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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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usa d’arguments plus voluptueux pour convaincre le dauphin d’ignorer les ragots sur la stérilité présumée de sa femme. Reconnaissante, celle-ci accepta de renseigner Diane sur l’entourage du roi et de la duchesse d’Étampes.
    Les attaques cessèrent, puis reprirent lorsqu’Henri interdit à Catherine de fréquenter la duchesse (1541). Diane eut le mérite de taire définitivement ces rumeurs : elle obligea Henri à coucher avec sa femme et fit examiner le couple par l’excellent médecin Jean Fernel. Conseils fructueux : la dauphine accoucha d’un garçon le 19 janvier 1544 35 . Neuf autres maternités suivirent ; Diane savait l’art de se rendre indispensable et s’occupa de cette progéniture princière – puis royale – avec efficacité.
    La mort de François I er mit un terme au « règne » de la duchesse d’Étampes et l’avènement d’Henri II marqua le triomphe de la grande sénéchale (31 mars 1547). Signe des temps, le pape Paul III envoya sa bénédiction au nouveau roi… et à sa favorite !
    « C’est dans les vieux pots
qu’on fait les meilleures soupes 36  »
    Les rapports d’Henri, de Diane et de Catherine furent ceux d’un discret ménage à trois, la majesté en prime. Il convenait d’abord de ne rien laisser filtrer aux yeux du public ; avec les années, personne ne fut réellement dupe, mais la bienséance interdisait d’évoquer le sujet en termes paillards : Henri II avait imposé la décence à sa cour, qui fut beaucoup moins licencieuse que celle de François I er . Mais, très amoureuse de son mari, Catherine de Médicis continua à souffrir de cette situation, voilée par un mot d’ordre de bon ton : Diane fut la « dame sage, de bon conseil et de gentil courage », ainsi que le disait Ronsard. Autre poète de cour, Olivier de Margny se fit l’interprète de sa dignité présumée :
    Partout où vous allez, et de jour et de nuit
La piété, la foi et la vertu vous suit
La chasteté, l’honneur…
    Des observateurs moins complaisants – ou mieux renseignés – rapportèrent des épisodes plus croustillants sur l’intimité du trio.
    Catherine se demandait bien pourquoi son bel athlète de mari s’était amouraché d’une femme de vingt ans son aînée, qui devait réparer chaque matin les outrages des années. Moins flatteurs que les peintures, les crayons de Clouet témoignent que Diane quinquagénaire n’avait plus sa fraîcheur d’antan ni rien de la « Diane aux bains » chère aux artistes. Cette femme devenue blette possédait donc un secret pour charmer le souverain, et des âmes naïves prétendirent qu’elle usait d’un philtre d’amour. Ingénue, mais pas au point de gober cette niaiserie pour mauvais romans de chevalerie, la reine recourut, selon Brantôme, à un curieux stratagème : avec la complicité de son amie la duchesse de Montpensier, elle fit percer le plancher de sa chambre située au-dessus de celle de Diane et put ainsi « épier […] le jeu que joueraient son mari et la dame ».
    La curiosité est un vilain défaut, mais le spectacle eut un résultat plus instructif qu’édifiant. La reine apprit que sa cousine, experte véritable, donnait du plaisir par des « caresses, mignardises et follastreries bien grandes », qu’elle-même ignorait. Le roi était un amant vigoureux : le lit de la grande sénéchale ne résista pas à ses fougueux assauts et s’écroula un jour sur leurs deux têtes ! Les ébats coquins promenaient parfois le couple du lit à l’épais tapis de la chambre. Déroutée par ces transports hors du commun, Catherine avoua à la duchesse de Montpensier que jamais « son mari ne lui rendait le semblable et ne lui faisait les folies qu’elle lui avait vu faire avec Vautre ». Elle découvrait à ses dépens que l’austère et digne veuve de Louis de Brézé était en réalité une veuve joyeuse…
    Brantôme ne révéla pas l’origine de ses sources sur la vie intime des rois et des grandes dames de France, mais il sembla insinuer que la reine tira parti d’un exposé si profitable : « Le plus qu ’ elle put, elle continua ce passe-temps de vue, et le convertit en risée et peut-être en autre chose 37 . » Quant au charme exercé par Diane sur Henri II, chacun sait que lorsqu’un homme a une femme dans la peau, l’âge importe peu…
    Ces torrents d’extase surprennent, car Diane avait un tempérament assez froid, plus cérébral que sensuel. Son comportement

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