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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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pas mieux d'y construire une manufacture d'armes. Dépendre des Etats-Unis et de l'Europe à cet égard est un peu gênant. Puis créer des centaines d'emplois se montrera très utile dans quatre ans.
    En trois minutes, mine de rien, Israël Tarte venait de lui indiquer que les entrepreneurs en construction trouveraient des contrats juteux. En s'aidant de la carte, cela lui permettait de préciser les endroits où les terrains gagneraient bientôt de la valeur.
    —    Je compte sur vous, le moment venu, pour me dire lesquels de nos amis de Québec pourront effectuer ces travaux, et aussi les endroits précis où nous devrions procéder.
    Autrement dit, Thomas Picard se voyait offrir un fief où exercer le patronage, pour le bien du parti et le sien propre.
    —    Ce sera avec plaisir.
    Sans hésitation, il scella son pacte avec le diable par une poignée de main.
    —    Je suis désolé de vous avoir imposé toutes ces heures de train pour une conversation aussi courte, mais certains échanges gagnent à se dérouler de vive voix, l'un en face de l'autre.
    —    Je comprends.
    Après une pause, les yeux du commerçant allèrent vers la petite foule qui se pressait près de la porte.
    —    Le temps est venu de nous quitter... D'autres organisateurs
    essentiels se désespèrent de vous voir.
    En disant ces mots, il se leva. Son interlocuteur conclut:
    —Malheureusement, ce ne sont pas tous des organisateurs. Ceux-là, je m'efforce de les recevoir sur-le-champ. Ces personnes viennent sans doute au secours de la victoire... Au plaisir de vous revoir bientôt.
    —    D'ici là, j'aurai fait mes devoirs.
    Peu après, dans la rue Metcalfe, Thomas Picard se demanda un moment si les charmes d'Ottawa méritaient qu'il s'attarde jusqu'au lendemain.
    —    Autant prendre le train pour Montréal tout de suite, jugea-t-il.
    Elisabeth Trudel assista à la cérémonie religieuse seule avec les enfants, dans le banc des Picard, situé à l'endroit le plus noble de la nef. Pour tous ceux qui ne connaissaient pas sa situation réelle, la jeune femme affichait l'image d'une mère à l'air étonnamment jeune, très jolie, et attentive au bien-être et à la bonne tenue de sa progéniture.
    Peu après le Ite Missa Est, les paroissiens des deux sexes sortirent sans se presser, s'attardèrent sur le parvis, oubliant parfois l'heure en s'absorbant dans des conversations où le temps radieux le disputait aux derniers événements politiques. Cela ne risquait pas d'arriver à la jeune préceptrice. A peine sortie du temple, Edouard tira sur sa main en disant :
    —    Il est là, il est là !
    Remorquées par le jeune garçon, Elisabeth et Eugénie se dirigèrent vers la rue Saint-François, où le fiacre des Picard avait été stationné. Alfred ouvrit la portière, un grand sourire sur les lèvres. Le gamin s'y engouffra comme s'il cherchait à échapper à un danger mortel.
    —    Edouard, tu devrais au moins prendre le temps de saluer, commenta Elisabeth en adressant un sourire à son escorte pour l'après-midi.
    —    Bonjour, oncle Alfred, fit une voix rieuse du fond de la voiture.
    —    Bonjour, Monsieur, continua la jeune préceptrice. Malgré de réels progrès avec les leçons de bienséance, nous essuyons parfois de petits reculs.
    Alfred Picard s'inclina en tendant la main, affirmant :
    —    Ce n'est rien. Bonjour, mademoiselle Trudel. C'est un plaisir de vous revoir.
    Puis, en tournant son attention vers Eugénie, il continua :
    —    Mademoiselle l'impératrice, vous êtes... magnifique. Allez, faites-moi la bise.
    La fillette, rougissante, ne se fit pas prier. Après les effusions, Alfred se releva, tendit la main pour aider ses compagnes à monter dans la voiture. Peu après, Napoléon Grosjean incitait son cheval à se mettre en route d'un claquement de la langue.
    Quelques minutes suffirent pour atteindre le Château Frontenac. Attentionné, Alfred aida les demoiselles à descendre. Edouard tint absolument à sauter directement du plancher de la voiture sur les pavés. Malgré l'atterrissage un peu brutal, il s'efforça de ne rien laisser paraître de la douleur que son petit exploit provoqua dans ses jambes.
    —    Napoléon, expliqua l'homme en lui tendant quelques pièces de monnaie, trouvez-vous une taverne où aller manger. Vous nous prendrez vers quatre heures, à cet endroit.
    Le cocher acquiesça d'un signe de tête, empocha l'obole et se mit en route. Alfred

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