Favorites et dames de coeur
fait du prince, on accusa l’ancien propriétaire d’avoir surestimé son bien et, par conséquent, lésé la Couronne. La cession de 1535 fut annulée par le Conseil privé du roi, ce qui rendit Chenonceaux à Bohier. Alors sommé de régler sa dette, il vit le domaine saisi par voie de justice et vendu par adjudication ! Le 8 juin 1555, Diane acquit Chenonceaux, « légalement » cette fois…
Une autre « grand-mère de l’Europe »
Seconde fille de Diane de Poitiers, Louise fut l’aïeule des princes de Savoie, futurs rois de Sardaigne : en 1697, Victor-Amédée II maria sa fille Marie-Adélaïde au duc de Bourgogne, petit-fils du Roi-Soleil. Descendent ainsi de la duchesse de Valentinois : quatre rois de France (Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII, Charles X), cinq rois et une reine d’Espagne, quatre rois de Sardaigne et un roi des Deux-Siciles. Les actuelles familles d’Orléans, de Habsbourg, le roi d’Espagne Juan Carlos I er , descendent de Diane de Poitiers et de Louis de Brézé, mais aussi les familles ducales ou royales de Bavière, de Belgique et de Luxembourg.
ANNEXE
Charles de Valois
Né le 28 avril 1573 dans le Dauphiné, ce bâtard royal bénéficia de l’affection de son oncle Henri III, qui le nomma grand prieur de France (à treize ans !), puis comte de Clermont et d’Auvergne (1589). Obéissant au vœu du roi sur son lit de mort, Charles reconnut immédiatement Henri de Navarre (2 août 1589) et s’illustra au cours des batailles contre la Ligue et les Espagnols. Mais la paix revenue, il conspira avec Biron puis Entragues, ce qui lui valut une condamnation à mort (2 février 1605). Gracié, il ne sortit de prison qu’en juin 1616, mais obtint un commandement militaire dès 1617 et servit fidèlement Louis XIII ; il devint duc d’Angoulême et chevalier du Saint-Esprit en 1619.
Veuf de Charlotte de Montmorency (1636), il voulut se remarier avec Marie de Hautefort 50 ; rebuté, il épousa en 1644 Françoise de Nargonne, qui lui survécut jusqu’en 1713. Mort à Paris le 24 septembre 1650, cet homme instruit laissa quelques écrits, dont des Mémoires sur les règnes d’Henri III et d’Henri IV , publiés en 1662.
GABRIELLE D’ESTRÉES
« Charmante Gabrielle » (Henri IV)
Née en 1573 59 . Quatrième fille d’Antoine d’Estrées, marquis de Cœuvres, gouverneur de La Fère, et de Françoise Babou de La Bourdaisière. Mariée le 2 avril 1592 à Nicolas d’Amerval, sire de Liancourt, sans postérité (mariage annulé le 7 janvier 1595).
Elle eut trois enfants d’Henri IV : César (1594), Catherine-Henriette (1596) et Alexandre (1598).
Une hérédité particulière
Gabrielle d’Estrées naquit dans une famille où, par une amusante tradition, les femmes eurent presque toutes la cuisse légère. Son arrière-grand-mère maternelle Marie Gaudin, dame de La Bourdaisière, compta au nombre des passades de François I er ; elle aurait même eu une liaison avec le pape Clément VII en 1533, lorsqu’il vint célébrer le mariage de sa nièce Catherine de Médicis ! La grand-mère maternelle de Gabrielle fut sage, mais on ne peut en dire autant des six filles qu’elle enfanta ; leurs frasques leur valurent un surnom collectif évocateur : « les sept péchés capitaux ». L’un de ces « péchés », Isabelle, tante de Gabrielle, épousa François de Sourdis, gouverneur de Chartres ; elle assura la carrière de celui-ci en devenant maîtresse du chancelier Cheverny, supérieur hiérarchique de son mari, et l’un des principaux personnages de F État ; c’était, on le voit, une femme de ressources. Sourdis se montra d’autant plus complaisant qu’il préférait les jeunes garçons. Deuxième « pécheresse » notable, Françoise, la mère de Gabrielle, abandonna le domicile conjugal en 1583 pour vivre avec son second amant, le marquis d’Alègre ; à dix ans, Gabrielle fut laissée à la garde de ses sœurs aînées, mais deux ans plus tard, elle vivait seule à Cœuvres, sans savoir ce qu’était une famille unie.
Son enfance et son adolescence se déroulèrent sur fond de guerre civile confessionnelle, opposant la Ligue catholique du duc de Guise aux protestants du roi Henri de Navarre, cousin et héritier du roi de France Henri III. Celui-ci fit exécuter Guise, mais les provinces aux mains de la Ligue se révoltèrent. Henri III se réconcilia avec son cousin, dernier rempart de la légitimité
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