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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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exacte. Parfois, chez les ursulines, les élèves les plus âgées se risquaient à quelques pas de danse. Les religieuses feignaient alors de ne rien voir, sachant bien que la partie de leur clientèle venue des bonnes familles de Québec devrait courir les bals afin de dénicher un bon parti. Puis une femme à la silhouette irréprochable, à la chevelure d'un blond foncé somptueux, se voyait toujours pardonner sa gaucherie sur un plancher de danse... au moins par la moitié masculine des personnes présentes.
    A la sixième valse, Elisabeth contrôlait suffisamment le mouvement de ses pieds pour pouvoir apprécier de nouveau le décor où elle tournait et tournait, les autres couples élégants autour d'eux, la main ferme posée au bas de son dos, et l'autre main un peu brûlante de fièvre qui tenait la sienne.
    Comme pour Cendrillon, les minutes coulaient très vite. Un peu passé onze heures, après avoir bu un punch dont le goût fruité dissimulait celui du rhum, Thomas lui confia :
    —    Même si je voudrais que cette soirée ne finisse jamais, il faut rentrer.
    —    Vous avez raison, admit-elle un peu à regret.
    C'est avec son bras autour de la taille qu'elle revint vers le vestiaire. Il l'aida à mettre son manteau, laissa ses doigts se mêler un court moment à la masse de ses cheveux. Devant l'hôtel, quelques fiacres attendaient les clients. L'homme préféra indiquer comme destination le couvent des sœurs de la congrégation Notre-Dame, plutôt que sa propre adresse.
    La porte refermée sur eux, au moment où le cheval amorça sa course, Thomas saisit le menton de la jeune femme entre son pouce et son index pour lui tourner le visage en sa direction, puis posa ses lèvres sur sa bouche. Languide, elle s'affaissa un peu dans ses bras au moment où sa langue se mit de la partie. Un instant, il simula les gestes de l'accouplement entre ses lèvres, puis la serra contre lui en enfouissant son visage dans la masse de ses cheveux.
    Le couple demeura enlacé dans cette posture jusqu'à ce que le cheval interrompît sa marche. Le froid de la nuit leur permit de reprendre un peu leur sens, le temps de rejoindre la maison du commerçant, encore une fois en faisant un crochet par les rues DesFossés et de la Chapelle. En tentant de ne faire aucun bruit, Thomas fit tourner la clé dans la serrure, entra dans la maison, enleva son manteau et aida sa compagne à faire de même. La main autour de la taille de celle-ci, il la poussa devant lui pour la conduire dans la bibliothèque. Les fenêtres donnant sur la rue laissaient poindre une clarté blafarde, plutôt argentée, qui rendait tout un peu irréel.
    Dès que la porte fut close sur eux, se plaçant derrière elle, l'une de ses mains vint se poser sur son ventre, l'autre souleva un peu les cheveux afin de pouvoir poser les lèvres contre la peau douce du cou, juste sous une oreille. Comme si ses jambes se dérobaient sous elle, Elisabeth laissa son corps s'appuyer contre celui de l'homme. Malgré les épaisseurs du tissu, elle sentit le sexe dur juste au-dessus de ses fesses, puis deux mains se poser sur sa poitrine, se fermer sur ses seins.
    Le sang en feu après un moment de ce jeu, la jeune femme se retourna bientôt pour offrir sa bouche entrouverte. A la fin, en la portant à demi, son compagnon l'entraîna au-delà du bureau de chêne, vers la porte du petit réduit aveugle qui lui servait de chambre à coucher depuis bientôt six ans.
    Dévorant toujours la bouche offerte, Thomas réussit à étendre sa compagne sur la couchette étroite, se plaça à genoux près d'elle. De la main gauche, il troussa à la fois la jupe de velours et le jupon de lin, posa sa paume grande ouverte à la jonction des cuisses ouvertes pour apprécier la chaleur un peu moite à travers le sous-vêtement, amorça un mouvement de va-et-vient des doigts. Elisabeth, comme si elle crevait la surface après un passage sous l'eau, ouvrit sa bouche toute grande pour emplir ses poumons, puis expira
    dans un grand frisson.
    L'homme se releva à demi tout en continuant la caresse de la main gauche, défit quelques boutons de sa braguette de la droite. Un moment après, doucement, il s'empara de la main de la jeune femme pour la poser sur l'extrémité de son sexe. A ce simple contact, à grands jets, il jouit dans la paume ouverte.
    Dans les secondes suivant l'orgasme, Thomas laissa reposer sa tête contre la poitrine de la jeune femme. Celle-ci chercha d'abord à essuyer sa

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