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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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l’avènement du dauphin signifierait la victoire de Diane de Poitiers et donc sa propre disgrâce ; la seule chose qu’on pouvait reprocher à la duchesse était ses intrigues pour avantager Charles, dernier fils du roi, au mépris de l’ordre de succession. Coupable ou innocente dans l’affaire du chiffre ? Le mystère subsiste.
    Mme d’Étampes aimait décidément les militaires. Elle expédia une lettre de blâme au bailli de Vitry-en-Perthois 32 alors assiégé, où elle accusait les officiers du roi de mal le servir. Les capitaines, qui avaient d’autres Impériaux à fouetter, « s’irritèrent grandement que cette femme ait osé usurper telle autorité de commander et se mêler du fait de guerre ».
    L’ennemi déferla sur la route de Paris après la chute de Saint-Dizier. Mal défendues, les places de Châlons-sur-Marne, Vitry-en-Perthois, Épernay, Château-Thierry, Soissons, capitulèrent les unes après les autres. Mais le temps joua désormais contre Charles Quint : il manquait d’argent pour conclure victorieusement la campagne, et ses soldats désertaient faute de solde. Fouetté par les défaites, l’amour-propre des Français les réunit face au danger ; revenu en grâce, l’héritier du trône massait des troupes fraîches entre Paris et Meaux. L’attaque française contre l’armée impériale désorganisée aurait entraîné le triomphe certain d’Henri et sauvegardé les chances d’une paix avantageuse pour le pays. Mauvais génie du roi en l’occurrence, Anne de Pisseleu priva alors le dauphin du succès escompté : elle conseilla à François I er de négocier immédiatement avec Charles Quint. Elle prit une part si active dans les pourparlers que l’empereur la remercia ; ces compliments ambigus ne contribuèrent pas à effacer les doutes qui planaient sur sa tête, d’autant que le traité de Crépy-en-Laonnois ôtait à la France ses possessions italiennes, héritage de la dauphine ; le roi devait constituer un apanage au profit de son fils Charles, à qui l’empereur offrait une alliance familiale (18 septembre 1544). Frustré de l’assurance d’une victoire militaire en rase campagne, le dauphin protesta officiellement contre une paix bâclée qui désavantageait le royaume, et qui dépossédait sa femme, Catherine de Médicis. Le traité fut impopulaire ; détail significatif, plusieurs parlements refusèrent de l’enregistrer.
    Une belle ambiance de fin de règne
    Suggérant de remplacer Annebaut, protégé de Mme d’Étampes, par un chef plus avisé, le dauphin s’attira l’ire de la duchesse. Elle riposta, accusant Diane de Poitiers de vouloir lui substituer Montmorency, toujours disgracié. Le roi crut sa favorite sur parole et exila Diane à Anet. Henri exigea vainement son rappel : ne l’obtenant pas, il quitta la cour et rejoignit Diane avec ses partisans. Mais François I er avait besoin du dauphin pour reprendre Boulogne aux Anglais ; il rappela Diane (1 er janvier 1545) et se réconcilia quelque temps avec Henri.
    La mort de son fils Charles (9 septembre 1545) chagrina beaucoup le roi, d’autant que ses rapports s’étaient à nouveau tendus avec Henri, systématiquement tenu à l’écart des décisions. Les manigances opposées des favorites du père et du fils minaient l’unité politique du pays. Diane de Poitiers rechercha des alliés capables de réduire le crédit de la duchesse d’Étampes et s’allia à la famille lorraine des Guise.
    L’année 1546 à la cour s’écoula entre dissimulation, règlements de comptes et calomnies : la plus ignoble visa le baron de Jarnac, mari de Louise de Pisseleu, une sœur d’Anne, dont le train de vie excédait manifestement la fortune personnelle. Questionné par le dauphin, il avoua que sa belle-mère « l’entretenait » et Henri, sans doute à l’instigation de Diane, clama à la cantonade que le baron couchait avec elle. Jarnac jura publiquement de se venger de cette accusation d’inceste, mais comme il ne pouvait provoquer un duel ni se battre contre un membre de la famille royale, le sire de La Châtaigneraie proposa d’être le champion du dauphin. Le roi préféra interdire tout duel, malgré la supplique de Jarnac, las d’être calomnié.
    Voyant son père décliner, Henri ne cachait pas les projets de son futur gouvernement, dont le connétable de Montmorency serait la pierre angulaire. Le roi l’apprit et ce fut sa dernière grande colère contre son successeur, qui

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