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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’avaient condamné à mourir par la faim. Assis sur des fauteuils placés en demi-cercle, ils formaient une imposante assemblée dans ce vieux pavillon au mur duquel on avait cloué, au fond, un grand Christ qui dominait cette scène.
    Farnèse chercha des yeux Fausta et ne la vit pas. Avec un vague sourire où commençait à percer de l’inquiétude, il fit le tour de ces personnages ; mais leur silence était effrayant et leurs regards fixes pesaient sur lui comme une réprobation.
    – Messeigneurs, balbutia Farnèse avec ce même sourire d’angoisse , j’attendais… j’espérais une autre réception, et je m’étonne de trouver des visages aussi sévères…
    L’un d’eux, alors, se leva et dit :
    – Cardinal Farnèse, ce n’est pas de la sévérité que vous voyez sur nos visages : c’est de la tristesse, et n’est-elle pas bien naturelle à l’heure où le plus distingué, le plus énergique de nous tous va nous quitter pour toujours ?…
    Farnèse respira… Non ! Rien de funèbre dans ce qu’il voyait…
    – Veuillez donc attendre, continua celui qui parlait ; la présence de l’éminent et très révérend Rovenni est nécessaire pour la cérémonie de renonciation qui nous assemble ici…
    Farnèse s’inclina ; et à ce moment même, une porte qu’il n’avait pas encore remarquée dans le fond du pavillon s’ouvrit, et Rovenni parut. Il était pâle et agité ; mais Farnèse attribua cette pâleur aux motifs qui venaient de lui être exposés. A l’entrée de Rovenni, tous les assistants se levèrent, puis se tournant vers le grand Christ, s’agenouillèrent, tandis que Rovenni récitait une prière.
    Farnèse, lui aussi, s’était agenouillé. Il avait incliné la tête, et certes sa prière fut aussi fervente. Lorsque Rovenni eut terminé son oraison, Farnèse se releva, et il vit que les assistants, s’éloignant lentement à l’exception du cardinal Rovenni, sortaient tous par la porte du fond.
    – Que signifie ? balbutia-t-il. Où est Sa Sainteté ?… Elle seule a qualité pour…
    – Vous allez la voir, dit Rovenni. Prenez patience… Ce qui est dit est dit.
    – Mais la cérémonie de renonciation ?… Pourquoi sommes-nous seuls ?
    – Elle va avoir lieu. Et si nous sommes restés seuls, Farnèse, c’est que j’ai à vous demander tout d’abord si vous avez bien consulté votre conscience.
    – Que voulez-vous dire, Rovenni ?… Vous me connaissez depuis longtemps…
    – C’est parce que je vous connais, c’est parce que je sais votre attachement à la foi et au dogme que je vous demande : « Farnèse, est-il bien vrai que vous vouliez quitter le sein de l’Eglise ? »
    – J’y suis décidé, répondit fermement le cardinal. Celle qui est la maîtresse de nos destinées a dû vous dire qu’à cette condition et à d’autres qu’elle connaît, j’ai accepté la dangereuse mission de me rendre en Italie…
    Rovenni avait écouté ces derniers mots avec une grande attention. Il se rapprocha vivement de Farnèse, et d’une voix plus basse :
    – Vous savez que je vous aime. Vous n’ignorez pas, d’autre part, qu’il est impossible à un prêtre de sortir de l’Eglise avec le consentement de l’Eglise même… Fausta s’est engagée à vous relever de vos vœux : elle inaugure là une œuvre de maléfice qu’aucun pape n’a osé consommer…
    – Vous prononcez d’étranges paroles, murmura Farnèse en pâlissant.
    – Soyez franc, reprit Rovenni en jetant un rapide regard vers la porte. Pour quelle mission êtes-vous envoyé en Italie ?… Hâtez-vous… les minutes, les secondes même sont précieuses…
    – J’ai accepté d’aller en Italie pour parler aux principaux d’entre nos affiliés, réveiller leur zèle, faire des promesses ou des menaces à ceux qui semblent vouloir revenir à Sixte.
    – Est-ce là tout ce que vous devez faire en Italie ?
    – C’est tout ! dit Farnèse.
    – Et contre votre aide en cette circonstance, que vous a-t-on promis ?
    Farnèse garda le silence. Une vague terreur l’envahissait maintenant. Il ne soupçonnait pourtant aucune trahison et n’eût pu assigner aucune cause à cette terreur mystérieuse qu’il sentait monter en lui.
    – Parlez donc ! gronda Rovenni en lui saisissant le bras. Dans un instant il sera trop tard.
    – Eh bien ! palpita Farnèse, on m’a promis…
    A ce moment une sorte de gémissement s’éleva au dehors… un cri qui traversa

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