Favorites et dames de coeur
jeune épouse endosserait le même état de favorite royale que sa grand-mère maternelle !
De fidélité éprouvée, Louis de Brézé était aussi riche de terres et de titres que ses beaux-parents. Son alliance et son prestigieux train de vie lui assuraient, ainsi qu’à Diane, le dixième ou le douzième rang à la cour, derrière les princes du sang, les ducs et pairs, les princes étrangers. En conséquence, la jeune « grande sénéchale » fut nommée dame d’honneur de la reine mère Louise de Savoie (1515).
Une grande dame à la cour
Diane participa aux fêtes et aux voyages de François I er , qui l’estima pour sa beauté, son intelligence et sa vertu sans affectation. S’occupant des enfants royaux après la mort de leur mère (1524), elle assista Louise de Savoie durant la captivité du roi (1525). Elle accompagna le dauphin François et le duc Henri jusqu’à la frontière espagnole, le traité de Madrid les désignant otages pour cautionner la libération de leur père (mars 1526). Elle vint les y rechercher en juillet 1530 après la conclusion de la fameuse paix des Dames. Avec deux autres épouses de très hauts dignitaires, elle porta les offrandes à l’autel lors du couronnement de la reine Éléonore (5 mars 1531) et devint sa dame d’honneur après la mort de Louise de Savoie, marques de confiance absolue (septembre 1531).
Diane et Louis de Brézé suggérèrent à François I er de marier son second fils Henri avec la nièce du pape Clément VII, Catherine de Médicis. Par un hasard peu connu, cette dernière était cousine de Diane : elles avaient des grands-parents communs. L’union projetée parut une excellente affaire pour les deux parties, au moins sur le papier : l’héritage toscan de Catherine bénéficierait de la protection de François I er et serait susceptible de modifier l’échiquier politique italien en faveur du roi de France, qui rêvait de recouvrer le Milanais. Clément VII promit en outre une dot importante, stimulant la réflexion de son allié français. Le roi accepta le projet d’épousailles en avril 1531. Trente mois plus tard, Diane, entre-temps devenue veuve, assistait au mariage princier en présence du roi et du pape à Marseille (octobre 1533).
Louis de Brézé était décédé le 23 juillet 1531, et sa jeune veuve afficha une réelle dignité de vie. Par piété envers la mémoire du grand sénéchal, elle ne voulut pas se remarier. D’une conduite irréprochable, elle invitait le roi et ses fils à chasser en sa terre d’Anet. Imprégné d’amour courtois, Henri, devenu dauphin en 1536, se prit d’une affection respectueuse envers leur aimable hôtesse : il porta ses couleurs, noir et blanc, dans ses tournois, nec plus ultra de l’amour courtois le plus éthéré.
Une veuve au-dessus de tout soupçon
Lorsqu’il passa de l’adolescence à l’âge d’homme, Henri céda à l’attrait physique de Diane ; à trente-huit ans, elle restait fraîche et avenante (1538). Ils cachèrent si bien leur liaison que la grande sénéchale sembla plutôt l’amie sûre, la conseillère avisée, voire la seconde mère, que la maîtresse d’un prince de dix-neuf ans. Catherine de Médicis seule savait la vérité, qui pour elle avait un goût d’amertume. Elle devait dissimuler sa jalousie et montrer bon visage : à la fin de sa vie, elle confia à un proche que « jamais femme qui aima son mari n ’ aima sa putain 34 » . Mais la « putain » lui rendit un signalé service.
Après cinq ans de mariage, la dauphine n’avait toujours pas donné d’héritier à la Couronne. Une rumeur de cour l’accusa de stérilité et elle craignit la répudiation. Le duc Claude de Guise amplifia ces vilains bruits. Il se posa en sauveur de la lignée des Valois lorsqu’il suggéra de remplacer la dauphine. Essuyant déjà les attaques de la duchesse d’Étampes, favorite de François I er , Diane appréhenda le choix d’une autre princesse qui lui serait probablement défavorable, et conseilla à sa jeune cousine de gagner l’appui du roi. Bien que le mariage eût apporté à celui-ci nombre de déconvenues – notamment la dot, qui ne fut jamais payée alors que les finances royales criaient misère –, il aimait beaucoup sa bru : intelligente, instruite, souriante, enjouée, bonne cavalière de surcroît, la petite Florentine avait un visage ingrat, certes, mais de si jolies jambes ! Tandis qu’il la rassurait paternellement, Diane
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