Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
parcouraient une bonne distance, pour s'arrêter finalement à quelques centaines de pieds de leur point de départ.
    Comme il commençait à se faire tard, le froid aidant, l'affluence avait diminué considérablement. Très vite, ils accédèrent au sommet de la construction de bois, puis amorcèrent leur première descente dans deux traînes glissant en parallèle, Elisabeth et le garçon dans l'une, Thomas et sa fille dans l'autre. Au tour suivant, les enfants changèrent de partenaire. Au troisième, parce que les plus jeunes avaient tardé à gravir les escaliers conduisant en haut de l'échafaudage, les adultes décidèrent de descendre ensemble.
    L'homme se plaça à l'arrière de la traîne, la jeune femme ramassa ses jupes pour se glisser entre ses jambes. Le froid rougissant déjà son visage, si le caractère plutôt intime de sa nouvelle posture la troublait, rien n'y parut. Un préposé courut quelques pas en poussant dans le dos de Thomas pour leur donner un peu de vitesse au départ. Obligeamment, l'homme glissa les deux mains sous les bras de sa compagne pour la tenir contre lui afin d'éviter une chute malencontreuse. En réalité, Elisabeth parcourut les trois quarts du trajet avec ses deux grandes paumes sur ses seins. Les couches superposées de vêtements empêchaient de sentir vraiment ce contact, mais l'intimité du geste n'échappa ni à l'un ni à l'autre.
    Quand la traîne arrêta sa course à peu près au milieu de la longue terrasse, la jeune femme s'échappa de cette étreinte, un peu troublée. Un instant plus tard, Eugénie et Edouard arrivèrent à leur tour dans leur propre bolide. La petite fille bouscula un peu son frère pour qu'il se mette debout au plus vite, puis déclara, boudeuse :
    —    J'ai froid, je veux rentrer.
    —    Non, pas tout de suite, plaida le garçon.
    —    Monsieur Picard, nous pouvons vous attendre dans le café de l'hôtel. Le temps de boire un chocolat chaud, ce jeune homme pourra glisser tout son saoul.
    Thomas jeta un regard agacé sur la fillette, qui réussissait cette fois à mettre fin à une promiscuité trop grande à son goût. Puis il donna son accord d'un signe de tête.
    A peine une heure plus tard, les deux camarades de jeu vinrent les rejoindre, à la fois gelés et satisfaits de leur après-midi. Au moment de quitter le grand hôtel, les enfants s'arrêtèrent brièvement au petit coin. Edouard défendit farouchement son droit d'y aller seul, Eugénie aurait mal toléré la suggestion d'avoir encore besoin d'aide pour ce genre de choses. Alors qu'ils se trouvaient entre eux dans le couloir, Thomas fit observer :
    —    L'été dernier, vous avez refusé de danser avec moi. Croyez-vous pouvoir accepter aujourd'hui ?
    —    ... J'aimerais bien, mais ce ne serait pas convenable.
    —    Personne n'a besoin de savoir. Dans le cadre du carnaval, un bal masqué se tiendra ici ce soir. Nous pourrions passer au magasin au préalable afin de nous rendre méconnaissables.
    Après s'être escrimé à déboutonner, puis à reboutonner sa braguette avec un succès approximatif, Edouard revint, ce qui permit à la jeune femme d'ajourner sa réponse. Un moment plus tard, Eugénie les rejoignit avant que le père cherchât un fiacre.
    Ce ne fut qu'au moment du souper que la jeune femme trouva l'occasion de répondre en secret à son patron :
    —    Si votre offre tient toujours, je vous accompagne.
    —    À neuf heures à la bibliothèque, fit-il avec un plaisir évident.
    Les enfants entraient dans la salle à manger, aussi tous les deux enchaînèrent-ils en évoquant les sculptures sur glace qui ornaient la place du marché Jacques-Cartier, convenant qu'ils aimeraient s'y promener un moment le lendemain, après la messe dominicale.
    Une longue journée passée au grand air, dans un climat polaire, laissait les enfants exténués. Peu après sept heures, aucun ne protesta à l'idée de se mettre au lit, et la lecture à haute voix de la préceptrice ne dura que quelques
    minutes.
    Fiévreux à l'idée de se livrer ainsi à une activité illicite, à neuf heures ils quittaient la maison en silence et, afin de ne pas passer sous les fenêtres de ses occupants, un peu comme des ombres, ils regagnèrent la rue de la Chapelle. Toujours pour plus de discrétion, Thomas choisit d'entrer dans le grand magasin par la porte dérobée de la rue DesFossés. Ces précautions pouvaient attirer l'attention des voisins : si l'un d'eux

Weitere Kostenlose Bücher