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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Coligny, voici seize ans de cela, vous a souffleté.
    Guise grinça des dents.
    – Je suis celui qui, sur la place de Grève, voici huit mois de cela, vous a crié devant dix mille personnes que vous vous appeliez Henri le Souffleté, et non Henri le Balafré…
    – Enfer ! rugit Guise.
    – Je suis celui qui, dans la rue Saint-Denis pour sauver une pauvre femme, s’est rendu à vous, celui que vous avez appelé lâche, celui qui vous a déclaré alors qu’il vous rentrerait ce mot dans la gorge, et que vous ne péririez que de sa main… Henri de Guise ! Henri le Souffleté ! Ce que je veux ? Ton sang pour laver l’insulte !… Henri de Guise ! Assassin de Coligny et de tant de malheureux seigneurs, ce que je fais ici ? Je t’y attends pour t’offrir un combat loyal, épée contre épée, dague contre dague, cœur contre cœur !…
    – Vous êtes fou, mon maître ! grinça le duc. Holà ! Du monde pour arrêter ce fou !…
    Et Guise voulut ouvrir cette porte. Mais, alors, derrière cette porte, il entendit des voix rauques !
    – Tue ! Tue ! Mort à Guise ! Hardi, Chalabre ! Hardi, Sainte-Maline !…
    Guise devint livide… dans un éclair, il comprit tout !…
    – Monsieur, dit Pardaillan, il ne vous reste qu’un espoir ; c’est de sortir par cet escalier en tuant les trois gentilshommes qui vous y attendent… après m’avoir tué moi-même, toutefois !… Décidez ! Je vous offre le combat loyal… Si vous refusez, j’ouvre ces portes, je laisse entrer les bandes d’assassins, et je leur crie : « Tuez cet homme ! Il est trop lâche pour se défendre !… »
    Le Balafré eut autour de lui ce regard morne qui semble attendre, appeler une intervention surnaturelle. Dans cet instant tragique, il comprit quel guet-apens avait été préparé contre lui. Il éprouva le regret désespéré de n’avoir pas agi plus tôt… le roi le devançait… il était perdu ! Et ce fut alors, quand il se fut rendu compte qu’il n’avait plus d’espoir que dans la force de son bras, ce fut alors qu’il recouvra cette bravoure qui sur les champs de bataille faisait de lui un incomparable soldat.
    Tuer cet homme… ce misérable Pardaillan… puis se jeter dans l’escalier, renverser tout ce qui lui ferait obstacle… passer par l’appartement de la reine, et tout sanglant, pareil à la foudre, tomber dans la cour carrée, appeler ses hommes aux armes, envahir le château, parvenir jusqu’au roi et le poignarder de sa main… tel fut le plan qui s’imposa à lui, en cette seconde où littéralement il devait vaincre ou mourir.
    Sans dire un mot, donc, il tira son épée et fondit sur Pardaillan, dans l’espoir que celui-ci n’aurait pas le temps de dégainer. Pardaillan se rejeta d’un bond en arrière, et dans le même instant, Guise le vit en garde, la rapière au poing.
    Ce fut bref, terrible, foudroyant. Pardaillan sans une feinte, sans un battement, risquant vie pour vie, se fendit d’un coup droit, un seul coup furieux, irrésistible, et le Balafré lâcha son épée, battit l’air de ses bras et tomba en arrière : il avait la poitrine traversée de part en part… Alors Pardaillan rengaina sa rapière, se pencha sur le duc, demeura une minute immobile, pensif, puis murmura :
    – Il est mort… mort d’un mot qu’il m’a dit un jour devant la
Devinière

Adieu, monseigneur duc. Un coup d’épée pour un mot, est-ce trop ? Non sans doute. Seulement votre mot ne faisait que changer un peu la pensée du pauvre chevalier errant que je suis, et mon coup d’épée à moi change la face du royaume.
    Ayant ainsi philosophé à sa façon, Pardaillan s’étant assuré d’un dernier regard que le duc était bien mort, ouvrit la porte du petit escalier et vit les trois têtes livides dans la pénombre.
    – Messieurs, dit-il, les dix minutes ne sont pas écoulées. N’importe, vous pouvez entrer. Je vous tiens quittes de votre dette, et je vous rends le duc de Guise.
    Et il se mit à monter tranquillement l’escalier. Chalabre, Sainte-Maline et Montsery se ruèrent dans le cabinet, le poignard à la main. Ils virent le duc étendu, sans mouvement et perdant son sang par sa blessure.
    Ils s’arrêtèrent, frappés de vertige et contemplèrent le cadavre de leurs yeux exorbités.
    Que s’était-il donc passé entre Pardaillan et le duc ? Ils pouvaient à peine l’imaginer, si rapide, foudroyante et silencieuse avait été la scène du duel. Mais à ce moment,

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