher, murmura-t-il en se relevant un peu. Je m'excuse...
    —    Non, non... répondit-elle en passant sa main sur sa joue. Mais je dois monter.
    —    Bien sûr.
    Avant de se remettre sur ses pieds, il rangea son sexe toujours à moitié raidi. Puis il tendit la main pour l'aider à se relever. Ce simple mouvement permit au jupon et à la jupe de tomber bien en place. Comme la petite pièce ne comptait aucune fenêtre, seule une clarté diffuse, très faible, entrait par la porte laissée ouverte. Dans la bibliothèque, l'homme se reboutonna, puis chuchota alors qu'ils se trouvaient à proximité de la porte :
    —    Demeure en bas de l'escalier, je vais monter d'abord, et te faire signe si la voie est libre.
    —    D'accord.
    Avant de sortir, il l'embrassa sur la bouche, puis gravit les marches en essayant de se faire léger. En haut, après s'être assuré qu'aucune lumière ne filtrait sous les portes fermées des chambres, il dit dans un souffle :
    —    Monte.
    Quand elle passa près de lui sur le palier, leurs mains se frôlèrent, puis l'homme retourna dans son antre en silence. Quelques minutes plus tard, Eugénie ouvrit sa porte tout doucement, fit quelques pas dans le couloir, assez pour voir un peu de lumière sous celle de la préceptrice.
    Une bonne demi-heure plus tôt, le bruit du pêne dans la serrure avait attiré l'attention de la jeune insomniaque. D'où venaient-ils ? Que s'était-il passé pendant tout ce temps ?
    Le déjeuner regroupa encore une fois Thomas et ses enfants. Exceptionnellement, Elisabeth se joignit à eux, car elle ne pouvait aller communier. Elle échangea un regard timide avec son employeur. Pendant l'après-midi, elle se rendrait aux vêpres et passerait au confessionnal, en évitant soigneusement celui où se trouverait le vicaire Buteau. Autrement, elle serait morte de honte lors de la prochaine visite de l'ecclésiastique, lorsqu'il questionnerait les enfants sur le catéchisme.
    Un peu avant neuf heures, alors que l'homme aidait successivement la préceptrice et Eugénie à revêtir leur manteau, Edouard s'aventura seul dans la bibliothèque.
    —    Papa, qu'est-ce que c'est ? questionna-t-il en revenant vers eux.
    Sur le visage, il portait un loup noir, dans sa main, il en avait un autre de couleur bleue. Les deux masques de velours portés la veille étaient restés sur le fauteuil où ils les avaient jetés en entrant dans la pièce.
    —Je voulais vous faire une surprise, je les ai rapportés hier soir du magasin. Mais je vois bien que c'est raté, maintenant. Le carnaval se terminera mardi prochain par un grand feu d'artifice lancé depuis la tour du Palais de glace. Je pensais que nous pourrions y aller ensemble.
    —    Mais cela ? insista-t-il en tendant le loup bleu.
    —    Ce sera le Mardi gras !
    On désignait de cette façon le jour précédent immédiatement le mercredi des Cendres. C'était la dernière occasion de faire bombance et de prendre un coup avant les quarante-six jours du carême. Dans les campagnes, des garçons déguisés allaient de maison en maison afin de se faire offrir à boire.
    —    C'est bien trop grand pour moi, décréta Eugénie en s'emparant du masque bleu pour le mettre sur son visage.
    —    Dans ce cas, laissez-les dans mon bureau. Je repasserai à la boutique pour en trouver de plus petits.
    La fillette tournait la pièce de velours entre ses doigts. Une partie du mystère se trouvait résolue, hier soir son père était allé au magasin. Mais pourquoi avoir amené cette femme ?
    L'hiver n'en finissait plus de finir. La température plus clémente amollissait la couche de neige accumulée dans les rues, les trottoirs s'encombraient de flaques d'eau qui rendaient la marche désagréable toute la journée, et carrément dangereuse en début de soirée quand le mercure tombait sous le point de congélation.
    Comme si cela ne suffisait pas à entraver le commerce, les mises à pied saisonnières interdisaient aux travailleurs de se permettre la moindre largesse. Les propriétaires des grands magasins de la rue Saint-Joseph attendaient les jours meilleurs de mai et juin avant de commander de nouvelles marchandises, les visages des chefs de rayons s'allongeaient en proportion de la réduction de leur chiffre de vente.
    Dans la grande maison

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