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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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il revenait au rez-de-chaussée.
    —    Je n'ai pas eu le sentiment que quelqu'un souhaitait que je m'attarde.
    —    ... Oh! Si vous prenez le temps de boire un verre, peut-être que dans quelques minutes...
    —    Je trouverai sans doute autant de plaisir à déguster un porto dans le hall de mon hôtel, un journal à la main. Bonsoir, Madame.
    Sur ces mots, Thomas inclina la tête, puis il se hâta vers la porte en coiffant son melon. Dans ce genre de commerce, sans doute le client devait-il réfréner ses commentaires négatifs sur la qualité de la prestation des services. Un moment plus tard, il marchait en direction de l'intersection de la rue Craig. Prenant à gauche, quelques minutes suffirent pour atteindre le Champs-de-Mars. Chaude et moite, la température incitait de nombreux citadins à s'attarder à l'extérieur. Pendant quelques minutes, le touriste se mêla aux promeneurs dans le petit parc se trouvant devant le palais de justice. A la fin, il attira l'attention d'un cocher d'un geste de la main, monta dans le fiacre pour retourner à son hôtel.
    Le coin de l'édifice du YMCA donnait sur la rue des Glacis. Le chef de rayon tourna vers la droite, le jeune homme sur les talons. Bientôt, l'asile des sœurs grises se dressa devant eux, une masse sombre, compacte, au coin de la rue Richelieu. À l'arrière du vaste édifice, rue Saint-Olivier, un renfoncement du mur fournissait un coin sombre à souhait.
    — Viens là.
    Dans l'encoignure du mur, les deux hommes s'étreignirent un peu brutalement, leurs deux bouches se joignirent dans un baiser goulu, maladroit au point que leurs dents se frappèrent durement. Alfred goûta le mélange de bière et de cigarette sur sa langue. Tous les deux portaient des vêtements qui exhalaient toujours l'odeur âcre de leur sueur séchée. La main de son compagnon lui palpa l'entrejambe, trouva le sexe bandé bien raide.
    À peine quelques minutes plus tard, l'étranger gicla sur ses fesses au moment où Alfred arrosait le mur devant lui. Puis, sans aucune transition, Matthew s'éloigna pour prendre son élan et asséna un coup de poing à la nuque de son amant. Si celui-ci n'avait pas posé le front au creux de son coude appuyé contre le mur, il aurait brutalement donné de la tête sur la brique. Tout de même, ses genoux fléchirent sous son poids jusqu'à atteindre le sol. La douleur lui tarauda le bas du dos quand une solide bottine l'atteignit brutalement.
    —    Sale enculé, donne-moi ton portefeuille ! grogna le jeune homme.
    Alfred se laissa glisser sur son flanc gauche, se recroquevilla avec l'espoir risible de se protéger d'un nouvel impact.
    —    Dépêche-toi, cochon ! Ton portefeuille !
    Un second coup de pied l'atteignit, cette fois dans les côtes. Le souffle coupé, râlant, le cul à l'air, Alfred fit mine de fouiller dans la poche intérieure de sa veste, mais la douleur le privait de ses moyens. Un bruit dans la rue amena Matthew à interrompre le massacre un moment, le temps de s'accroupir sur Alfred pour chercher lui-même le portefeuille. Pendant ce temps, il tenait un genou sur la tête de sa victime pour l'empêcher de bouger.
    Le résultat de sa recherche à la main, le Britannique se releva, asséna un dernier coup de pied au cul de la victime en répétant « Enculé », puis s'enfuit au pas de course en rangeant son sexe flasque dans sa braguette.
    Pendant un temps infini, lui sembla-t-il, Alfred, la bouche grande ouverte, chercha à respirer. À la fin, ses poumons purent aspirer une goulée d'air, expirer, en inspirer une nouvelle. Malgré une douleur qui lui faisait monter des larmes aux yeux, ses mains cherchaient à relever son pantalon. Ce ne fut que cinq minutes plus tard qu'il arriva à s'asseoir sur le sol, le dos contre le mur de l'asile des sœurs grises. Puis, après un long moment, il put se redresser en s'aidant de ses mains posées sur les briques rugueuses.
    Le premier pas lui arracha une plainte étouffée, à cause du dernier impact dans sa fesse droite. La douleur irradiait toute sa jambe, de la hanche jusqu'au pied. Mais cela ne le préoccupait guère. Selon toute probabilité, certaines de ses côtes avaient été brisées. Si jamais l'une d'elles avait percé un poumon, ce serait la mort en quelques jours.
    Au moment de revenir sur le trottoir, il hésita une bonne minute sur la suite des événements. Il se trouvait au coin des rues des Glacis et Saint-Olivier. L'entrée de l'hôpital Jefferey

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